Les membres du Parti conservateur britannique ont tranché: Liz Truss succèdera à Boris Johnson à la tête du parti et sera nommée Première ministre. Le 7 juillet dernier, M. Johnson avait annoncé sa démission après la médiatisation de nombreux scandales le visant (voir article du 03-09-2022). Au terme de près de deux mois de campagne opposant la ministre des Affaires étrangères Liz Truss et l’ancien chancelier de l’Échiquier Rishi Sunak, l’électorat des tories a été séduit par les propositions de Mme Truss, nostalgique de la gloire et de la grandeur du Royaume-Uni durant les années 1980. Se voulant le successeur direct de Margaret Thatcher, elle mettra en place un gouvernement qui, selon plusieurs observateurs, sera le plus à droite de l’histoire de l’exécutif britannique.
Liz Truss, 47 ans, a été élue à la tête du Parti conservateur ouvrant ainsi la voie à sa désignation comme Première ministre. Elle rencontrera mardi la Reine à Balmoral, qui lui demandera de former un nouveau gouvernement en son nom. Elle sera le 15e Premier ministre sous Elizabeth II (depuis 1952) et la 3e femme cheffe de l’exécutif (après Margaret Thatcher et Theresa May). Ayant mené une campagne à droite toute, Liz Truss se veut une vraie conservatrice traditionnelle respectant les bases de ses engagements. Le journal de droite Sunday Telegraph et le magazine gauchisant The Statesman s’accordent à dire qu’elle fait plutôt partie d’un mouvement de «droite radicale».
Ce sont notamment ses propositions économiques qui sont parvenues à séduire son audience au sein du Parti conservateur. Mme Truss propose des baisses drastiques et massives d’impôts qui permettront aux ménages d’améliorer leur pouvoir d’achat et de stimuler la croissance économique, dans le cadre d’une inflation annuelle de l’ordre de 10,1% en juillet, une première depuis 40 ans. Les économistes restent cependant sceptiques, d’autant que Liz Truss prévoit d’emprunter 30 milliards de sterlings (35 milliards de dollars) pour financer un projet si rocambolesque.
Dans une interview accordée au Financial Times, Kwasi Kwarteng, candidat au poste de ministre des Finances, a estimé que «le Royaume-Uni a les moyens d’emprunter davantage pour financer les baisses d’impôts». Or les spécialistes économiques préconisent plutôt une différente approche : ils estiment que la hausse de la dette publique en pleine période de récession accélèrera l’inflation, déjà galopante. Selon eux, il faut d’abord maîtriser l’inflation, stimuler la croissance économique pour ensuite financer les baisses d’impôts.
La hausse des factures énergétiques est aussi au centre des préoccupations de la population britannique. Néanmoins, il est extrêmement surprenant, voire alarmant, de relever que Liz Truss n’a pas accepté de révéler, avant le suffrage, ses plans pour tenter de venir en aide aux ménages les plus affectés. Causée notamment par l’invasion russe en Ukraine, la crise énergétique s’est généralisée en Europe ces derniers mois avec les interruptions d’approvisionnement en gaz russe. En tout état de cause, Mme Truss s’est contentée de déclarer, dans une interview accordée à la chaîne britannique LBC: «Au terme de la première semaine de mon mandat, le gouvernement que je présiderai révèlera l’intégralité des mesures que nous allons adopter pour faire face à la crise énergétique ». Et d’ajouter : «Je m’engage auprès du peuple britannique à venir en aide aux ménages les plus pauvres et aux entreprises».
Au niveau de la politique étrangère, Liz Truss fait partie de l’aile droite radicale du Parti conservateur. Ayant été la cheffe de la diplomatie durant le mandat Johnson, Mme Truss n’a fait preuve d’aucune empathie pour le régime de Vladimir Poutine suite à l’invasion russe en Ukraine. Elle devra normalement poursuivre une politique frontale contre la Russie et continuera d'apporter un support humanitaire et militaire aux Ukrainiens. En fait, cela s’inscrit dans le cadre de la réponse quasi unanime et coordonnée de la communauté internationale face aux ambitions expansionnistes russes.
