Vers une unification des rangs de l’opposition parlementaire ?
​​​​​​​Seize députés des forces de l’opposition, dont sept issus de la contestation, ont tenu pour la première fois lundi une réunion de concertations au Parlement, Place de l’Étoile, pour examiner une série de questions d’actualité, principalement l’ordre du jour des séances parlementaires à venir et le mécanisme de vote des projets de loi nécessaires pour un redressement du pays (Budget, contrôle des capitaux…).

L’importance de cette réunion va cependant au-delà de la coordination au sujet des dossiers que la Chambre sera amenée à traiter, aussi importants soient-ils. Elle réside surtout dans le fait qu’elle constitue, dans les circonstances actuelles, un premier pas vers une possible unification des rangs de l’opposition en vue d'une entente sur un candidat unique pour la présidentielle qui devrait avoir lieu avant le 31 octobre prochain.

Les seize députés qui y ont pris part sont : Achraf Rifi, Samy Gemayel, Nadim Gemayel, Elias Hankach, Michel Moawad, Najat Saliba, Neemat Frem, Fouad Makhzoumi, Waddah Sadek, Marc Daou, Rami Fanj, Melhem Khalaf, Yassine Yassine, Adib Abdel Massih, Élias Jradi et Jamil Abboud.

Cette réunion est ainsi le début d'un processus qui devrait permettre aux députés souverainistes et aux indépendants de présenter un seul candidat pour la présidence de la République. Il reste que certains députés préfèrent patienter avant de faire front commun avec leurs collègues de la contestation. En outre, « l’aile dure » des députés issus de la contestation exprime des réserves au sujet d’une coordination avec une partie de l’opposition parlementaire qu'ils qualifient de "traditionnelle". Il reste qu'une entente n'est pas exclue d’autant que la réunion de lundi représente un levier important pour la naissance d’une entité au sein de laquelle tout le monde n’a pas à être d’accord sur tout, sur toute la ligne –pour reprendre les termes de Marc Daou-  mais qui a la possibilité, à partir du moment où elle se fixe des objectifs clairs, de se positionner en force incontournable capable de freiner le glissement du pays vers un environnement qui ne lui ressemble pas.

Invités à la réunion, les députés de Saïda, Oussama Saad, Abdel Rahman Bizri et Charbel Massaad n’y ont pas pris part, tout comme leurs collègues de Beyrouth, Paula Yaacoubian et Ibrahim Mneimné ou encore Halimeh Kaakour (Mont-Liban IV), pour ne citer que ceux-là. Interrogé par Ici Beyrouth, Oussama Saad a affirmé avoir reçu samedi un appel de Mme Kaakour, lui faisant part d’un projet de réunion de concertations lundi, en présence de députés du changement et d’autres de l’opposition. Le parlementaire a expliqué qu’il ne s’y est pas rendu parce qu’il a jugé que « la préparation n’était pas complète ». « Il fallait transmettre l’ordre du jour préalable et évaluer le climat politique (pour déterminer s’il est propice ou non à ce genre de retrouvailles), ce qui n’a pas été fait », a-t-il commenté. A son tour, Paula Yaacoubian a confié à Ici Beyrouth que si elle n’a pas pris part à ces assises, « c’est parce que leur agenda n’était pas clair ».

En revanche, d’autres députés de l’opposition, des Forces libanaises, de la Rencontre démocratique (groupe joumblattiste), et ceux affiliés précédemment au courant du futur, n’ont pas reçu d’invitation, à cause de réserves exprimées par les députés issus du mouvement de la contestation à leur égard. Ceux-ci ont fait valoir que ces deux partis « sont une partie intégrante du système », alors qu’en réalité les FL et le PSP sont engagés dans le même combat que mènent ces derniers contre le système.

Quoi qu’il en soit, il est important de relever qu’aucun de ceux qui ont exprimé des réserves n’est opposé au principe de ces concertations. Le groupe des seize a posé la première pierre d’un édifice qui devrait être construit lentement. D’autres réunions hebdomadaires sont apparemment prévues.


Comité de coordination

Lors d’une rencontre des FL à Hadath el-Jebbé, le chef du parti Samir Geagea avait appelé les forces de l’opposition à unir leurs forces dans la perspective de la présidentielle. À présent, a-t-il relevé, les forces de l’opposition relevant du « PSP, des Kataëb, et du Parti national libéral » comptent 67 députés contre 61 pour les forces du 8 mars ou l’axe de la Moumanaa. « Les électeurs ont placé leur confiance en nous pour qu’on puisse changer leur quotidien. Nous devons élire un président digne de ce titre ! » s’est-il exclamé.

Pour le chef des FL, l’opposition doit choisir un seul candidat à la présidentielle afin de garantir son arrivée à Baabda. « L’histoire ne retient que les vainqueurs et nos électeurs ne nous pardonneront pas », a-t-il déclaré, confiant qu’une opposition unifiée est capable de faire élire un nouveau président.

S’attardant sur la réunion des seize députés des forces du changement, une source de l'opposition souligne qu’elle « représente un bon début », soulignant la nécessité de la création d’un comité de coordination parce que « le vrai travail ne se fait qu’à travers une équipe restreinte. »  En outre, le plus important pour les FL est que l’opposition « ait enfin pris l’initiative de briser les frontières entre ses différentes composantes pour unir leurs points de vue, l’objectif ultime étant d’obtenir une majorité de voix lors de la présidentielle. »

Le PSP attend

Parallèlement, des sources proches du PSP confient à Ici Beyrouth que le parti de Walid Joumblatt a tenté maintes fois de réunir les différentes composantes de l’opposition, « des forces du changement aux souverainistes en passant par les réformistes », autour d’un programme commun. Aujourd’hui, le PSP attend de voir les avancées de la réunion de lundi afin de déceler un point commun avec toute l’opposition. En évoquant l’échéance présidentielle, les cercles proches du PSP ont jugé nécessaire une entente au sein de l’opposition autour d’un candidat à la présidentielle, estimant qu’aucune composante de celle-ci ne peut imposer son candidat à l’autre.
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