©Crédit Photo: Juan Barreto/AFP
Betty Garcés a grandi dans une ville portuaire déshéritée et violente de la côte Pacifique colombienne, élevée au rythme des tambours et des marimbas. Jamais durant son enfance elle n’a entendu la moindre musique classique, mais sa destinée l’a conduite vers le chant lyrique et la scène.
« Je n’aurais jamais imaginé que cela m’arriverait, car malheureusement l’environnement dans lequel j’ai grandi à Buenaventura ne m’a pas donné beaucoup d’occasions de rêver », raconte avec son doux sourire Betty Garcés, 39 ans, rencontrée au Teatro Colon de Bogota.
Sa ville natale de quelque 315.000 habitants, entourée d’une jungle luxuriante au bord de l’océan, est peuplée majoritairement d’afrodescendants comme elle, avec un taux de pauvreté de 41 % et une violence récurrente liée au trafic de cocaïne dont la Colombie est le premier producteur mondial. Son salut, elle le doit à ses parents, un professeur de mathématiques et une artiste, qui l’ont envoyée comme ses sœurs étudier dans la ville voisine de Cali « pour nous protéger dès que nous avions 14 ans ».
Elle a d’abord étudié le chant au conservatoire de Cali « sans avoir la moindre idée de ce qu’était l’opéra ». Un jour, sa professeure lui a fait écouter une cassette de la cantatrice noire américaine Jessye Norman qui interprétait du Richard Wagner. « À ce moment-là, je ne sais pas ce qui s’est passé à l’intérieur, mais tout m’a émue. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle disait, car je n’avais jamais entendu personne parler allemand auparavant. Mais un indéfectible lien s’est tissé ».
Face au talent dont elle faisait preuve, ses professeurs se sont évertués à décrocher pour elle une bourse d’études en Allemagne, pays où elle réside depuis 2009.
Betty Garcés a découvert sa sensibilité artistique dans son enfance grâce à ses grands-parents, dont l’un était sourd et l’autre aveugle.
La soprano avait des difficultés à communiquer avec le reste de sa famille et était victime de brimades à l’école, si bien que la maison de ses grands-parents constituait son refuge.
Quand son grand-père « jouait de l’harmonica », elle s’allongeait « sur le sol pour y coller (son) oreille et amplifier le son » en « s’imaginant être dans un autre monde ».
À la mort de sa grand-mère, son monde s’est effondré. Betty Garcés ne se doutait pas que des pleurs et de la désolation émergerait alors pour elle « un nouveau langage » : la musique.
« Je suis restée seule (...) en plein deuil, dans un moment difficile pour une petite fille de 10 ans. Perdre son seul référent affectif dans la vie est très marquant », se souvient-elle.
Mais un jour, au milieu des larmes, « j’ai commencé à gémir » et « des mélodies sans paroles ont commencé à éclore de ce gémissement. C’était mon âme qui cherchait un exutoire pour tant de douleur et d’émotion », dit-elle, encore émue.
À partir de ce « premier souvenir de chant conscient », « j’ai commencé à chanter et je ne me suis plus jamais arrêtée », dit-elle avec un sourire enthousiaste.
Dans le théâtre de la capitale colombienne, la voix de Betty Garcés s’envole avec puissance sur les notes du « Ariadne auf Naxos » de Richard Strauss.
En perruque blonde et robe brillante, lors d’une fête se déroulant en pleine Seconde Guerre mondiale, la chanteuse envoûte et amuse avec une pièce parodique et critique sur le monde du théâtre. « Betty est une Ariane de rêve (...) splendide vocalement et sur le plan du jeu », déclare le metteur en scène andorran Joan Anton Rechi qui mélange tragédie classique et spectacle populaire de flamenco.
Lors du salut final de Betty Garcés au public, le théâtre la couvre d’applaudissements : « l’affection avec laquelle le public colombien vous reçoit (...) vous donne envie de vous surpasser sur scène », s’enjoue-t-elle.
Son passé en tête, la chanteuse conclut que « malgré les difficultés, d’une certaine manière, les portes finissent toujours par s’ouvrir ».
