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Il ne se passe pas un jour sans un article dans la presse écrite ou informatique contenant cette mention, «sous couvert d’anonymat», souvent plusieurs fois dans un même article.

Est-ce vraiment pour des raisons de sécurité. Est-ce là la seule raison?

Comment expliquer ce phénomène?

La disparité des sources d’information des journalistes qui veulent garder l’anonymat dépasse la limite du raisonnable. L’information donnée ne relève pas toujours du «secret d’État» et souvent elle n’est pas de grande importance.

Il y a donc quelque chose de déraisonnable dans cette attitude.

Prenons un exemple. Dans L’Orient-Le-Jour du 23 juillet 2022, un article signé Mounir Rabih sur la frontière maritime comporte trois fois cet énoncé: «Sous couvert d’anonymat».

Le premier mentionne: «Un accord est aujourd’hui possible, assure un haut responsable de la sécurité libanaise, qui a requis l’anonymat». En quoi le fait d’énoncer qu’un accord est aujourd’hui possible (entre Israéliens et Libanais) sur la délimitation des frontières maritimes nécessite-t-il l’exigence de l’anonymat de son auteur?


Le second paragraphe commence par: «Quelque part, la résolution 1559 a fait le jeu du Hezbollah puisqu’elle a permis de mettre les Syriens dehors et il s’est retrouvé dans une position d’être le plus fort au Liban. Mais maintenant, il ne voit plus vraiment les choses comme cela s’amuse à dire un dirigeant libanais de premier plan qui a requis l’anonymat». Là encore, ce dirigeant n’insulte pas le Hezbollah, il met en évidence un changement d’interprétation politique. Pourquoi a-t-il requis l’anonymat?

Le troisième paragraphe énonce: «Cela prendra 20 ans ou plus, mais il n’y a pas d’échappatoire à l’application des résolutions internationales, dit un homme politique opposé au Hezbollah qui a requis l’anonymat». Il est vrai qu’il s’agit ici d’un avis contraire à celui du Hezbollah, mais nécessite-t-il l’anonymat vu qu’il est énoncé par un opposant au Hezbollah?

Le «sous couvert d’anonymat» est-il devenu un effet de mode? Les journalistes ne sont-ils pas devenus complices? Pourquoi doivent-ils accepter cette exigence de la part de leurs sources? Ce ne sont pas quand même des policiers qui ont le droit de protéger leurs informateurs anonymes.

Comment comprendre ce phénomène qui existe très peu dans la presse internationale?

Au-delà de l’effet de mode, il existe une «psychose», une crainte disproportionnée, imaginaire, même si elle est fondée sur quelques éléments de réalité. Elle ressemble à un autre phénomène d’interprétation politique typiquement libanais: la théorie du complot.

Sur un plan individuel, ce phénomène s’explique par une projection à l’extérieur de ce que le sujet ne veut pas admettre à l’intérieur de lui-même, ce qui est l’essence de la paranoïa. Si on transpose cela sur un plan collectif, avec les réserves épistémologiques, scientifiques qui s’imposent, au lieu d’avouer leurs échecs, les Libanais sont devenus maîtres en la matière. Comme le montre bien cette affirmation typique: «Nous voulions réaliser des choses, mais ils ne nous ont pas laissés».

C’est toujours la faute de l’autre, jamais la mienne.
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