©Les partisans du religieux chiite irakien Moqtada Sadr dressent son portrait alors qu'ils se rassemblent lors d'une manifestation devant le siège du Conseil judiciaire suprême, la plus haute instance judiciaire d'Irak. (AFP)
Habitué des actions coup de poing, le leader chiite irakien Moqtada Sadr a de nouveau mobilisé ses partisans. Ils étaient quelques centaines à entamer mardi un sit-in devant le Conseil suprême de la magistrature à Bagdad, afin de réclamer la dissolution de l'Assemblée par la justice, et non par les députés accusés par les sadristes de "corruption". C'est le dernier épisode d'un long bras de fer en Irak entre Sadr et les autres formations chiites pro-Iran.
L'Irak, riche en hydrocarbures mais accablé par une grave crise économique et sociale, est dans une impasse totale depuis les législatives d'octobre 2021. Mardi, les sadristes ont surenchéri en s'installant devant le Conseil suprême de la magistrature, bloquant l'entrée à la plus haute instance judiciaire de l'Irak où siège notamment la Cour suprême fédérale. Tout un symbole: début août, Moqtada Sadr avait sommé la justice irakienne de dissoudre le Parlement. En vain. Les juges s'étaient déclarés incompétents.
Début août, le puissant leader chiite Moqtada Sadr réclame la dissolution du Parlement irakien et des élections législatives anticipées, estimant qu'il n'y avait "aucun intérêt" à dialoguer avec ses adversaires dans un contexte de paralysie politique totale. (AFP)
Les manifestants ont installé des tentes devant les grilles du bâtiment situé à l'extérieur de la Zone Verte, selon un journaliste de l'AFP qui a également remarqué le déploiement de forces de l'ordre. Les sympathisants du clerc chiite brandissaient des affiches réclamant "la dissolution de l'Assemblée nationale" et une "lutte contre la corruption". "Nous voulons l'éradication de la corruption", a dit à l'AFP Abou Karar al-Alyaoui: "Le système judiciaire est sous le coup de menaces ou bien alors il est corrompu". Le Conseil suprême de la magistrature a dans la foulée annoncé "la suspension" de ses travaux. Le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, a décidé dans la foulée d'"écourter" une visite en Egypte, où il devait participer à un sommet avec quatre autres dirigeants arabes, et de rentrer à Bagdad pour "suivre la situation". Il a appelé au "calme" et au "dialogue", selon un communiqué de ses services.
Les partisans du leader musulman chiite irakien Moqtada Sadr se rassemblent pour effectuer la prière hebdomadaire du vendredi devant le bâtiment du parlement dans la Zone verte de la capitale Bagdad, alors qu'ils continuent de protester contre la nomination d'une faction chiite rivale au poste de premier ministre. (AFP)
Depuis fin juillet, la tension est montée d'un cran entre les deux blocs du chiisme politique: le Courant de Moqtada Sadr qui réclame à cor et à cri la dissolution du Parlement et des législatives anticipées et ses adversaires du Cadre de coordination, alliance regroupant des factions chiites pro-Iran, pressés de former un gouvernement.
Les deux blocs enchaînent joutes verbales et surenchères, sans toutefois laisser la situation basculer dans la violence. Trublion de la vie politique, M. Sadr a démontré sa capacité à mobiliser: depuis plus de trois semaines ses partisans campent autour du Parlement dans la Zone Verte. En réaction, le Cadre de coordination a monté son propre sit-in aux abords de ce quartier ultra-sécurisé qui abrite institutions gouvernementales et ambassades.
En arrière-plan, l'image de l'ancien Premier ministre et ennemi historique de Sadr, Nouri al-Maliki, pendu à une corde. (AFP)
S'accusant à qui mieux mieux de pousser l'Irak au bord de l'abîme, sadristes et partisans du Cadre de coordination s'affrontent sur les modalités de désignation du Premier ministre et du gouvernement. La crise a débuté quand le Courant sadriste a refusé fin juillet le candidat du Cadre de coordination au poste de Premier ministre. Car dix mois après les législatives, l'Irak n'a toujours pas remplacé son chef de gouvernement, ni son président. Le Cadre de coordination s'est dit ouvert à une dissolution votée par les députés, Moqtada Sadr, intransigeant, exige que la justice dissolve le Parlement... d'où le sit-in devant le Conseil suprême de la magistrature.
Le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, qui expédie les affaires courantes, a convoqué la semaine dernière un "dialogue national" pour tenter de sortir l'Irak de l'ornière, une réunion boycottée par les représentants du Courant sadriste. Mais Moqtada Sadr, auquel des centaines de milliers d'Irakiens obéissent au doigt à l'œil, réclame aussi un changement de la Constitution qui permettrait au gagnant du scrutin d'avoir le droit de former le gouvernement à sa guise - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Le Premier ministre irakien, Moustafa Al-Kazimi, ne cesse d'appeler au calme, alors que des milliers de partisans de l'influent leader politique chiite, Moqtada Sadr, ont envahi une nouvelle fois le Parlement en août. (AFP)
Son Courant était arrivé premier aux législatives d'octobre 2021 avec 73 sièges (sur 329). Mais, incapable de former une majorité dans l'hémicycle, Moqtada Sadr avait fait démissionner ses députés en juin. Taxant ses adversaires de "corrompus", jouissant d'une aura de clerc, Moqtada Sadr est un habitué des actions coup de poing. Bien qu'il dispose de relais dans la plupart des ministères et administrations irakiennes, ses partisans le voient comme un outsider, un "révolutionnaire" toujours prompt à lutter contre le "système corrompu" des élites.
