Dans le cadre de Beirut Image Festival 2022, Chérine Yazbeck exposera ses œuvres à la bibliothèque Nationale (Sanayeh) du 1er au 13 septembre.
Une nouvelle partie des silos à grains du port de Beyrouth s’est effondrée fin août; deux ans après le drame les souvenirs sont encore déchirants. Ces souvenirs, c’est ce qu’a décidé d’immortaliser Chérine Yazbeck, photojournaliste libanaise. En poursuivant des études de production cinématographique à Paris, elle collabore avec d’importants médias internationaux. Après avoir photographié différents conflits dans le monde, elle revient à Beyrouth pour raconter l’histoire de sa ville. En 2013, elle expose à Plan Bey une série de photographies intitulée Beyrouth, destroy qui raconte la destruction de la capitale libanaise de 1991 à 1996.
La destruction de Beyrouth a toujours fait partie de sa vie. Tout a commencé lorsqu’elle avait cinq ans et que la guerre civile ravageait sa ville natale. Très vite elle a fait l'expérience de la destruction et de la peur qui l'accompagne, sentiment qui la poursuit et la construit aujourd’hui.
C’est guidée par cette vie éphémère que Chérine s’est initiée à la photographie. Elle a commencé à immortaliser ce qu’elle voyait, des personnes, des paysages, des quartiers… Puis, avec le temps, son Canon AE-1 est devenu l’extension de sa main. Photojournaliste en devenir, elle transformait ses émotions, ses visions du monde en clichés stupéfiants.
Sa dernière exposition, «Je suis mort ce jour-là», honore les âmes des victimes de l'explosion du 4 août 2020. C’est à travers des vêtements pris au piège, foulards, bonnets de marin ou encore bottes militaires abandonnés par terre, que Chérine donne vie au port depuis deux ans. Des clichés simples, précis, des détails d’une vie fauchée que chacun peut imaginer. Les suppositions sont de mise pour écrire son propre récit, raconter les événements à sa manière.
La photographe va encore plus loin dans ses suggestions et nous propose une véritable enquête. Elle veut connaître la vérité. Elle se plonge alors dans une forme d’urgence, de loyauté envers ces individus qui ont perdu la vie, sous les débris de leur ville. Et c’est ainsi que son appareil devint un outil scientifique et ses clichés des photographies médico-légales. Les bouts de tissus, les chaussures, les morceaux d’outils deviennent les pièces à conviction d’une enquête bien complexe. Tous ces indices sont aujourd’hui les témoins directs de la violence qui a soufflé le port en cette fin de journée estivale. Véritable source de souvenirs, ces photographies rendent hommage aux vies perdues, aux vies chamboulées, aux vies oubliées. Et c’est justement ce devoir de mémoire qui habite Chérine. Ses clichés sont des traces qu’il faut conserver avant qu’elles ne se décomposent.
Consultez le programme de Beirut Image Festival 2022
Article rédigé par Maureen Dufournet
https://www.agendaculturel.com/article/cherine-yazbeck-je-suis-mort-ce-jour-la
Une nouvelle partie des silos à grains du port de Beyrouth s’est effondrée fin août; deux ans après le drame les souvenirs sont encore déchirants. Ces souvenirs, c’est ce qu’a décidé d’immortaliser Chérine Yazbeck, photojournaliste libanaise. En poursuivant des études de production cinématographique à Paris, elle collabore avec d’importants médias internationaux. Après avoir photographié différents conflits dans le monde, elle revient à Beyrouth pour raconter l’histoire de sa ville. En 2013, elle expose à Plan Bey une série de photographies intitulée Beyrouth, destroy qui raconte la destruction de la capitale libanaise de 1991 à 1996.
La destruction de Beyrouth a toujours fait partie de sa vie. Tout a commencé lorsqu’elle avait cinq ans et que la guerre civile ravageait sa ville natale. Très vite elle a fait l'expérience de la destruction et de la peur qui l'accompagne, sentiment qui la poursuit et la construit aujourd’hui.
C’est guidée par cette vie éphémère que Chérine s’est initiée à la photographie. Elle a commencé à immortaliser ce qu’elle voyait, des personnes, des paysages, des quartiers… Puis, avec le temps, son Canon AE-1 est devenu l’extension de sa main. Photojournaliste en devenir, elle transformait ses émotions, ses visions du monde en clichés stupéfiants.
Sa dernière exposition, «Je suis mort ce jour-là», honore les âmes des victimes de l'explosion du 4 août 2020. C’est à travers des vêtements pris au piège, foulards, bonnets de marin ou encore bottes militaires abandonnés par terre, que Chérine donne vie au port depuis deux ans. Des clichés simples, précis, des détails d’une vie fauchée que chacun peut imaginer. Les suppositions sont de mise pour écrire son propre récit, raconter les événements à sa manière.
La photographe va encore plus loin dans ses suggestions et nous propose une véritable enquête. Elle veut connaître la vérité. Elle se plonge alors dans une forme d’urgence, de loyauté envers ces individus qui ont perdu la vie, sous les débris de leur ville. Et c’est ainsi que son appareil devint un outil scientifique et ses clichés des photographies médico-légales. Les bouts de tissus, les chaussures, les morceaux d’outils deviennent les pièces à conviction d’une enquête bien complexe. Tous ces indices sont aujourd’hui les témoins directs de la violence qui a soufflé le port en cette fin de journée estivale. Véritable source de souvenirs, ces photographies rendent hommage aux vies perdues, aux vies chamboulées, aux vies oubliées. Et c’est justement ce devoir de mémoire qui habite Chérine. Ses clichés sont des traces qu’il faut conserver avant qu’elles ne se décomposent.
Consultez le programme de Beirut Image Festival 2022
Article rédigé par Maureen Dufournet
https://www.agendaculturel.com/article/cherine-yazbeck-je-suis-mort-ce-jour-la
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