Mme Truss sera aussi extrêmement défiante envers la Chine qu’elle compte officiellement qualifier de «menace et danger» selon le quotidien britannique The Times. Enfin, elle s’est engagée durant un meeting électoral d’empêcher, quel que soit le prix, l’Iran de se munir de la bombe nucléaire, que ce soit par un accord, par des sanctions à l’encontre du régime ou encore par la force.
Par ailleurs, le Royaume-Uni fait face à une crise des services de santé publique NHS. Les hôpitaux de la capitale sont en pression absolue et le nombre de lits disponibles pour de nouvelles admissions est quasiment nul. Certains critiques s’inquiètent notamment du fait que Liz Truss n’ait aucun plan détaillé pour résoudre cette crise. Elle a insisté cependant, dans une interview au quotidien The Daily Telegraph, sur le fait qu’elle « fera le nécessaire pour ralentir l’exode des médecins et spécialistes en amoindrissant les taxes ». Parallèlement, elle s’engage à renégocier le protocole nord-irlandais avec l’UE, suite aux nombreuses contestations à l’encontre du traité signé par Boris Johnson (voir article du 03-09-2022). Enfin, sur la question de l’immigration, elle poursuivra la politique restrictive et sévère du gouvernement Johnson envers les immigrés clandestins tout en augmentant de 20% les contrôles sur les frontières.
Ce qui est certain, c’est que Mme Truss ne bénéficiera pas d’un état de grâce du fait des multiples crises qui visent la Grande-Bretagne. Que ce soient les crises économiques, politique, énergétique et les différents défis géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine ou encore la montée des tensions en mer de Chine, la nouvelle Première ministre devra s’attaquer à tous ces dossiers brûlants et devra prouver qu’elle est à la hauteur. La droite radicale qu’incarne Liz Truss, dans la lignée directe de Margaret Thatcher, devra franchir les nombreux obstacles économiques qui l’attendent. Cependant, il serait intéressant d’observer comment Mme Truss compte réaliser un programme électoral où les solutions aux crises majeures des Britanniques manquent. La question est donc de savoir si Liz Truss sera à la hauteur de tous les défis qui l’attendent d’un pied ferme au 10, Downing Street?
Liz Truss, 47 ans, a été élue à la tête du Parti conservateur ouvrant ainsi la voie à sa désignation comme Première ministre. Elle rencontrera mardi la Reine à Balmoral, qui lui demandera de former un nouveau gouvernement en son nom. Elle sera le 15e Premier ministre sous Elizabeth II (depuis 1952) et la 3e femme cheffe de l’exécutif (après Margaret Thatcher et Theresa May). Ayant mené une campagne à droite toute, Liz Truss se veut une vraie conservatrice traditionnelle respectant les bases de ses engagements. Le journal de droite Sunday Telegraph et le magazine gauchisant The Statesman s’accordent à dire qu’elle fait plutôt partie d’un mouvement de «droite radicale».
Ce sont notamment ses propositions économiques qui sont parvenues à séduire son audience au sein du Parti conservateur. Mme Truss propose des baisses drastiques et massives d’impôts qui permettront aux ménages d’améliorer leur pouvoir d’achat et de stimuler la croissance économique, dans le cadre d’une inflation annuelle de l’ordre de 10,1% en juillet, une première depuis 40 ans. Les économistes restent cependant sceptiques, d’autant que Liz Truss prévoit d’emprunter 30 milliards de sterlings (35 milliards de dollars) pour financer un projet si rocambolesque.
Maîtriser, d’abord, l’inflation
Dans une interview accordée au Financial Times, Kwasi Kwarteng, candidat au poste de ministre des Finances, a estimé que «le Royaume-Uni a les moyens d’emprunter davantage pour financer les baisses d’impôts». Or les spécialistes économiques préconisent plutôt une différente approche : ils estiment que la hausse de la dette publique en pleine période de récession accélèrera l’inflation, déjà galopante. Selon eux, il faut d’abord maîtriser l’inflation, stimuler la croissance économique pour ensuite financer les baisses d’impôts.
