Le village de Aintoura el Metn a connu une animation bien particulière ce jeudi. Réunis autour du président de la municipalité, Jean Khalil Azar, des habitants du village, des prêtres, des policiers municipaux et de nombreux spéléologues, toutes générations confondues, sont venus assister à un évènement qui fera date dans la vie du village, mais aussi de la région: le lancement de l’expédition Qattine Azar Comaty 2022. Une expédition qui regroupe une trentaine de spéléologues libanais de l’Association libanaise d’études spéléologiques (ALES) et 10 spéléologues français de l’association Continent 8. Objectif de cette expédition: révéler les trésors cachés du gouffre Qattîne Azar et découvrir de nouveaux passages et galeries.
La découverte de ce gouffre remonte à 1996. Trois spéléologues, Hani Abdelnour, pionnier de la discipline au Liban et véritable mentor de plusieurs générations de spéléologues, Juliana Sfeir et Nayla Khlat faisaient de la marche dans la région lorsqu’ils rencontrèrent deux frères, Tony et Nohra Azar, habitants du village. La discussion tourna autour de Qattîne Azar, qui n'était à l’époque qu’une simple cave servant de bergerie. Le jeune Nohra révéla que pour explorer cette cave il fallait regarder vers le haut, puis expliqua qu’une semaine auparavant, il avait escaladé les parois, parcouru une galerie étroite de trente mètres à la lumière de son briquet, puis jeté un caillou dans le vide pour s’apercevoir qu’il existait une cavité énorme à quelques mètres de lui seulement. Il n’en fallait pas plus pour pousser l’ALES à organiser une expédition et découvrir la grotte aux milles secrets.
Depuis la découverte du gouffre, des dizaines d’études et explorations ont été conduites. Ces découvertes ont révélé́ que cette cavité́ est non seulement le deuxième gouffre le plus profond du Liban (515m), mais qu’elle est aussi le deuxième système souterrain le plus développé́ du pays, après la grotte de Jeïta, avec un total de galeries, de puits, de rivières et affluents, ayant dépassé́ à ce jour les 8.000 mètres, après la découverte par l’ALES de 2.000 mètres de galeries supplémentaires en 2018. Le gouffre comprend également un puits de 180 mètres, tout simplement le puits le plus profond du Moyen-Orient.
Mais la découverte la plus précieuse de l’ALES est une rivière souterraine qui forme en aval un énorme bassin, connecté à des puits artificiels, par lesquels il a été possible de tirer de l’eau potable – jusqu’à 6.000 m3/jour – même en période d’étiage. Cette eau approvisionne 17 villages du Haut-Metn. C’est le résultat du projet d’extraction développé entre l’ALES, les autorités officielles et les municipalités des villages concernés. Suite à cette découverte et à l’accomplissent du projet, l’ALES s’est vu décerner par le président de la République, la médaille du mérite libanais 2e degré, le 30 décembre 2004.
Après un arrêt de quatre ans dû à la pandémie et à la situation économique désastreuse du Liban, l’ALES a décidé́ d’organiser une mission d’exploration qui durera dix jours, du 17 au 28 août, à l’intérieur du gouffre Qattîne Azar. Cette expédition, la plus grande organisée durant la dernière décennie, se fera en collaboration avec Continent 8, une jeune association française de spéléologie. Une équipe de 10 spéléologues français (7 hommes et 3 femmes âgés de 22 à 39 ans) vient de débarquer au Liban avec des dizaines de kilos de matériel: plus de 300 repas lyophilisés, 1.000m de corde, 50m de Dyneema (corde à fibre ultra-résistante), 150 amarrages, 200 goujons, 20 pulse pour les escalades, 15 kit-bags, 4 perforateurs, 2 systèmes de communication Nicola, 3 matériels topographiques, du matériel photographique professionnel, une tente de bivouac et tout un tas d'équipement essentiel pour la bonne marche de l’expédition (pharmacie, pailles filtrantes, flashs, chargeurs, couvertures de survie, réchauds, bidons, etc.)
