©L'homme fort du royaume, le prince héritier Mohammed ben Salamne, en abaya marron, a accueilli samedi en début d'après-midi le président français dans le palais royal de la grande cité portuaire de Jeddah. (AFP)
Emmanuel Macron est arrivé samedi à Jeddah, sur la côte ouest de l'Arabie saoudite, pour discuter avec le prince héritier Mohammed ben Salmane de la "stabilité" au Moyen-Orient et de la situation au Liban.
Le chef de l'Etat a justifié cette rencontre en jugeant nécessaire de parler à l'Arabie saoudite, "premier pays du Golfe en terme de taille", pour pouvoir "oeuvrer à la stabilité de la région".
Mais cela "ne veut pas dire qu'on est complaisant", a-t-il assuré, en faisant allusion à cet assassinat.
"Je note que l'Arabie saoudite a organisé le G20 dès l'année qui a suivi (l'affaire Khashoggi) et je n'ai pas noté que beaucoup de puissances ont boycotté" ce grand rendez-vous international, a-t-il encore relevé. "Nous avons toujours été clairs sur le sujet des droits de l'Homme ou cette affaire".
Crise libanaise
Face au prince héritier saoudien, il devait en particulier plaider la cause du Liban où la crise économique a été aggravée par la brouille diplomatique ouverte en octobre avec plusieurs Etats du Golfe, au premier rang desquels l'Arabie, qui avait notamment gelé ses importations.
Il entend pour cela profiter de la démission, annoncée vendredi, du ministre libanais de l'Information George Kordahi, à l'origine de la crise pour avoir critiqué l'intervention militaire de Ryad au Yémen.
Saluant cette démission, Emmanuel Macron a exprimé ses espoirs de "pouvoir réengager l'ensemble des pays du Golfe dans la relation avec le Liban".
Il est en effet très impliqué depuis un an, et l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth, pour aider le Liban à sortir de la pire crise socio-économique de son histoire.
Les relations entre Beyrouth et les Etats arabes du Golfe se sont également tendues ces dernières années en raison de l'influence croissante du Hezbollah pro-iranien.
"La France a un rôle à jouer dans la région (...) mais comment vouloir oeuvrer à la stabilité de la région, comment vouloir traiter du Liban et traiter de tant de sujets en ignorant le premier pays du Golfe en terme de géographie et de taille", a souligné le président français.
Emmanuel Macron est arrivé à Jeddah, d'où il repartira dans l'après-midi, au second jour d'une tournée express dans le Golfe qui l'a conduit à rencontrer les deux autres hommes forts de la région: le prince héritier d'Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane et l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.
L'escale à Dubaï lui a permis d'acter un accord historique pour l'acquisition par les Emirats de 80 avions de combat Rafale --commande record pour l'avion de chasse entré en service en 2004-- pour 14 milliards d'euros. D'autres contrats militaires (hélicoptères et armements) ont fait grimper le total à 17 milliards.
A Doha, Emmanuel Macron a notamment "remercié" le Qatar d'avoir organisé l'évacuation de 258 Afghans, "menacés en raison de leurs engagements" ou "de leurs liens avec la France", qui seront rapatriés vers l'Hexagone après être passés par l'émirat.
Plainte à Paris
Au moment même de ce déplacement présidentiel, une plainte a été déposée vendredi à Paris avec constitution de partie civile visant les princes héritiers d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, notamment pour financement du terrorisme.
Les plaignants, des victimes de la guerre au Yémen, accusent ces deux pays d'avoir noué une "alliance" avec le groupe jihadiste Al-Qaïda, a expliqué leur avocat Joseph Breham.
L'Arabie saoudite, alliée des Etats-Unis, intervient au Yémen depuis 2015 à la tête d'une coalition militaire en soutien au gouvernement face aux rebelles Houthis, appuyés politiquement par l'Iran, ennemi de Washington et rival régional de Ryad.
Les Emirats ont retiré leurs troupes du Yémen en 2019 mais restent membres de la coalition.
Les autorités saoudiennes n'ont pas donné suite aux sollicitations de l'AFP à ce stade. Egalement contacté, le pouvoir émirati n'avait pas de commentaire à faire dans l'immédiat.
AFP
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