Avec AFP
L'Irak, riche en hydrocarbures mais accablé par une grave crise économique et sociale, est dans une impasse totale depuis les législatives d'octobre 2021. Mardi, les sadristes ont surenchéri en s'installant devant le Conseil suprême de la magistrature, bloquant l'entrée à la plus haute instance judiciaire de l'Irak où siège notamment la Cour suprême fédérale. Tout un symbole: début août, Moqtada Sadr avait sommé la justice irakienne de dissoudre le Parlement. En vain. Les juges s'étaient déclarés incompétents.
Début août, le puissant leader chiite Moqtada Sadr réclame la dissolution du Parlement irakien et des élections législatives anticipées, estimant qu'il n'y avait "aucun intérêt" à dialoguer avec ses adversaires dans un contexte de paralysie politique totale. (AFP)
Les manifestants ont installé des tentes devant les grilles du bâtiment situé à l'extérieur de la Zone Verte, selon un journaliste de l'AFP qui a également remarqué le déploiement de forces de l'ordre. Les sympathisants du clerc chiite brandissaient des affiches réclamant "la dissolution de l'Assemblée nationale" et une "lutte contre la corruption". "Nous voulons l'éradication de la corruption", a dit à l'AFP Abou Karar al-Alyaoui: "Le système judiciaire est sous le coup de menaces ou bien alors il est corrompu". Le Conseil suprême de la magistrature a dans la foulée annoncé "la suspension" de ses travaux. Le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, a décidé dans la foulée d'"écourter" une visite en Egypte, où il devait participer à un sommet avec quatre autres dirigeants arabes, et de rentrer à Bagdad pour "suivre la situation". Il a appelé au "calme" et au "dialogue", selon un communiqué de ses services.
Les partisans du leader musulman chiite irakien Moqtada Sadr se rassemblent pour effectuer la prière hebdomadaire du vendredi devant le bâtiment du parlement dans la Zone verte de la capitale Bagdad, alors qu'ils continuent de protester contre la nomination d'une faction chiite rivale au poste de premier ministre. (AFP)
Depuis fin juillet, la tension est montée d'un cran entre les deux blocs du chiisme politique: le Courant de Moqtada Sadr qui réclame à cor et à cri la dissolution du Parlement et des législatives anticipées et ses adversaires du Cadre de coordination, alliance regroupant des factions chiites pro-Iran, pressés de former un gouvernement.
Les deux blocs enchaînent joutes verbales et surenchères, sans toutefois laisser la situation basculer dans la violence. Trublion de la vie politique, M. Sadr a démontré sa capacité à mobiliser: depuis plus de trois semaines ses partisans campent autour du Parlement dans la Zone Verte. En réaction, le Cadre de coordination a monté son propre sit-in aux abords de ce quartier ultra-sécurisé qui abrite institutions gouvernementales et ambassades.
En arrière-plan, l'image de l'ancien Premier ministre et ennemi historique de Sadr, Nouri al-Maliki, pendu à une corde. (AFP)
Coups de force sadristes
S'accusant à qui mieux mieux de pousser l'Irak au bord de l'abîme, sadristes et partisans du Cadre de coordination s'affrontent sur les modalités de désignation du Premier ministre et du gouvernement. La crise a débuté quand le Courant sadriste a refusé fin juillet le candidat du Cadre de coordination au poste de Premier ministre. Car dix mois après les législatives, l'Irak n'a toujours pas remplacé son chef de gouvernement, ni son président. Le Cadre de coordination s'est dit ouvert à une dissolution votée par les députés, Moqtada Sadr, intransigeant, exige que la justice dissolve le Parlement... d'où le sit-in devant le Conseil suprême de la magistrature.
Le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, qui expédie les affaires courantes, a convoqué la semaine dernière un "dialogue national" pour tenter de sortir l'Irak de l'ornière, une réunion boycottée par les représentants du Courant sadriste. Mais Moqtada Sadr, auquel des centaines de milliers d'Irakiens obéissent au doigt à l'œil, réclame aussi un changement de la Constitution qui permettrait au gagnant du scrutin d'avoir le droit de former le gouvernement à sa guise - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Le Premier ministre irakien, Moustafa Al-Kazimi, ne cesse d'appeler au calme, alors que des milliers de partisans de l'influent leader politique chiite, Moqtada Sadr, ont envahi une nouvelle fois le Parlement en août. (AFP)
Son Courant était arrivé premier aux législatives d'octobre 2021 avec 73 sièges (sur 329). Mais, incapable de former une majorité dans l'hémicycle, Moqtada Sadr avait fait démissionner ses députés en juin. Taxant ses adversaires de "corrompus", jouissant d'une aura de clerc, Moqtada Sadr est un habitué des actions coup de poing. Bien qu'il dispose de relais dans la plupart des ministères et administrations irakiennes, ses partisans le voient comme un outsider, un "révolutionnaire" toujours prompt à lutter contre le "système corrompu" des élites.
Avec AFP
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