Ukraine: rencontre Guterres-Erdogan-Zelensky pour discuter céréales et nucléaire
©Un incendie s’est déclaré dans une station balnéaire située près de la ville d'Odessa, dans le sud de l'Ukraine, après le largage de deux missiles par un bombardier russe. (AFP)
Le président ukrainien accueille jeudi le secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, ainsi que le président turc Recep Tayyip Erdogan à Lviv. La réunion devrait couvrir la question des exportations de céréales ukrainiennes, la possibilité d'une solution politique au conflit, et surtout la question de la centrale nucléaire de Zaporijjia, toujours exposée aux bombardements. 



 

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres doit rencontrer jeudi les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, presque six mois après son invasion par la Russie, dont une frappe mercredi à Kharkiv a fait au moins sept morts.

Les trois hommes discuteront du récent accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes mais aussi "du besoin d'une solution politique à ce conflit", a précisé le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric. "Je n'ai aucun doute (sur le fait) que la question de la centrale nucléaire (de Zaporijjia) et d'autres seront également abordées".

Dans sa traditionnelle déclaration du soir, M. Zelensky a indiqué mercredi que M. Guterres était "déjà arrivé en Ukraine. Nous travaillerons ensemble pour parvenir aux résultats nécessaires pour l'Ukraine".

L'Ukraine compte parmi les plus gros exportateurs mondiaux de céréales, qui connaissent une flambée des cours depuis l'invasion russe le 24 février.

 

Le secrétaire général doit également s'entretenir en bilatéral avec M. Zelensky. Il a ensuite prévu de se rendre vendredi à Odessa, un des trois ports utilisés dans le cadre de l'accord d'exportation de céréales, avant de se rendre en Turquie pour visiter le Centre de coordination conjointe (CCC) chargé de superviser cet accord.

Selon les Nations Unies, entre le 1er et le 15 août, 21 vraquiers ont été autorisés à prendre la mer. Ils transportaient au total 563.317 tonnes de matières premières agricoles, dont 451.481 tonnes de maïs.

Mais le premier navire humanitaire affrété par l'ONU, chargé de 23.000 tonnes de blé, a quitté l'Ukraine seulement mardi en direction de l'Éthiopie, dans le cadre de cet accord conclu en juillet sous l'égide de l'ONU et grâce à une médiation turque.

 
Une diplomatie tous azimuts 

L'Ukraine et la Russie comptent parmi les plus gros exportateurs mondiaux de céréales, qui connaissent une flambée des cours depuis l'invasion russe le 24 février.

Selon le Programme alimentaire mondial, un nombre record de 345 millions de personnes dans 82 pays sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, tandis que jusqu'à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire.

Le président ukrainien a poursuivi sa mobilisation tous azimuts sur le front diplomatique.

Un premier navire affrété par les Nations unies pour transporter des céréales ukrainiennes destinées à soutenir ses opérations d'aide humanitaire dans le monde a quitté mardi le port de Pivdenny pour l'Ethiopie.

 

"La diplomatie dans l'intérêt de notre pays a été très active ces derniers jours", a relevé Volodymyr Zelensky mercredi soir, rapportant la tenue d'une cérémonie dans la journée pour accueillir les nouveaux ambassadeurs d'Espagne, de Belgique, du Kirghizstan et de Roumanie.

"Cinquante-cinq missions diplomatiques ont déjà repris leur travail", a-t-il souligné.

Il cherche à obtenir de l'aide financière et matérielle pour son pays et plaide aussi pour des sanctions plus sévères envers Moscou.

Un entrepôt de céréales, des stocks de céréales et divers équipements de transport sont en proie aux flammes au lendemain d'un bombardement russe dans une ville du sud de l'Ukraine. Si les premiers navires chargés de céréales quittent désormais les ports ukrainiens, les champs et les entrepôts céréaliers continuent de souffrir des attaques russes.

 

Missiles sur Kharkiv

Sur le terrain, les combats se poursuivent et font de nouvelles victimes civiles comme à Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, où selon les autorités du pays, un missile a touché mercredi un immeuble résidentiel de trois étages pendant un bombardement russe, provoquant "un puissant incendie".

"À ce stade, il y a sept morts et dix-sept blessés", a indiqué Igor Terekhov, maire de Kharkiv, revoyant à la hausse le précédent bilan de six morts et seize blessés.

M. Zelensky avait dénoncé plus tôt une "attaque ignoble et cynique".

Nouvelles frappes signalées dans la nuit de mercredi à jeudi: selon M. Terekhov, au moins cinq attaques de missiles ont eu lieu à partir de 04H32 locales contre plusieurs quartiers. Un "très gros incendie" sévit dans un bâtiment administratif, a-t-il précisé.



 

Le gouverneur régional Oleg Sinegoubov a rapporté "plusieurs incendies" du fait de ces frappes, qui ont fait au moins cinq blessés, dont un enfant.

Située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, Kharkiv est régulièrement pilonnée par l'armée russe, mais elle n'a jamais réussi à s'en emparer. Des centaines de civils ont été tués dans cette région, selon les autorités.
Appel à une inspection de l'AIEA 

La situation restait tendue autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, occupée depuis début mars par l'armée russe et visée par des bombardements répétés. Moscou et Kiev se sont accusés mutuellement de ces bombardements.

Des frappes ont atterri une fois près d'un bâtiment de stockage radioactif et, une autre fois, ont provoqué l'arrêt automatique d'un réacteur.

Le service d'urgence de l'État ukrainien effectue les exercices de premiers secours pour se préparer en cas d'accident nucléaire dans la région de Zaporijjia.

 

L'Ukraine doit se préparer à "tous les scénarios", a averti mercredi le ministre ukrainien de l'Intérieur.

"Personne ne pouvait prévoir que les troupes russes allaient tirer sur des réacteurs nucléaires à l'aide de chars. C'était du jamais vu", a accusé Denys Monastyrsky lors d'un déplacement à Zaporijjia, ville située à une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau de cette installation.

"Nous devons nous préparer à tous les scénarios possibles", a-t-il prévenu, accusant la Russie d'être un "État terroriste (...) Tant que la Russie contrôle la centrale nucléaire de Zaporijjia, il y a de gros risques".

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a jugé mercredi "urgent" qu'une "inspection" de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ait lieu à la centrale.



 

L'occupation du site par les soldats russes "constitue une grave menace pour sa sécurité et augmente les risques d'accident ou d'incident nucléaire (...) Il est urgent d'autoriser une inspection de l'AIEA et d'obtenir le retrait de toutes les forces russes", a estimé M. Stoltenberg, lors d'une conférence de presse en Belgique.

L'opérateur public ukrainien Energoatom a dénoncé une cyberattaque russe "sans précédent" contre son site mardi, en précisant toutefois que son fonctionnement n'avait pas été perturbé.

Avec AFP
Commentaires
  • Aucun commentaire