©Malgré les restrictions sanitaires et sécuritaires, le cœur était à la fête dans l’immense salle de concert Megaron Hall. (AFP)
À la messe papale à Athènes, où le souverain pontife a prêché dimanche pour "la petitesse et l'humilité", une foule de fidèles catholiques se pressaient, enthousiastes et souriants, espérant "emprunter un chemin commun" avec les orthodoxes de Grèce.
Autour de la grande salle de concert Megaron Hall, survolée par un hélicoptère, les mesures de sécurité sont draconiennes. Quatre fourgons de police ont bloqué la circulation, la station de métro la plus proche a été fermée et les policiers contrôlent les invitations et les pass sanitaires.
Mais malgré les restrictions, le cœur est à la fête.
Le pontife argentin de 84 ans est le premier pape en deux décennies à visiter la capitale grecque. En 2001, Jean-Paul II était le premier pape à s'y rendre depuis le schisme de 1054 entre les Eglises catholique et orthodoxe.
En Grèce, où l'orthodoxie est "la religion dominante" selon la Constitution, la minorité catholique (1,2% de la population) ne compte que 250000 fidèles, dont la grande majorité est issue des récentes migrations de Pologne, des Philippines, d'Albanie, d'Ukraine, d'Afrique et du Moyen-Orient.
Mais "être minoritaires - et dans le monde entier l'Eglise est minoritaire - ne veut pas dire être insignifiants", a déclaré le pape François samedi devant la communauté catholique à la cathédrale St Dionysius Areopagite d'Athènes.
Dans son homélie dimanche, traduite en grec sur un panneau au-dessus d'un immense orgue, il a souligné que "le Seigneur préfère la petitesse et l'humilité".
"La question n'est pas d'être petits et peu nombreux, mais de s'ouvrir à Dieu et aux autres", a ajouté le pape en s'adressant à quelque 2000 fidèles, dont seulement 900 dans la principale salle en raison des restrictions sanitaires.
"C'est une fête aujourd'hui", lance Ourania Katrini, une Grecque orthodoxe, dont les deux enfants ont chanté dans la chorale de la messe.
"Les fanatismes de deux côtés disparaissent progressivement", se félicite la septuagénaire qui assiste pour la première fois à une messe catholique. "Les chrétiens doivent suivre un chemin commun face à l'islamisme", estime-t-elle.
Une frange de fondamentalistes orthodoxes grecs ne pardonne pas aux catholiques le sac de Constantinople (Istanbul aujourd'hui) de 1204, lors de la 4e croisade.
Lors d'une rencontre avec le pape, le chef de l'Eglise orthodoxe de Grèce, l'archevêque Hiéronyme II, a aussi reproché samedi à l'Eglise catholique son manque de soutien à la Grèce dans sa bataille pour l'indépendance de l'empire ottoman au XIXe siècle.
Mais il a appelé à poursuivre "le dialogue" entre les théologiens des deux confessions, "dans la vérité et l'amour, sans compromis ni intolérance".
François a pour sa part insisté samedi sur les "racines communes" des deux Eglises et renouvelé la demande de pardon de Jean-Paul II en 2001 "pour les erreurs commises par de nombreux catholiques".
Dans ce pays à 86% orthodoxe, "les esprits sont maintenant plus ouverts", estime la catholique Iosifina Andrioti, rencontrée parmi les fidèles. Elle "veut croire à l'amélioration" des relations entre orthodoxes et catholiques et s'est dite "très touchée" par les "splendides" messages œcuméniques du pape samedi à Athènes.
Pour l'Albanaise Tonina Tsakali, "le message du pape" montre qu'"il n'y a pas de différence entre les orthodoxes et catholiques, il y a un Dieu pour nous tous".
AFP
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