Les Libanais ont fini par revoir leurs ambitions à la baisse: ils n’attendaient même plus une alimentation électrique 24 heures sur 24, comme dans les pays en développement, mais simplement un minimum de stabilité dans l’alimentation, soit huit à neuf heures de courant par jour.
Même cette modeste attente leur a été refusée. Le rationnement redevient aujourd’hui implacable, les générateurs privés tournent à plein régime et leurs tarifs s’envolent — une manne pour leurs propriétaires, mais une profonde amertume pour une population qui espérait seulement un peu de stabilité.
Pénurie de carburant
Officiellement, l’aggravation du rationnement électrique s’explique par le retard d’un navire transportant du gasoil koweïtien. Attendu entre le 5 et le 8 décembre dans le cadre d’une cargaison de 132 000 tonnes — dont la moitié offerte en don au Liban pour éviter la plongée dans le noir — le navire n’arrivera finalement que vendredi 12 décembre à midi, selon EDL.
Ce contretemps a fait chuter de manière critique les stocks de gasoil dans les centrales de Zahrani et Deir Ammar, presque à sec. Pour prolonger au maximum la production, EDL a enclenché son plan de rationnement d’urgence, réservant l’alimentation électrique aux infrastructures essentielles : aéroport, port, stations de pompage d’eau et réseaux d’assainissement.
La pénurie de carburant, dont les livraisons parviennent au compte-gouttes, soulève de nombreuses interrogations, d’autant qu’EDL affirme depuis quelque temps être devenue financièrement autonome grâce à la collecte des factures, sans attendre les avances du Trésor.
EDL: les tests de routine prennent du temps
Même si le fioul arrive vendredi, il faudra patienter avant de voir la production reprendre pleinement. La cargaison sera d’abord dirigée vers la centrale de Zahrani pour les analyses routinières des échantillons, une étape qui nécessite au moins trois jours avant tout déchargement. La production à Zahrani ne pourra donc pas reprendre avant le début de la semaine prochaine. Ensuite, le navire se rendra à Deir Ammar, où le déchargement de la quantité qui lui est destinée n’est envisagé, dans le meilleur des cas, que pour jeudi prochain.
Cette pénurie n’a rien de surprenant : EDL connaît à l’avance les dates d’épuisement du fioul et sait que les navires doivent subir des contrôles longs. Pourtant, le scénario se répète inlassablement: arrivées tardives, déchargements retardés et rationnement drastique pour les Libanais.
Retard: qui blâmer ?
De son côté, Électricité du Liban (EDL) affirme avoir rempli sa part du contrat en ouvrant, il y a deux semaines, une ligne de crédit de 35 millions de dollars pour financer la cargaison du navire. Mais malgré cette livraison, les réserves de fioul ne permettront d’assurer la production que jusqu’au 9 janvier 2026, au mieux.
Pour tenter de contourner les aléas liés aux appels d’offres de courte durée, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Joe Saddi, a lancé un appel d’offres à long terme destiné à garantir l’approvisionnement en carburant pour une période de six mois. L’ouverture des plis est attendue très prochainement.
Par ailleurs, une autre problématique majeure se pose: la nécessité de diversifier les sources d’achat de carburant, un enjeu crucial pour éviter toute dépendance susceptible de provoquer de mauvaises surprises d’un genre différent.




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