Les besoins médiatique et financier de l’athlétisme libanais (2/3)
La crise économique que connaît le Liban depuis 2019 a touché l’athlétisme de plein fouet. Les sponsors se font très rares, et le budget annuel du club phare de l’athlétisme, Inter-Lebanon, a diminué de 65% entre 2019 et 2022.

La crise économique traversée par le Liban depuis 2019 n’a épargné personne, et l’athlétisme, déjà en proie à des difficultés pour trouver des sponsors, n’a pas dérogé à la règle.

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, le président d’Inter-Lebanon, Roger Bejjani, explique qu’ «avant la crise de 2019, nous avions un financement des sponsors de l’ordre de 15 à 20% du budget. Notre budget était à cette époque de près de 200.000 dollars. 80% du financement provenait de mes ressources personnelles. En dépit de la crise, nous avons poursuivi notre activité et continué à dédommager nos athlètes. Mais en vrais dollars, les budgets ont drastiquement baissé. Le budget depuis 2020 est d'environ 70.000 dollars. Sachant qu’aujourd’hui, nous n’avons plus de sponsors du tout. Avant 2019, nous avions des sponsors comme la banque Libano-Francaise, ainsi que des donations privées à hauteur de 3.000 et 5.000 dollars. »

Pour la présidente de l’autre place forte de l’athlétisme libanais (Let’s Run), Marie-Thérèse Saba, la donne est sensiblement similaire: «Avant la crise économique, il y avait plusieurs sources de financement. En effet, nous avions plusieurs sponsors. Après la crise, nous avons eu plus de difficultés à trouver des annonceurs. Nous comptons désormais essentiellement sur la fondation Saradar et quelques sponsors membres du groupe Saradar. Nous organisons aussi une course sur une distance de 10 kilomètres qui est sponsorisée par LIA Assurex. Parmi nos sponsors avant la crise, nous pouvions compter sur Saradar Bank et Saradar Capital holding, mais aussi Virgin et Mc Laren.»

Mohamad Mortada est le détenteur du record du Liban sur 400 mètres. Photo Lebanese Athletics Federation

Les coaches, plus gros poste de dépenses

Les sponsors sont indispensables au développement de ce sport pour couvrir les nombreuses dépenses de fonctionnement. Saba explique que «notre plus grande dépense est celle relative aux salaires des coaches. Nous avons plusieurs coaches dont Georges Assaf, Pia Nehme, Marc Gebran et Rachem Baghdad». De son côté, Bejjani souligne que les dépenses comprennent notamment «les voyages, les chaussures et les frais mensuels des athlètes. Certains athlètes viennent de très loin et nous couvrons leurs frais de transport. On payait avant la crise une rémunération mensuelle de 500 dollars à nos meilleurs athlètes.»


En plus des quatre coaches de Let’s Run, Saba explique que «nous avons également mis en place l’initiative Daoud Moustapha. Daoud étant un coach qui fait du scouting dans les écoles au Nord, et qui nous aide ainsi à trouver des talents. Let’s Run est composé de 42 athlètes d’élite, et compte en tout 150 athlètes, avec une implication qui varie.» Quant à Inter-Lebanon, Bejjani explique qu’il y a «plus de 50 athlètes dans la «alpha team» et plus de 80 sportifs dans la «beta team». Ces derniers ne prennent pas part aux championnats du Liban. Pour accompagner les athlètes, l’équipe comprend un physiothérapeute à «Madine Riyadiye» et un physiothérapeute en dehors, auxquels il faut ajouter 4 coaches et moi.»

L’absence de préparateurs mentaux

Etant donné le contexte économique et les contraintes budgétaires, les clubs semblent faire de leur mieux pour bien encadrer les athlètes et les mettre dans les meilleures dispositions. On peut toutefois déplorer l’absence de préparateurs mentaux et psychologiques dans les structures d'entraînement. Aujourd’hui, ce paramètre est devenu une part prépondérante du sport de haut niveau, et un encadrement mental et psychologique des athlètes, avant et après les épreuves, permettrait aux sportifs de réaliser de meilleures performances.

Pour Saba, «certes nous n’avons pas encore de préparateurs psychologiques ou mentaux mais nous accompagnons de manière optimale nos athlètes pendant toute l’année. Nous respectons nos athlètes. Si un sportif est fatigué, nous ne le forçons jamais à courir. Nous sommes aussi très psychologues lors de contre-performances des athlètes, quand ils sont «dans un jour sans». Nous sommes encore un club jeune et nous envisageons de recruter un préparateur mental à l’avenir.»

A ce sujet, Bejjani explique que «si nous n’avons pas de préparateur mental, c’est que nous ne sommes pas au niveau pour en enrôler. Au stade où nous sommes, nous essayons de les préparer nous-mêmes.»

Aziza Sbeity est la détentrice du record du Liban sur 100 mètres, avec 11 secondes 68. Photo Lebanese Athletics Federation
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