Un évènement s’est produit la semaine passée, sans que personne ne relève la bizarrerie de la chose: voilà le ministre de la Santé qui déclare que «les médicaments contre le cancer ne sont pas (ou plus) volés». Ce n’était pas une simple phrase dite dans un contexte informel. Non. La nouvelle est tellement inédite, exceptionnelle, qu’il a fallu organiser une conférence de presse, ameuter les journalistes du pays et d’au-delà, alerter les médias écrits et audiovisuels.
L’heure est solennelle. On ne pouvait laisser passer l’occasion, pour une fois que ça arrive, alors que cela fait trois ans que les produits subventionnés font l’objet d’un vol organisé. C’est d’ailleurs l’objectif même de la subvention en premier lieu.
Pour preuve du non-vol, le ministre exhibe un logiciel de traçage spécialement développé pour l’occasion. Un traçage depuis l’arrivée de la marchandise au port jusqu’aux lits des patients. Un outil, paraît-il, tellement bien fait qu’on se demande pourquoi on n’y a pas pensé avant, dès le lancement des subventions pour l’essence, les produits alimentaires…
On peut se rattraper toutefois maintenant avec le pain qui, reliquat de cette même politique, jouit encore d’un certain subside, entraînant régulièrement des pénuries et un marché noir. On peut donc ainsi retracer l’itinéraire de chaque paquet de pain, depuis l’arrivée de la matière première au port, et jusqu’à la tartine du tout dernier.
Évidemment, personne n’est obligé de croire en la parole du ministre (et de tout autre ministre). Ni présumer de la fiabilité de son logiciel. Mais ce n’est même pas important. Le vrai concept est ailleurs.
Il s’agit du concept de la gouvernance. De proche en proche, on se dirige vers le niveau zéro de gouvernance. Un nivellement progressif vers le bas. L’objectif est d’amener les attentes des citoyens vers une ambition de plus en plus réduite – dans notre propos ci-dessus que le produit ne soit pas entièrement volé! Un objectif économique donc, qui peut aussi avoir son pendant politique (mais ce n’est pas notre propos).
Exemple: on était, début 2021, à 10 heures de courant étatique par jour, puis on a été limité à 3 heures. Et le ministre, entre deux jets de pierres, fait semblant de tenter depuis un an de ramener cette alimentation de 10 heures. En vain. Puis, voilà qu’on nous annonce la catastrophe. Un black-out total. Les attentes de la population se réduisent alors, espérant éviter cet extrême. Suspense haletant jusqu’à la dernière minute: «On a pu rétablir le service minimal de 3 heures suite à des efforts et réunions intensives». Félicitations générales. Rideau.
Puis les télécoms. Le service était dans le meilleur des cas médiocre… jusqu’à ce qu’on arrive à une série de grèves, de manque de matériel, entraînant des coupures en série. Réaction: «Puissent nos dirigeants être assez médiocres pour nous ramener le minimum de service!». Et c’est ainsi dans tous les services étatiques…
Ce concept de gouvernance, qui tend vers le niveau zéro, n’est pas nouveau. Mais il a atteint avec nos dirigeants un stade très avancé. Jusqu’à devenir une méthode établie de l’exercice du pouvoir. Jusqu’à aboutir au stade ultime de la vacuité.
L’heure est solennelle. On ne pouvait laisser passer l’occasion, pour une fois que ça arrive, alors que cela fait trois ans que les produits subventionnés font l’objet d’un vol organisé. C’est d’ailleurs l’objectif même de la subvention en premier lieu.
Pour preuve du non-vol, le ministre exhibe un logiciel de traçage spécialement développé pour l’occasion. Un traçage depuis l’arrivée de la marchandise au port jusqu’aux lits des patients. Un outil, paraît-il, tellement bien fait qu’on se demande pourquoi on n’y a pas pensé avant, dès le lancement des subventions pour l’essence, les produits alimentaires…
On peut se rattraper toutefois maintenant avec le pain qui, reliquat de cette même politique, jouit encore d’un certain subside, entraînant régulièrement des pénuries et un marché noir. On peut donc ainsi retracer l’itinéraire de chaque paquet de pain, depuis l’arrivée de la matière première au port, et jusqu’à la tartine du tout dernier.
Évidemment, personne n’est obligé de croire en la parole du ministre (et de tout autre ministre). Ni présumer de la fiabilité de son logiciel. Mais ce n’est même pas important. Le vrai concept est ailleurs.
Il s’agit du concept de la gouvernance. De proche en proche, on se dirige vers le niveau zéro de gouvernance. Un nivellement progressif vers le bas. L’objectif est d’amener les attentes des citoyens vers une ambition de plus en plus réduite – dans notre propos ci-dessus que le produit ne soit pas entièrement volé! Un objectif économique donc, qui peut aussi avoir son pendant politique (mais ce n’est pas notre propos).
Exemple: on était, début 2021, à 10 heures de courant étatique par jour, puis on a été limité à 3 heures. Et le ministre, entre deux jets de pierres, fait semblant de tenter depuis un an de ramener cette alimentation de 10 heures. En vain. Puis, voilà qu’on nous annonce la catastrophe. Un black-out total. Les attentes de la population se réduisent alors, espérant éviter cet extrême. Suspense haletant jusqu’à la dernière minute: «On a pu rétablir le service minimal de 3 heures suite à des efforts et réunions intensives». Félicitations générales. Rideau.
Puis les télécoms. Le service était dans le meilleur des cas médiocre… jusqu’à ce qu’on arrive à une série de grèves, de manque de matériel, entraînant des coupures en série. Réaction: «Puissent nos dirigeants être assez médiocres pour nous ramener le minimum de service!». Et c’est ainsi dans tous les services étatiques…
Ce concept de gouvernance, qui tend vers le niveau zéro, n’est pas nouveau. Mais il a atteint avec nos dirigeants un stade très avancé. Jusqu’à devenir une méthode établie de l’exercice du pouvoir. Jusqu’à aboutir au stade ultime de la vacuité.
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