En se levant de sa chaise installée à même le trottoir, Michel peste. C’est la faute de cette fichue hanche, cassée lors d’une chute de vélo, qui lui vaut une prothèse et de marcher aujourd’hui « comme un vieillard ». Michel a 87 ans et plusieurs vies derrière lui.
Jeune homme, il travaillait avec son père qui avait fondé le Tea For Two, un salon de thé très couru rue Gouraud, dans le quartier de Gemmayzé, en bordure du port de Beyrouth. Il fabriquait aussi des réfrigérateurs, vendait des machines à écrire en Syrie et était devenu antiquaire et un peu joaillier.
Ah oui ! Aussi, parce qu’il était tombé amoureux de la mer, il construisit son propre bateau - ça devait être en 1951 - pour s’apercevoir, le jour où il le mit à l’eau, qu’il ne savait pas naviguer. Il ne se souvient plus vraiment comment il avait réussi à mener son embarcation de Jounieh au port de Beyrouth, mais ce dont il est sûr, c’est que c’est bien ce jour-là qu’il avait rencontré Myrtille Winter. Ce nom ne vous dit rien ?
Cette Anglaise qui « travaillait pour les Palestiniens » était aussi une navigatrice hors pair. Il est devenu son équipier. Elle lui a tout appris. « Nous avons été champions du Liban pendant 19 ans ». Rien que ça.
Il aime aussi parler de sa femme, Yasmina, qu’il avait connue en Syrie et qui est toujours « la plus belle femme du monde ». Le jour de l’explosion au port de Beyrouth, Yasmina venait de repartir pour leur maison à Achrafieh, un peu plus haut, un peu plus loin, suffisamment en tout cas pour échapper au souffle.
Michel est un chanceux. Sa boutique a été bien endommagée, mais, lui, n’a pas été blessé. « Après, mon magasin a été pillé. Celui qui m’a volé, il ne sera jamais en paix ».
Jeudi, quand des tirs ont éclaté à Beyrouth, Michel s’est cru revenu en 1975, quand la guerre civile a commencé. Il est inquiet. « Pauvre Liban. C’est terrible ce qui arrive. Hier, c’était un cauchemar pour nous ». Il ne s’appesantît pas sur le sujet, mais on devine que ça l’affecte. Il ne pouvait pas me laisser partir sans un conseil : « N’aie pas peur de la vie. Et mets toujours du rouge à lèvres pour ton mari ».
Prochain article le jeudi 9 décembre
Jeune homme, il travaillait avec son père qui avait fondé le Tea For Two, un salon de thé très couru rue Gouraud, dans le quartier de Gemmayzé, en bordure du port de Beyrouth. Il fabriquait aussi des réfrigérateurs, vendait des machines à écrire en Syrie et était devenu antiquaire et un peu joaillier.
Ah oui ! Aussi, parce qu’il était tombé amoureux de la mer, il construisit son propre bateau - ça devait être en 1951 - pour s’apercevoir, le jour où il le mit à l’eau, qu’il ne savait pas naviguer. Il ne se souvient plus vraiment comment il avait réussi à mener son embarcation de Jounieh au port de Beyrouth, mais ce dont il est sûr, c’est que c’est bien ce jour-là qu’il avait rencontré Myrtille Winter. Ce nom ne vous dit rien ?
Cette Anglaise qui « travaillait pour les Palestiniens » était aussi une navigatrice hors pair. Il est devenu son équipier. Elle lui a tout appris. « Nous avons été champions du Liban pendant 19 ans ». Rien que ça.
Il aime aussi parler de sa femme, Yasmina, qu’il avait connue en Syrie et qui est toujours « la plus belle femme du monde ». Le jour de l’explosion au port de Beyrouth, Yasmina venait de repartir pour leur maison à Achrafieh, un peu plus haut, un peu plus loin, suffisamment en tout cas pour échapper au souffle.
Michel est un chanceux. Sa boutique a été bien endommagée, mais, lui, n’a pas été blessé. « Après, mon magasin a été pillé. Celui qui m’a volé, il ne sera jamais en paix ».
Jeudi, quand des tirs ont éclaté à Beyrouth, Michel s’est cru revenu en 1975, quand la guerre civile a commencé. Il est inquiet. « Pauvre Liban. C’est terrible ce qui arrive. Hier, c’était un cauchemar pour nous ». Il ne s’appesantît pas sur le sujet, mais on devine que ça l’affecte. Il ne pouvait pas me laisser partir sans un conseil : « N’aie pas peur de la vie. Et mets toujours du rouge à lèvres pour ton mari ».
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