Création mondiale d’une œuvre de Bechara el-Khoury à Lyon
Le compositeur Bechara el-Khoury, né en 1957, n’a pas fini d’étonner le monde musical occidental. Sa créativité, sa bouillonnante inspiration et son immense talent d’orchestrateur fascinent les plus grandes formations européennes. Ainsi, l’Orchestre national de Lyon lui a commandé un concerto pour cor et orchestre, créé le 14 décembre à l’Auditorium de Lyon, avec en soliste Guillaume Tétu et sous la direction de Nikolaj Szeps-Znaider, chef d’orchestre danois et directeur musical de l’orchestre.

L’œuvre intitulée Grand Poème alpestre pour cor et orchestre «Nach Garmisch», dont la durée est de 17 minutes, est un hommage au compositeur allemand Richard Strauss (1864-1949), que Bechara el-Khoury considère comme son maître, qui vivait dans la ville de Garmisch, située dans les Alpes bavaroises. Vers Garmisch et non à Garmisch, insiste le compositeur, qui n’a jamais eu l’occasion de faire le pèlerinage vers la magnifique demeure de style Art nouveau où Richard Strauss a passé les dernières années de sa vie. Ce n’est toutefois pas le décor qui a retenu l’attention de Bechara el-Khoury, mais plutôt la solitude du cor solo, dont l’orchestre se fait l’écho. L’œuvre ne décrit pas un paysage, mais témoigne d’un état d’âme, «un mélange de mélancolie et de sérénité propre à un certain âge, une acceptation d’un monde qui nous déçoit un peu».

 


«C’est Richard Strauss qui m’a fait aimer le cor», déclare Bechara el-Khoury, déjà auteur d’un concerto pour cor sous-titré The Dark Mountain. Et c’est Richard Strauss qui l’inspire dans une autre ascension, celle du Mont Hermont, la Montagne sacrée, titre de son concerto pour orchestre, créé le 18 avril 2024, à l’auditorium de Radio-France à Paris, et interprété par l’Orchestre national de France. Avec Nach Garmisch, il s’attache à faire chanter l’instrument, en explore toutes les palettes, y compris dans son registre aigu. Ce qui exige du soliste une grande virtuosité, ce dont Guillaume Tétu ne manque pas, étant l’un des cornistes les plus recherchés de sa génération. Ses apparitions sont unanimement saluées, que ce soit au sein de l’orchestre dont il est le cor solo, ou dans le répertoire de la musique de chambre qu’il affectionne particulièrement.

Quant aux œuvres du catalogue de Bechara el-Khoury, interprétées par les plus grands orchestres mondiaux, elles évoquent souvent son enfance dans un Liban déchirée par la guerre. Il dit d’ailleurs qu’il ne sait pas si la guerre est au centre de son œuvre, mais suppose que son œuvre est au centre de toutes les guerres, y compris les attentats de New York et de Paris, qui lui ont inspiré ses pages les plus poignantes. Et bientôt l’on pourra entendre une œuvre majeure inspirée par l’horreur de l’attentat du port de Beyrouth. Mais il est encore trop tôt pour en parler.
Zeina Saleh Kayali

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