Une série de décrets ont été publiés ces dernières semaines concernant les salaires et compensations pour les fonctionnaires, qui sont en grève depuis six semaines. L’allocation de transport est relevée à 95.000 LL, s’y ajoutent une ‘allocation de productivité’ allant de 200.000 LL par jour à 350.000 LL, selon les catégories, et une aide sociale mensuelle correspondant à 100% du salaire. Et tout ceci à condition que les fonctionnaires assurent une permanence de trois jours par semaine. Ainsi, on a modifié tout le système administratif par des à-coups intempestifs, improvisés, sans perspectives – qui en plus ne plaisent nullement aux principaux intéressés.
De telles mesures surviennent alors que le budget n’est toujours pas voté. Un projet de budget qui est devenu obsolète, car les chiffres ne correspondent plus à la réalité, ni des dépenses, ni des revenus. On patauge à la Commission parlementaire du budget encore plus qu’au ministère des Finances. Personne de ces préposés à nos finances ne sait si les taxes, encore imprécises, vont couvrir les nouvelles dépenses, également imprécises.
Il est difficile d’imaginer un magma plus visqueux, alors qu’on a promis au FMI un budget équilibré, ou même avec un excédent primaire, une des conditions pour obtenir un prêt.
On mène la vie dure au secteur privé
En réalité, l’administration Mikati n’a jamais brillé par sa rationalité financière. Rappelons que c’est son gouvernement de 2014 qui a approuvé la grille des salaires, malgré l’opposition du secteur privé, bancaire et de la Banque centrale. Avec en plus les rajouts toxiques des parlementaires, on a fini par avoir un bilan désastreux.
Manifestement, Najib Mikati ne veut pas récidiver par des générosités trop poussées et relancer l’hyperinflation. Mais cela ne résoudra pas pour autant le problème. Avec les nouvelles ‘aides’, les fonctionnaires verront en gros leurs salaires tripler. Si, d’après les statistiques disponibles, les prix ont été multipliés en moyenne par 10 depuis fin 2019, on est alors loin du compte.
Entretemps, c’est le secteur privé qui se trouve bloqué aussi par manque de services de base, les taxes ne sont plus levées, les recettes s’effondrent, et bientôt on n’aura plus d’argent pour payer les salaires à moins d’imprimer de nouveaux billets…
On se retrouve donc encore une fois dans une situation inextricable – les dirigeants en sont des spécialistes reconnus, régulièrement salués par des rapports internationaux.
Réduire le train de vie
Peut-on s'en sortir? En fait, quoiqu’on fasse, on ne peut échapper à des salaires plus décents aux fonctionnaires, idéalement en réduisant significativement les effectifs superflus. Le secteur privé tente de s’adapter au fur et à mesure. Le secteur public devra faire de même avec ses fonctionnaires. En échange, il devra réduire son train de vie et augmenter équitablement ses recettes, de préférence en réévaluant les prix des services et des formalités, au lieu d’ajouter des taxes que certaines régions privilégiées ne paieront pas. Plus il tarde à admettre cette perspective et plus il va s’enfoncer, et le pays avec, dans un cercle vicieux épuisant.
C’est un peu comme le cercle vicieux de l’électricité: on refuse d’augmenter les tarifs avant d’avoir 10 heures de courant, qu’on ne peut atteindre, faute d’argent, que si on relève les tarifs, ou qu’on obtienne un prêt de la Banque mondiale, qui exige au préalable d’augmenter les tarifs, mais comme on n’a pas encore 10 heures de courant…
Enfin, ceux qui attendent une solution qui viendrait du ciel, misant sur une amélioration drastique du taux de change suite aux hypothétiques prêts, ne vivent pas dans le monde réel. En réalité, on ne sait pas quand et si et à quel taux de change le dollar se stabilisera, probablement pas à 1.500. Mais ce n’est pas grave (sauf pour ceux qui ont des économies ou une indemnité fixe de fin de service en LL). Pour les actifs, le pouvoir d’achat n’est pas tributaire du taux de change, mais des revenus versus les prix. Simple observation (à laquelle on aura l’occasion de revenir): le Libanais de 2010, avec un taux de change à 1.500, vivait mieux que son aïeul de 1975 qui jouissait d’un taux de 3 livres pour un dollar.
