Plus de 400 personnalités féminines exhortent l'Iran à annuler l'exécution d'une militante
Des femmes iraniennes passent devant une fresque représentant des drapeaux iraniens à Téhéran, le 26 novembre 2024. ©Atta Kenare / AFP

Plus de 400 figures féminines du monde entier, dont quatre prix Nobel et plusieurs anciennes présidentes et cheffes de gouvernement, ont réclamé mardi à Téhéran la libération «immédiate» de l'ingénieure et militante iranienne Zahra Tabari, craignant son exécution imminente.

Mme Tabari, une mère de 67 ans, a été condamnée à mort en octobre dernier, à l'issue d'un «simulacre de procès de dix minutes, tenu par visioconférence sans la présence de son avocat», indique cette lettre.

Le texte précise que Mme Tabari risque l'exécution «pour avoir brandi une banderole portant l'inscription Femme, Résistance, Liberté», probablement dérivée du slogan «Femme, Vie, Liberté» devenu populaire lors de la vague de manifestations de 2022.

Rédigé par l'association londonienne de familles de victimes «Justice pour les victimes du massacre de 1988 en Iran», le courrier a été signé par d' anciennes présidentes de la Suisse et de l'Équateur, des ex-Premières ministres de Finlande, du Pérou, de Pologne ou encore d'Ukraine.

«Nous exigeons la libération immédiate de Zahra et nous appelons les gouvernements du monde entier à se solidariser avec les femmes iraniennes dans leur lutte pour la démocratie, l'égalité et la liberté», indique la lettre également signée par des magistrates, des diplomates et des parlementaires, des personnalités publiques telles que la philosophe française Elisabeth Badinter.

Les médias officiels iraniens n'ont fait aucune mention de son cas ni confirmé sa condamnation à mort, mais un groupe de huit experts indépendants des Nations unies a confirmé mardi cette condamnation, sur la seule base d'une banderole et d'un message audio non publié, et exigé mardi que l'Iran «suspende immédiatement» son exécution.

Ces experts, mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU mais n'agissant pas au nom de cette instance, ont souligné que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ratifié par l'Iran, limite en principe le recours à la peine de mort aux «crimes les plus graves».

Or «cette affaire ne comporte aucun meurtre intentionnel et présente de nombreuses irrégularités de procédure», ont-ils souligné, estimant que «l'exécution de Mme Tabari dans ces circonstances constituerait une exécution arbitraire».

La lettre de plus de 400 personnalités féminines rappelle et dénonce la terreur que subissent les femmes depuis des décennies en Iran, pays qui exécute le plus de femmes au monde par habitant.

Selon l'organisation Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, les autorités iraniennes ont exécuté plus de 40 femmes cette année.

Le courrier précise également que Mme Tabari est accusée de collaboration avec l'organisation d'opposition Moudjahidines du peuple (MEK), interdite en Iran. La MEK a indiqué à l'AFP que Mme Tabari figurait parmi les 18 militants actuellement condamnés à mort en Iran pour leur appartenance au groupe.

AFP

 

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