Électricité: l’État ne fait que patauger dans ses problèmes
Selon le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, Bagdad va fournir au Liban 40.000 tonnes de fuel, alors que le pays a besoin de 110.000 tonnes supplémentaires pour pouvoir produire neuf heures de courant par jour.

Reçu vendredi matin à Baabda, le ministre sortant de l’Énergie, Walid Fayad, a indiqué que l’accord renouvelé avec l’Irak va permettre au Liban d’obtenir 40.000 tonnes de fuel, «alors que nous avons besoin de 110.000 tonnes supplémentaires pour pouvoir produire neuf heures de courant» par jour. «Nous essayons d’assurer cette quantité auprès de pays amis, dont l’Algérie», a-t-il dit, au terme de son entretien avec le président Michel Aoun, avant d’indiquer que l'Électricité du Liban (EDL) a accepté une hausse des tarifs, dont la mise en vigueur attend, selon lui, le feu vert du gouvernement et du ministère des Finances.

En d’autres termes, le ministère de l’Énergie continue de patauger dans les sables mouvants du problème de l’électricité, entraînant avec lui les Libanais à qui il veut imposer une hausse des tarifs alors qu’il reste réfractaire à une réforme sérieuse de ce secteur pour des raisons purement politiciennes, liées en grande partie aux intérêts du parti, le CPL, qui le gère lamentablement depuis plus de dix ans. Le chef de ce parti, Gebran Bassil, ne veut pas lâcher ce secteur qu’il veut donc continuer à contrôler, s’opposant à la mise en place de l’autorité de régulation, exigée notamment par la communauté internationale dont l’une des conditions pour aider le Liban à surmonter sa crise se rapporte justement à la réforme du secteur de l’Énergie.


Le discours de Walid Fayad sur la nécessité d’un relèvement du prix du kilowatt, qu’il pose comme condition incontournable pour améliorer la production électrique, ressemble à celui de son collègue des Télécommunications, Johnny Corm, qui répétait invariablement pendant des semaines que l’état des télécommunications, notamment le réseau internet, pouvait sensiblement s’améliorer, mais qu’il fallait pour cela relever les tarifs. Les prix ont été augmentés en juillet dernier. Cependant, le service ne fait qu’empirer. Avoir aujourd’hui une bonne connexion Internet chez soi ou une communication normale relève du miracle.

Une partie du problème des télécoms est liée à l’absence de carburant qui alimente les centrales d’Ogero alors que la disponibilité du carburant n’est qu’une partie des problèmes auxquels EDL est confronté. Les deux secteurs ont cependant ceci en commun: Le Liban importe du carburant qu’il paie cher, de la poche du contribuable, qui se retrouve cependant à financer du fuel qui finit en contrebande en Syrie, alors qu’il reste privé de courant au Liban.

Malheureusement, ce problème fondamental dans un pays en butte à une crise économique et financière qui ne fait que tirer le pays vers le fond n’est évoqué que de manière passagère par les autorités. Il est vrai que l’armée parvient parfois à déjouer des opérations de contrebande à la frontière avec la Syrie, mais son action reste limitée en l’absence d’une décision politique officielle pour contrôler celles-ci et empêcher le trafic de fuel et autres produits de première nécessité vers la Syrie.
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