De telles mesures surviennent alors que le budget n’est toujours pas voté. Un projet de budget qui est devenu obsolète, car les chiffres ne correspondent plus à la réalité, ni des dépenses, ni des revenus. On patauge à la Commission parlementaire du budget encore plus qu’au ministère des Finances. Personne de ces préposés à nos finances ne sait si les taxes, encore imprécises, vont couvrir les nouvelles dépenses, également imprécises.
Il est difficile d’imaginer un magma plus visqueux, alors qu’on a promis au FMI un budget équilibré, ou même avec un excédent primaire, une des conditions pour obtenir un prêt.
On mène la vie dure au secteur privé
En réalité, l’administration Mikati n’a jamais brillé par sa rationalité financière. Rappelons que c’est son gouvernement de 2014 qui a approuvé la grille des salaires, malgré l’opposition du secteur privé, bancaire et de la Banque centrale. Avec en plus les rajouts toxiques des parlementaires, on a fini par avoir un bilan désastreux.
Manifestement, Najib Mikati ne veut pas récidiver par des générosités trop poussées et relancer l’hyperinflation. Mais cela ne résoudra pas pour autant le problème. Avec les nouvelles ‘aides’, les fonctionnaires verront en gros leurs salaires tripler. Si, d’après les statistiques disponibles, les prix ont été multipliés en moyenne par 10 depuis fin 2019, on est alors loin du compte.
Entretemps, c’est le secteur privé qui se trouve bloqué aussi par manque de services de base, les taxes ne sont plus levées, les recettes s’effondrent, et bientôt on n’aura plus d’argent pour payer les salaires à moins d’imprimer de nouveaux billets…
On se retrouve donc encore une fois dans une situation inextricable – les dirigeants en sont des spécialistes reconnus, régulièrement salués par des rapports internationaux.
Réduire le train de vie
Peut-on s'en sortir? En fait, quoiqu’on fasse, on ne peut échapper à des salaires plus décents aux fonctionnaires, idéalement en réduisant significativement les effectifs superflus. Le secteur privé tente de s’adapter au fur et à mesure. Le secteur public devra faire de même avec ses fonctionnaires. En échange, il devra réduire son train de vie et augmenter équitablement ses recettes, de préférence en réévaluant les prix des services et des formalités, au lieu d’ajouter des taxes que certaines régions privilégiées ne paieront pas. Plus il tarde à admettre cette perspective et plus il va s’enfoncer, et le pays avec, dans un cercle vicieux épuisant.
C’est un peu comme le cercle vicieux de l’électricité: on refuse d’augmenter les tarifs avant d’avoir 10 heures de courant, qu’on ne peut atteindre, faute d’argent, que si on relève les tarifs, ou qu’on obtienne un prêt de la Banque mondiale, qui exige au préalable d’augmenter les tarifs, mais comme on n’a pas encore 10 heures de courant…
Enfin, ceux qui attendent une solution qui viendrait du ciel, misant sur une amélioration drastique du taux de change suite aux hypothétiques prêts, ne vivent pas dans le monde réel. En réalité, on ne sait pas quand et si et à quel taux de change le dollar se stabilisera, probablement pas à 1.500. Mais ce n’est pas grave (sauf pour ceux qui ont des économies ou une indemnité fixe de fin de service en LL). Pour les actifs, le pouvoir d’achat n’est pas tributaire du taux de change, mais des revenus versus les prix. Simple observation (à laquelle on aura l’occasion de revenir): le Libanais de 2010, avec un taux de change à 1.500, vivait mieux que son aïeul de 1975 qui jouissait d’un taux de 3 livres pour un dollar.
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