L’importance prépondérante de la psychologie dans le sport (2/2)
Le style de communication d’un sportif peut être un révélateur de sa force ou de sa faiblesse mentale, comme celui de la star du basket libanais Wael Arakji, au cours de la dernière coupe d’Asie. La pression médiatique, les commentaires sur les réseaux sociaux et les blessures sont par ailleurs des paramètres qui affectent fortement l'état mental des joueurs.

Parfois, autant le ton que le contenu d’une déclaration avant un match peut présager d’une force ou d'une faiblesse mentale. Ainsi, selon l’experte en psychologie du sport, Katia Lahoud, «la réponse de Wael Arakji à la provocation du joueur jordanien par médias interposés avant la demi-finale de la récente coupe d’Asie de basket dégageait une certaine force mentale, notamment par son contenu et le ton adopté». Pour rappel, Arakji avait simplement affirmé en guise de réponse à l’excès d’optimisme du joueur jordanien que la réponse des Libanais aurait tout simplement lieu sur le terrain au cours du match.

Une pression médiatique excessive

Les problèmes psychologiques et mentaux des sportifs s’expliquent en partie par la pression des médias, qui ont tendance à déifier les sportifs dans leurs bons jours, et à les critiquer excessivement lorsqu'ils réalisent une mauvaise performance.  Lahoud souligne que les médias mettent trop de pression sur les sportifs. «Ces derniers ont besoin qu’on les estime aussi en tant qu’êtres humains aux facettes multiples, et pas seulement en tant que champions.»

Un autre moment où les sportifs sont susceptibles d’avoir des problèmes dans leur tête est celui de l'après-carrière. Lahoud souligne que «la transition entre la fin de carrière et l’après-carrière est très importante. Beaucoup de sportifs optent pour le coaching sportif pour retrouver leur identité. Le psychologue joue un rôle clé pour les aider dans cette transition.»

Les problèmes psychologiques et mentaux, davantage présents dans les sports collectifs


On pourrait penser que les soucis psychologiques et mentaux sont davantage l’apanage des sportifs évoluant dans les sports individuels plutôt que collectifs, les athlètes de sports collectifs profitant davantage d’interactions sociales avec leurs partenaires à l’approche des compétitions, ce qui leur permet de s’extérioriser davantage. Pourtant, selon l’experte Katia Lahoud, il s’agirait en fait du contraire. «Les sportifs en individuel sont centrés sur eux-mêmes uniquement, ce qui est plus facile. Dans les sports collectifs, la coordination et la communication sont plus difficiles et nécessitent beaucoup de concentration et de cohésion. La satisfaction de la victoire est plus réconfortante dans un sport individuel que dans un sport collectif.»

«Bullying» sur les réseaux sociaux

L’omniprésence des réseaux sociaux peut également affecter les sportifs de haut niveau, qui peuvent faire l’objet de vives insultes relatives à leur performance mais aussi à leur physique ou leurs origines. Lahoud souligne que le rôle des psychologues est très important dans ces cas de figure: «Il y a des sportifs indifférents aux commentaires négatifs du grand public. Avec les sportifs plus sensibles, les psychologues du sport vont chercher à savoir quels commentaires les ont affectés et les aider à les dépasser. D’autres sportifs peuvent en être affectés, mais n'extérioriser le fait qu’ils ont été blessés. Cela peut avoir des répercussions importantes sur leur performance sportive qui se traduisent par une baisse de celle-ci.»

Des blessures à majorité psychosomatiques

Dans une carrière sportive, l’une des situations les plus difficiles à laquelle sont confrontés les joueurs est la solitude d’une période de blessure. Lahoud souligne que beaucoup de ces blessures ont une explication psychologique. «Parfois les blessures sont psychosomatiques. Les joueurs font une somatisation pour ne pas jouer. 90% des blessures sont psychosomatiques. Quand il y a une somatisation, le pied, par exemple, est, certes, vraiment cassé, mais cela veut souvent dire qu’en son for intérieur, le sportif ne souhaite pas continuer. C'est là que le psychologue doit jouer son rôle pour comprendre les causes inconscientes du refus du joueur de jouer. Un handicap psychologique dans un sport collectif peut être dû par exemple à la volonté d’un joueur de jouer à un autre poste que celui imposé par l’entraîneur. Parfois, si un sportif n’arrive pas à exprimer un certain ressenti, cela entraîne des conséquences sur sa forme physique. La relation avec le coach est très importante. De bonnes relations humaines avec le coach limitent les risques de blessures.»

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