C’est à la suite de la lecture d’un article sur Qattine Azar que les membres de Continent 8 ont contacté l’ALES pour leur proposer un partenariat. «Nous étions motivés par la découverte d'un nouveau pays, et de la rencontreavec des spéléologues libanais», nous raconte Yann Auffret, président de l’association française. «Nous avions la volonté de soutenir le Liban et l’ALES, matériellement, moralement et surtout humainement», ajoute-t-il. Dans son allocution, Fadi Mehanna, président de l’ALES, explique que, durant six mois, les contacts avec Continent 8 étaient presque quotidiens et que le projet s’est réalisé sans encombre, avant de rendre un hommage appuyé à deux pionniers de la spéléologie au Liban, Pr Hani Abdelnour et Tony Comaty, celui-ci décédé récemment des suites du Covid-19. «L’expédition se nommera Comaty 2022 en hommage à cet ami et grand spéléologue», dit-il d’un ton ému.
Plusieurs sponsors et partenaires appuient cette aventure, la municipalité de Aintoura el Metn, l’ambassade de France au Liban, la Fédération française de spéléologie, les comités départementaux de spéléologie du Gard, du Doubs et de l'Ariège, le comité régional de spéléologie Occitanie...
Auffret nous détaille l’expédition qui se fera en plusieurs missions de trois jours et deux nuits, suivies d’un jour de repos pour charger les batteries et les perforateurs. «Durant les journées de repos, les équipes se chargeront de collecter les données topographiques, mettre à jour les plans, emettre des hypothèses et faire un planning pour la mission suivante», nous-explique-t-il. «Nous serons deux grosses équipes qui bivouaqueront à deux endroits différents et qui se diviseront ensuite en quatre, et deux équipes pour des missions spécifiques et ponctuelles». «Le gouffre comprend une multitude de parties horizontales et verticales; nous allons les escalader pour découvrir les galeries supérieures. Une vingtaine de spéléologues se chargeront de la logistique de surface», ajoute-t-il.
Objectif affiché: découvrir 2.000 mètres de galeries supplémentaires pour battre le record de la grotte de Jeïta, qui culmine à plus de 10.000 mètres. Un exploit qui donnera à cette aventure humaine une dimension nationale et régionale.
Rendez-vous le 28 août!
La découverte de ce gouffre remonte à 1996. Trois spéléologues, Hani Abdelnour, pionnier de la discipline au Liban et véritable mentor de plusieurs générations de spéléologues, Juliana Sfeir et Nayla Khlat faisaient de la marche dans la région lorsqu’ils rencontrèrent deux frères, Tony et Nohra Azar, habitants du village. La discussion tourna autour de Qattîne Azar, qui n'était à l’époque qu’une simple cave servant de bergerie. Le jeune Nohra révéla que pour explorer cette cave il fallait regarder vers le haut, puis expliqua qu’une semaine auparavant, il avait escaladé les parois, parcouru une galerie étroite de trente mètres à la lumière de son briquet, puis jeté un caillou dans le vide pour s’apercevoir qu’il existait une cavité énorme à quelques mètres de lui seulement. Il n’en fallait pas plus pour pousser l’ALES à organiser une expédition et découvrir la grotte aux milles secrets.
Depuis la découverte du gouffre, des dizaines d’études et explorations ont été conduites. Ces découvertes ont révélé́ que cette cavité́ est non seulement le deuxième gouffre le plus profond du Liban (515m), mais qu’elle est aussi le deuxième système souterrain le plus développé́ du pays, après la grotte de Jeïta, avec un total de galeries, de puits, de rivières et affluents, ayant dépassé́ à ce jour les 8.000 mètres, après la découverte par l’ALES de 2.000 mètres de galeries supplémentaires en 2018. Le gouffre comprend également un puits de 180 mètres, tout simplement le puits le plus profond du Moyen-Orient.