Et si elle raconte sa vie aujourd’hui, c’est « dans l’espoir qu’un jeune » encore hésitant l’entende. Parce que « si j’étais encore cet enfant que j’étais, cette histoire me donnerait la force d’essayer ».
AFP
« Je n’aurais jamais imaginé que cela m’arriverait, car malheureusement l’environnement dans lequel j’ai grandi à Buenaventura ne m’a pas donné beaucoup d’occasions de rêver », raconte avec son doux sourire Betty Garcés, 39 ans, rencontrée au Teatro Colon de Bogota.
Sa ville natale de quelque 315.000 habitants, entourée d’une jungle luxuriante au bord de l’océan, est peuplée majoritairement d’afrodescendants comme elle, avec un taux de pauvreté de 41 % et une violence récurrente liée au trafic de cocaïne dont la Colombie est le premier producteur mondial. Son salut, elle le doit à ses parents, un professeur de mathématiques et une artiste, qui l’ont envoyée comme ses sœurs étudier dans la ville voisine de Cali « pour nous protéger dès que nous avions 14 ans ».
Elle a d’abord étudié le chant au conservatoire de Cali « sans avoir la moindre idée de ce qu’était l’opéra ». Un jour, sa professeure lui a fait écouter une cassette de la cantatrice noire américaine Jessye Norman qui interprétait du Richard Wagner. « À ce moment-là, je ne sais pas ce qui s’est passé à l’intérieur, mais tout m’a émue. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle disait, car je n’avais jamais entendu personne parler allemand auparavant. Mais un indéfectible lien s’est tissé ».
Face au talent dont elle faisait preuve, ses professeurs se sont évertués à décrocher pour elle une bourse d’études en Allemagne, pays où elle réside depuis 2009.
Betty Garcés a découvert sa sensibilité artistique dans son enfance grâce à ses grands-parents, dont l’un était sourd et l’autre aveugle.
La soprano avait des difficultés à communiquer avec le reste de sa famille et était victime de brimades à l’école, si bien que la maison de ses grands-parents constituait son refuge.
Quand son grand-père « jouait de l’harmonica », elle s’allongeait « sur le sol pour y coller (son) oreille et amplifier le son » en « s’imaginant être dans un autre monde ».
À la mort de sa grand-mère, son monde s’est effondré. Betty Garcés ne se doutait pas que des pleurs et de la désolation émergerait alors pour elle « un nouveau langage » : la musique.
« Je suis restée seule (...) en plein deuil, dans un moment difficile pour une petite fille de 10 ans. Perdre son seul référent affectif dans la vie est très marquant », se souvient-elle.
Mais un jour, au milieu des larmes, « j’ai commencé à gémir » et « des mélodies sans paroles ont commencé à éclore de ce gémissement. C’était mon âme qui cherchait un exutoire pour tant de douleur et d’émotion », dit-elle, encore émue.
À partir de ce « premier souvenir de chant conscient », « j’ai commencé à chanter et je ne me suis plus jamais arrêtée », dit-elle avec un sourire enthousiaste.
Dans le théâtre de la capitale colombienne, la voix de Betty Garcés s’envole avec puissance sur les notes du « Ariadne auf Naxos » de Richard Strauss.
En perruque blonde et robe brillante, lors d’une fête se déroulant en pleine Seconde Guerre mondiale, la chanteuse envoûte et amuse avec une pièce parodique et critique sur le monde du théâtre. « Betty est une Ariane de rêve (...) splendide vocalement et sur le plan du jeu », déclare le metteur en scène andorran Joan Anton Rechi qui mélange tragédie classique et spectacle populaire de flamenco.
Lors du salut final de Betty Garcés au public, le théâtre la couvre d’applaudissements : « l’affection avec laquelle le public colombien vous reçoit (...) vous donne envie de vous surpasser sur scène », s’enjoue-t-elle.
Son passé en tête, la chanteuse conclut que « malgré les difficultés, d’une certaine manière, les portes finissent toujours par s’ouvrir ».
Et si elle raconte sa vie aujourd’hui, c’est « dans l’espoir qu’un jeune » encore hésitant l’entende. Parce que « si j’étais encore cet enfant que j’étais, cette histoire me donnerait la force d’essayer ».
AFP
Lire aussi
Commentaires