France - Portrait de Valérie Pécresse, la sociale-démocrate qui représentera la droite à l'élection présidentielle
©Valérie Pécresse a remporté la primaire de la droite (LR) avec 61% des voix. (Photo by JULIEN DE ROSA / AFP)
Désignée samedi candidate de LR à la présidentielle, Valérie Pécresse est une «bosseuse» qui a méthodiquement gravi les échelons à droite sur une ligne ferme et libérale, en déjouant l'image lisse qui lui a longtemps été accolée.

«Il y a un malentendu avec moi, c'est ma blondeur. Je suis une femme forte», assurait jeudi, à l'issue du premier tour de la primaire, celle qui a battu Eric Ciotti au second tour.

Et «je ne lâche rien, je suis une femme qui gagne et qui fait», répète la présidente de l'Ile-de-France, en martelant son message d'«ordre» et de «détermination».

A 54 ans, l'ancienne ministre du Budget sous Nicolas Sarkozy porte une ligne libérale sur l'économie qui parle à sa famille politique. Dans une campagne marquée par l'irruption d'Eric Zemmour à l'extrême droite, elle a aussi haussé le ton sur le régalien, s'adjoignant les services de Patrick Stefanini (un proche de François Fillon).

Déjouant d'avance les critiques en radicalité, cette «dame de faire» autoproclamée l'assure: «je suis au barycentre» de la droite dont «j'ai la capacité à rassembler toutes les sensibilités»  y compris les électeurs partis chez Emmanuel Macron.

«Je sais ce qu'est une campagne et recevoir des coups, mais je sais aussi en donner», assure celle qui accuse le président d'avoir «cramé la caisse». Elle a promis à Marine Le Pen, qui ironisait sur le «quatre quarts» LR après le premier tour de la primaire: «elle aime le quatre-quarts, elle va en bouffer beaucoup».

Souvent cataloguée comme francilienne, l'ancienne députée des Yvelines a silloné dans sa campagne un pays où elle a «de la famille dans presque toutes les régions», expliquant ici son projet de six réacteurs EPR, défendant là sa fermeté sur l'immigration, avec un fil rouge: «restaurer la fierté française».

«Elle joue sa vie» dans cette course à l'investiture, assurait il y a quelques mois un élu LR, alors qu'elle n'était pas la favorite des pronostics.


Cette chantre des valeurs républicaines, également ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, compte aussi se distinguer par son programme sur l'éducation.

«Un tabou à briser»

L'ex-bébé Chirac, qui a quitté LR en 2019, avait fait l'objet de spéculations à l'été 2020, certains la voyant déjà à Matignon. Elle avait pris ses distances avec LR dès 2017 en créant le mouvement Libres! en opposition au président du parti Laurent Wauquiez, jugé trop populiste.

Décrite comme «bosseuse», «méthodique» et «structurée», Valérie Pécresse, née le 14 juillet 1967 à Neuilly-sur-Seine, est une habituée du tableau d'honneur: bac à 16 ans, HEC, ENA... Un parcours d'excellence qui lui a longtemps valu une image sage, à son grand agacement.

«Lors de ma première campagne régionale, le surnom dont mes adversaires de gauche m'avaient affublée, c'était la blonde. Ensuite, ça a été serre-tête et jupe plissée», racontait en 2019 l'ex-maître des requêtes au Conseil d'Etat.

Elevée à Versailles, dans «une famille d'intellos un peu originale», cette férue de Dostoïevski et de Tolstoï décide à 15 ans d'apprendre le russe et part à Yalta, dans un camp des jeunesses communistes. Elle se met ensuite au japonais qu'elle perfectionne à Tokyo, en vendant caméscopes et liqueur.

«J'ai toujours jusqu'ici suivi un chemin différent des autres», assure cette passionnée de cinéma et de séries, pratiquant la boxe, et mère de trois enfants qu'elle préserve jalousement de toute exposition publique.

Déplorant le sexisme qui règne en politique où «si un homme crie, c'est un chef; une femme qui s'emporte, c'est une hystérique», elle l'affirme aujourd'hui: «Il y a une forme d'audace à présenter une femme» à la présidentielle car «c'est un peu transgressif, un tabou à briser» à droite.
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