Athlétisme: Mayer échoue dans sa \
©Le Français Kevin Mayer (à droite), juste avant son abandon lors de la première épreuve du décathlon, aux championnats d'Europe d'athlétisme de Munich, lundi. Andrej Isakovic/AFP
Son décathlon a tourné court après moins de 100 m: trois semaines après l'or mondial, Kevin Mayer a échoué dans sa "mission impossible" de doublé aux Championnats d'Europe d'athlétisme en abandonnant dès la première épreuve après une alerte musculaire à une cuisse, lundi à Munich (Allemagne).

Mayer (30 ans) avait annoncé la couleur avant son entrée en lice. Le défi inédit d'enchaîner deux décathlons en trois semaines, et idéalement or mondial et européen, était alléchant. Mais il ne "prendrai(t) pas de risque" à la moindre alerte physique, lui qui est habitué à se concentrer sur un seul décathlon par saison et qu'un tendon d'Achille avait tracassé jusqu'à peu de temps avant les Mondiaux de Eugene (États-Unis).

"Mon corps n'a pas récupéré", avait-il admis samedi.

"Si je fais le 100 m et que je ne fais pas de grimace, normalement c'est très bon signe. Vous êtes prévenus", avait lancé le double vice-champion olympique (2016 et 2021) et double champion du monde (2017 et 2022).

Lundi matin, le rictus redouté est apparu sur le visage de Mayer vers les 60 mètres, quand il a coupé son effort. Quelques instants plus tard, il saluait de la main le public du stade olympique munichois et expliquait à même la piste s'être "arrêté avant de se blesser".

"Un centième pour décider"

En cause, un muscle de sa cuisse gauche (le grand adducteur précisément) abîmé il y a quatre mois pendant un exercice de musculation. "Je l'ai très bien géré" mais "malheureusement, quand tu fais un +déca+ au niveau et avec l'intensité de celui de Eugene, ça se réveille", constate-t-il.

"Je savais que c'était mission impossible, estime le Montpelliérain. Je me suis donné toutes les chances de vivre encore un gros moment parce que, peu importe les peurs que ça peut générer, peu importe le stress, sur la piste je m'éclate tellement ! Je voulais me donner une chance d'y arriver, je n'ai pas réussi, ce n'est pas grave : je suis champion du monde, j'ai réussi ma saison, qui est inespérée vu mes blessures."

"J'avais un centième pour décider: je continue et ça peut péter ou j'arrête, raconte-t-il. À ce centième-là, je me suis dit +Kev+, t'es déjà champion du monde, tu vas galérer pendant toutes tes vacances au lieu de te reposer tranquille. Ça aurait foutu la merde pour les saisons d'après. Ce n'est vraiment pas ce que je veux. Ce n'était qu'un bonus."


"À partir du moment où l'objectif, c'était de ne pas finir ce décathlon blessé, il y avait de fortes chances que ça se passe comme ça, convient son entraîneur Alexandre Bonacorsi. Ce qui est intelligent de sa part, c'est qu'il n'est pas allé jusqu'au moment où ça pète. C'est malin parce qu'en fait, on venait chercher la cerise sur le gâteau. On va se contenter du gâteau."

"Pas faire de bêtises"

"À un moment donné, on ne peut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, il faut aussi être raisonnable, reprend Mayer. Là, mon tendon d'Achille, je ne le sens pas, et j'ai arrêté avant que ça pète à l'adducteur, ce n'est vraiment pas des grosses blessures. Ça me met vraiment en confiance pour l'année d'après."

En ligne de mire pour le détenteur du record du monde du décathlon, les Mondiaux-2023 à Budapest et, surtout, les JO-2024 à Paris.

"C'est exceptionnel pour Kevin de tenter un décathlon trois semaines après (un premier), rappelle Bonacorsi. Il était attiré par le côté historique de la chose mais il ne fallait pas faire de bêtises. Je pense qu'il préfère avoir cette frustration de se dire: +Ça aurait pu tenir mais je me suis arrêté sereinement+ plutôt que de se dire: +Je n'aurais pas dû le faire+."

Avec l'abandon de Mayer, c'est un des principaux espoirs d'or européen qui s'envole pour les athlètes bleus en Bavière, au premier jour de compétition.

L'autre décathlonien français engagé, le jeune Baptiste Thiery (21 ans), pointe en quinzième position avec 3993 points à mi-parcours pour son premier grand championnat.

A 43 ans et pour ses septièmes Championnats d'Europe, Mélina Robert-Michon s'est elle qualifiée pour la finale du lancer du disque programmée mardi, avec un jet à 58,85 m, moyen mais suffisant pour terminer à la neuvième place des qualifications.
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