Puissante est l’expérience humaine de Tania el-Khoury* au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Scène. Elle comporte tout ce qui, à nos yeux d’enfant, avait de la valeur… C’est cette valeur même que l’on oublie, jour après jour, dans le tourbillon des voyages, dans les péripéties d’émigrés, sans s’en rendre même compte, en quête d’un avenir meilleur ou d’une simple identité… Et puis, tout d’un coup, tout refait surface.
Chacun son histoire. Un trousseau de clés à la main, spectateurs de nos propres vies, nous nous côtoyons, mais nous ne nous voyons pas… En exil, nous cheminons ensemble pourtant, dans un va-et-vient perpétuel entre le Akkar au Liban, le Mexique… le passé et le futur… et tout nous revient à la mémoire, émotionnelle surtout. Les billets d'une livre libanaise, l’odeur des sucreries si frappante… qu’en serait-il du goût… « vous pouvez goûter ! » Mais non, ce serait encore plus sucré-salé… On préfère s’aventurer plus avant, pour fuir ce souvenir olfactif et tout ce qui vient avec, alors on découvre d’autres casiers de la mémoire, d’autres souvenirs d’enfance, ceux de Tania el-Khoury, qui réveillent en chacun, en chacune, des images de grand-mères, des conversations téléphoniques avec un père au bout du fil, des pays lointains d’outre-mer ou d’outre-tombe, on ne sait plus… comme un écho du temps passé à chercher un futur un peu plus décent, pour un seul et même combat d’entrailles, de toutes les entrailles des émigré.e.s, pour les générations qui viennent, de siècle en siècle, de frontière en frontière, pour qu’elles aient enfin la décence d’une vie.
C’est un travail de documentariste généalogique auquel s’acharne Tania el-Khoury, ayant débuté par la recherche du certificat de naissance de son grand-père au Mexique et aboutissant à une expérience immersive de quarante-cinq minutes, où les participants se retrouvent eux aussi sur les traces des émigrés de 1930.
La scénographe du projet, Petra Abou Sleiman, qui a concrétisé la visée de Tania el-Khoury, partage cette expérience.
Ce projet a pris naissance il y a trois ans, en novembre 2019. Cela nous a pris six mois de discussions, Tania el-Khoury et moi, depuis mars 2019. Tania savait au tout début que cela allait être «un taux d’échange culturel», qu’elle allait mettre en relief les frontières franchies entre le Liban et le Mexique, le Liban et la Syrie, puis le retour du Mexique de génération en génération. Elle avait envie que les gens mettent leur tête dans quelque chose, mais elle ne savait pas vraiment comment. Comme je suis production designer, nous avons collaboré pour donner vie au projet de Tania. La première idée était de faire des casiers semblables à des coffres de banque, où l’on viendrait trouver des secrets de famille, des objets de valeur et fourrer son nez pour aller plus loin. Une fois les idées en place, l’exécution nous a pris deux mois.
Après Munich, NY, Athènes, Ljubljana en Slovénie, le Marais à Paris, nous voilà aujourd’hui au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Scène dans un accueil très chaleureux, où toute l’équipe travaille avec dynamisme et entrain. Au fait, cette installation n’est pas seulement réalisée dans un cadre théâtral. Elle a aussi été faite dans des musées, des galeries d’art, des espaces où l’Histoire est présente. À Vitry, une région comportant en grande partie des émigrés, le théâtre Jean-Vilar comportait les éléments essentiels pour réaliser ce projet. Mais le voyage n’est pas fini… Nous continuerons notre trajet vers Lyon, puis vers les États-Unis et le Royaume-Uni.
J’admire le travail de Tania qui est d’ailleurs l’une de mes meilleures amies. Elle est émouvante, honnête et vraie. Cela se reflète dans ses mots, ses vidéos. Le défi à relever pour moi, quand elle n’est pas là, c’est de préserver l’authenticité de son âme dans cette installation qui n’est pas des plus faciles, le tout étant d’offrir aux spectateurs-acteurs une expérience sensorielle de goût, d’odorat, de vue, d’ouïe et même de toucher… Mais nous partageons une confiance absolue, elle et moi. Elle sait que je chéris ce projet autant qu’elle… Cette expérience humaine touche tout le monde ; elle rappelle à chacun sa famille, ses souvenirs, son histoire et surtout son combat pour une vie meilleure.