Mais la découverte la plus précieuse de l’ALES est une rivière souterraine qui forme en aval un énorme bassin, connecté à des puits artificiels, par lesquels il a été possible de tirer de l’eau potable – jusqu’à 6.000 m3/jour – même en période d’étiage. Cette eau approvisionne 17 villages du Haut-Metn. C’est le résultat du projet d’extraction développé entre l’ALES, les autorités officielles et les municipalités des villages concernés. Suite à cette découverte et à l’accomplissent du projet, l’ALES s’est vu décerner par le président de la République, la médaille du mérite libanais 2e degré, le 30 décembre 2004.
Après un arrêt de quatre ans dû à la pandémie et à la situation économique désastreuse du Liban, l’ALES a décidé́ d’organiser une mission d’exploration qui durera dix jours, du 17 au 28 août, à l’intérieur du gouffre Qattîne Azar. Cette expédition, la plus grande organisée durant la dernière décennie, se fera en collaboration avec Continent 8, une jeune association française de spéléologie. Une équipe de 10 spéléologues français (7 hommes et 3 femmes âgés de 22 à 39 ans) vient de débarquer au Liban avec des dizaines de kilos de matériel: plus de 300 repas lyophilisés, 1.000m de corde, 50m de Dyneema (corde à fibre ultra-résistante), 150 amarrages, 200 goujons, 20 pulse pour les escalades, 15 kit-bags, 4 perforateurs, 2 systèmes de communication Nicola, 3 matériels topographiques, du matériel photographique professionnel, une tente de bivouac et tout un tas d'équipement essentiel pour la bonne marche de l’expédition (pharmacie, pailles filtrantes, flashs, chargeurs, couvertures de survie, réchauds, bidons, etc.)
C’est à la suite de la lecture d’un article sur Qattine Azar que les membres de Continent 8 ont contacté l’ALES pour leur proposer un partenariat. «Nous étions motivés par la découverte d'un nouveau pays, et de la rencontreavec des spéléologues libanais», nous raconte Yann Auffret, président de l’association française. «Nous avions la volonté de soutenir le Liban et l’ALES, matériellement, moralement et surtout humainement», ajoute-t-il. Dans son allocution, Fadi Mehanna, président de l’ALES, explique que, durant six mois, les contacts avec Continent 8 étaient presque quotidiens et que le projet s’est réalisé sans encombre, avant de rendre un hommage appuyé à deux pionniers de la spéléologie au Liban, Pr Hani Abdelnour et Tony Comaty, celui-ci décédé récemment des suites du Covid-19. «L’expédition se nommera Comaty 2022 en hommage à cet ami et grand spéléologue», dit-il d’un ton ému.
Plusieurs sponsors et partenaires appuient cette aventure, la municipalité de Aintoura el Metn, l’ambassade de France au Liban, la Fédération française de spéléologie, les comités départementaux de spéléologie du Gard, du Doubs et de l'Ariège, le comité régional de spéléologie Occitanie...
Auffret nous détaille l’expédition qui se fera en plusieurs missions de trois jours et deux nuits, suivies d’un jour de repos pour charger les batteries et les perforateurs. «Durant les journées de repos, les équipes se chargeront de collecter les données topographiques, mettre à jour les plans, emettre des hypothèses et faire un planning pour la mission suivante», nous-explique-t-il. «Nous serons deux grosses équipes qui bivouaqueront à deux endroits différents et qui se diviseront ensuite en quatre, et deux équipes pour des missions spécifiques et ponctuelles». «Le gouffre comprend une multitude de parties horizontales et verticales; nous allons les escalader pour découvrir les galeries supérieures. Une vingtaine de spéléologues se chargeront de la logistique de surface», ajoute-t-il.
Objectif affiché: découvrir 2.000 mètres de galeries supplémentaires pour battre le record de la grotte de Jeïta, qui culmine à plus de 10.000 mètres. Un exploit qui donnera à cette aventure humaine une dimension nationale et régionale.
Rendez-vous le 28 août!
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