La hausse des factures énergétiques est aussi au centre des préoccupations de la population britannique. Néanmoins, il est extrêmement surprenant, voire alarmant, de relever que Liz Truss n’a pas accepté de révéler, avant le suffrage, ses plans pour tenter de venir en aide aux ménages les plus affectés. Causée notamment par l’invasion russe en Ukraine, la crise énergétique s’est généralisée en Europe ces derniers mois avec les interruptions d’approvisionnement en gaz russe. En tout état de cause, Mme Truss s’est contentée de déclarer, dans une interview accordée à la chaîne britannique LBC: «Au terme de la première semaine de mon mandat, le gouvernement que je présiderai révèlera l’intégralité des mesures que nous allons adopter pour faire face à la crise énergétique ». Et d’ajouter : «Je m’engage auprès du peuple britannique à venir en aide aux ménages les plus pauvres et aux entreprises».
Pas d’empathie envers Poutine
Au niveau de la politique étrangère, Liz Truss fait partie de l’aile droite radicale du Parti conservateur. Ayant été la cheffe de la diplomatie durant le mandat Johnson, Mme Truss n’a fait preuve d’aucune empathie pour le régime de Vladimir Poutine suite à l’invasion russe en Ukraine. Elle devra normalement poursuivre une politique frontale contre la Russie et continuera d'apporter un support humanitaire et militaire aux Ukrainiens. En fait, cela s’inscrit dans le cadre de la réponse quasi unanime et coordonnée de la communauté internationale face aux ambitions expansionnistes russes.
Mme Truss sera aussi extrêmement défiante envers la Chine qu’elle compte officiellement qualifier de «menace et danger» selon le quotidien britannique The Times. Enfin, elle s’est engagée durant un meeting électoral d’empêcher, quel que soit le prix, l’Iran de se munir de la bombe nucléaire, que ce soit par un accord, par des sanctions à l’encontre du régime ou encore par la force.
Par ailleurs, le Royaume-Uni fait face à une crise des services de santé publique NHS. Les hôpitaux de la capitale sont en pression absolue et le nombre de lits disponibles pour de nouvelles admissions est quasiment nul. Certains critiques s’inquiètent notamment du fait que Liz Truss n’ait aucun plan détaillé pour résoudre cette crise. Elle a insisté cependant, dans une interview au quotidien The Daily Telegraph, sur le fait qu’elle « fera le nécessaire pour ralentir l’exode des médecins et spécialistes en amoindrissant les taxes ». Parallèlement, elle s’engage à renégocier le protocole nord-irlandais avec l’UE, suite aux nombreuses contestations à l’encontre du traité signé par Boris Johnson (voir article du 03-09-2022). Enfin, sur la question de l’immigration, elle poursuivra la politique restrictive et sévère du gouvernement Johnson envers les immigrés clandestins tout en augmentant de 20% les contrôles sur les frontières.
Ce qui est certain, c’est que Mme Truss ne bénéficiera pas d’un état de grâce du fait des multiples crises qui visent la Grande-Bretagne. Que ce soient les crises économiques, politique, énergétique et les différents défis géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine ou encore la montée des tensions en mer de Chine, la nouvelle Première ministre devra s’attaquer à tous ces dossiers brûlants et devra prouver qu’elle est à la hauteur. La droite radicale qu’incarne Liz Truss, dans la lignée directe de Margaret Thatcher, devra franchir les nombreux obstacles économiques qui l’attendent. Cependant, il serait intéressant d’observer comment Mme Truss compte réaliser un programme électoral où les solutions aux crises majeures des Britanniques manquent. La question est donc de savoir si Liz Truss sera à la hauteur de tous les défis qui l’attendent d’un pied ferme au 10, Downing Street?
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