*Tania el-Khoury est actuellement directrice du Center for Human Rights & The Arts à New York et cofondatrice de Dictaphone Group au Liban.
Chacun son histoire. Un trousseau de clés à la main, spectateurs de nos propres vies, nous nous côtoyons, mais nous ne nous voyons pas… En exil, nous cheminons ensemble pourtant, dans un va-et-vient perpétuel entre le Akkar au Liban, le Mexique… le passé et le futur… et tout nous revient à la mémoire, émotionnelle surtout. Les billets d'une livre libanaise, l’odeur des sucreries si frappante… qu’en serait-il du goût… « vous pouvez goûter ! » Mais non, ce serait encore plus sucré-salé… On préfère s’aventurer plus avant, pour fuir ce souvenir olfactif et tout ce qui vient avec, alors on découvre d’autres casiers de la mémoire, d’autres souvenirs d’enfance, ceux de Tania el-Khoury, qui réveillent en chacun, en chacune, des images de grand-mères, des conversations téléphoniques avec un père au bout du fil, des pays lointains d’outre-mer ou d’outre-tombe, on ne sait plus… comme un écho du temps passé à chercher un futur un peu plus décent, pour un seul et même combat d’entrailles, de toutes les entrailles des émigré.e.s, pour les générations qui viennent, de siècle en siècle, de frontière en frontière, pour qu’elles aient enfin la décence d’une vie.
C’est un travail de documentariste généalogique auquel s’acharne Tania el-Khoury, ayant débuté par la recherche du certificat de naissance de son grand-père au Mexique et aboutissant à une expérience immersive de quarante-cinq minutes, où les participants se retrouvent eux aussi sur les traces des émigrés de 1930.
La scénographe du projet, Petra Abou Sleiman, qui a concrétisé la visée de Tania el-Khoury, partage cette expérience.
Comment est né ce spectacle immersif ?
Ce projet a pris naissance il y a trois ans, en novembre 2019. Cela nous a pris six mois de discussions, Tania el-Khoury et moi, depuis mars 2019. Tania savait au tout début que cela allait être «un taux d’échange culturel», qu’elle allait mettre en relief les frontières franchies entre le Liban et le Mexique, le Liban et la Syrie, puis le retour du Mexique de génération en génération. Elle avait envie que les gens mettent leur tête dans quelque chose, mais elle ne savait pas vraiment comment. Comme je suis production designer, nous avons collaboré pour donner vie au projet de Tania. La première idée était de faire des casiers semblables à des coffres de banque, où l’on viendrait trouver des secrets de famille, des objets de valeur et fourrer son nez pour aller plus loin. Une fois les idées en place, l’exécution nous a pris deux mois.
Pourquoi le théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Scène ?
Après Munich, NY, Athènes, Ljubljana en Slovénie, le Marais à Paris, nous voilà aujourd’hui au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Scène dans un accueil très chaleureux, où toute l’équipe travaille avec dynamisme et entrain. Au fait, cette installation n’est pas seulement réalisée dans un cadre théâtral. Elle a aussi été faite dans des musées, des galeries d’art, des espaces où l’Histoire est présente. À Vitry, une région comportant en grande partie des émigrés, le théâtre Jean-Vilar comportait les éléments essentiels pour réaliser ce projet. Mais le voyage n’est pas fini… Nous continuerons notre trajet vers Lyon, puis vers les États-Unis et le Royaume-Uni.
Durant cette expérience, Tania el-Khoury porte un enfant ; et vous, aujourd’hui, vous portez son projet. C’est une grande responsabilité !
J’admire le travail de Tania qui est d’ailleurs l’une de mes meilleures amies. Elle est émouvante, honnête et vraie. Cela se reflète dans ses mots, ses vidéos. Le défi à relever pour moi, quand elle n’est pas là, c’est de préserver l’authenticité de son âme dans cette installation qui n’est pas des plus faciles, le tout étant d’offrir aux spectateurs-acteurs une expérience sensorielle de goût, d’odorat, de vue, d’ouïe et même de toucher… Mais nous partageons une confiance absolue, elle et moi. Elle sait que je chéris ce projet autant qu’elle… Cette expérience humaine touche tout le monde ; elle rappelle à chacun sa famille, ses souvenirs, son histoire et surtout son combat pour une vie meilleure.
*Tania el-Khoury est actuellement directrice du Center for Human Rights & The Arts à New York et cofondatrice de Dictaphone Group au Liban.
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