«Costa Brava Liban» ou l’entrepreneuriat au service de l’environnement
Dans une forêt luxuriante nichée dans les montagnes du Liban vit une famille qui désire couper avec la « corruption » de la capitale. Sa vie, rythmée par le chant des oiseaux, les promenades dans la nature et la culture des légumes, est soudainement bouleversée par l’irruption d’ouvriers porteurs d’un projet destructeur. Celui de la construction d’une décharge prétendument « éco-responsable ».

Alors que les détritus s’amoncellent à la porte de leur maison et que la fumée menace d’emporter avec elle toute vie, les membres de cette famille vivent un véritable enfer. «La décomposition de la nature» aura des répercussions sur leur vie privée.  La famille fait face à un choix cornélien : rester et résister, ou fuir et se soumettre à un système capitaliste, corrompu et annihilateur.



Un militantisme à travers l’art

C’est une véritable scène apocalyptique que présente le film documentaire « Costa Brava Liban », projeté vendredi dernier au Grand Cinéma à l’ABC Dbayeh pour la première fois au Liban, à l’initiative de la Fondation Diane. Un désastre écologique qui ne relève nullement de la dystopie, mais constitue le quotidien des Libanais, envahis par les déchets qui empestent le littoral, polluent les océans et détruisent la nature.

La directrice de la Fondation, Diane Fadel, avait à cœur de projeter ce film, car «il s’agit du premier film-documentaire traitant de la question des déchets au Moyen-Orient », confie-t-elle à Ici Beyrouth. «De même, ce film est le premier à avoir adopté un modèle totalement écologique lors du tournage, à coût égal et avec une production moindre de déchets», explique de son côté la réalisatrice Mounia Akel. Elle souligne que «l’équipe produisait entre un à deux sacs de déchets par jour, contre 7 à 8 sacs pour un tournage classique».

Un militantisme à travers l’art ovationné par le public, qui a pu échanger avec la réalisatrice et plusieurs acteurs de la démarche du film et des difficultés de réalisation. Les prouesses techniques du film ont suscité l’admiration des personnes présentes, et notamment les effets spéciaux qui ont donné vie à la décharge avoisinant la maison, sans aucun dommage fait à la nature.


Le grand public pourra visionner ce long-métrage en septembre dans les salles libanaises, le film ayant déjà obtenu plusieurs récompenses à l’étranger.

L’entrepreneuriat écologique, porteur de solutions 

« Le film présente le bilan de la situation, mais il n’apporte pas de solutions», constate Diana Fadel. «C’est ce que j’ai voulu apporter en complétant la projection par la présentation de cinq entrepreneurs qui travaillent dans la gestion des déchets.  » La Fondation Diane a appuyé financièrement ces cinq initiatives : Green Track, Lebanon Waste Management, Fabric Aid, Ecoserv et Compost Baladi.

Ces projets éco-environnementaux visent tous à remédier à la crise des déchets, en l’absence de l’État. Gérer les déchets technologiques (Ecoserv), rémunérer les citoyens en échange de leurs poubelles (Lebanon Waste Management), donner une seconde vie aux vêtements usagers (Fabric Aid)… chaque initiative propose un angle innovant et inclusif qui vise, d’une part, à préserver l’environnement, et d'autre part à générer des revenus et des emplois.

«Pour être pertinente, une initiative environnementale doit toujours se préoccuper des besoins socio-économiques des personnes marginalisées, explique Omar Itani, fondateur de Fabric Aid.« Il y a un énorme manque de confiance dans le secteur public. Les Libanais ainsi que la communauté internationale se tournent vers nos initiatives citoyennes pour régler le problème des déchets. Il existe un très grand potentiel de croissance dans ce domaine. » Son entreprise vise à atteindre les mille employés dans quelques années et à s’exporter dans le reste du monde arabe.

Ces initiatives, loin de se concentrer uniquement sur l’aspect écologique, ont pour but de créer un nouveau Liban, respectueux de la nature, du bien-être de l’individu et de l’espace public. Une nécessité afin de mettre fin au calvaire du Liban et des Libanais, comme l'illustre le film « Costa Brava ».
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