Dans le deuxième volet de sa série, Mondafrique explique comment le trésor de guerre du Hezbollah, basé sur les trafics dans la région, lui a permis de devenir un des principaux partis libanais. La volonté américaine de contenir les trafics de drogue au Liban, au début des années 2010, a pu compter à l’époque sur l’aide décisive du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, devenu depuis la bête noire du Hezbollah et de ses alliés qui en ont fait le bouc émissaire à l’origine de la dégradation de la situation économique. Ce qui n’a pas grand sens quand on considère les multiples raisons qui expliquent la terrible crise économique actuelle. Cette enquête sur les fonds secrets du Hezbollah doit beaucoup aux recherches d’Yves Mamou, un ancien journaliste du Monde, auteur du livre «Hezbollah: le dernier acte», paru en 2014 aux éditions Plein jour.
Un travailleur dans une plantation de cannabis, au village de Yammouneh, dans la région de la Bekaa (Liban)
Israël exhorte régulièrement sa population à refuser de consommer du haschisch pour ne pas alimenter les caisses du Hezbollah. À plusieurs reprises, l’État hébreu a accusé le parti pro-iranien d’être le principal producteur et distributeur du haschisch qui circule – abondamment – en Israël. Hassan Nasrallah a régulièrement écarté ces accusations, reprochant au gouvernement israélien d’exploiter sur le plan politique de banales transactions entre trafiquants libanais et mafieux israéliens. Pourtant les policiers israéliens font observer que compte tenu de la mainmise du Hezbollah sur le Liban-Sud, aucun échange transfrontalier ne peut échapper au contrôle de la formation chiite.
Le Liban est un centre traditionnel de culture et d’exportation du haschisch. Dans la plaine de la Békaa, dans l’est du Liban où le Hezbollah est omniprésent, 5.000 hectares produisent environ 300 tonnes de haschisch par an. Jonathan Spyer, chercheur au Global Research in International Affairs (GLORIA) Center, estime que le Hezbollah retire 180 millions de dollars par an de ce commerce. La production de haschisch est exportée vers l’Europe après satisfaction de la consommation locale.
La DEA américaine en première ligne
Les activités du Hezbollah dans le trafic de drogue auraient, semble-t-il, pris une envergure mondiale. C’est du moins le sentiment de la Drug Enforcement Administration (DEA), l’agence américaine chargée de la lutte contre le trafic de drogue, qui avait signalé dès le début des années 2000 une présence massive de représentants du Hezbollah et de nombreux autres mouvements islamistes dans la zone de la triple frontière en Amérique latine, déjà largement concernée par la contrefaçon.
Le 3 mars 2010, Anthony Placido, secrétaire général de la DEA, déposant devant le sous-comité à la sécurité nationale de la Chambre des représentants à Washington, avait expliqué que les flux de cocaïne sortis de la zone de la triple frontière sont «relativement faibles et ne sont pas une priorité pour la DEA qui cible les dizaines de tonnes qui transitent par les corridors des Caraïbes et de l’Est-Pacifique». «Cependant, le prix de revient moins élevé de la drogue dans cette région engendre des profits important pour des mouvements comme le Hezbollah qui sont toujours en recherche de fonds.»
Anthony Placido ajoutait: «Il est important de noter que les relations entre les trafiquants de drogue et certaines organisations islamistes comme le Hezbollah ne sont pas une menace émergente. Leurs liens ont été remarqués à la fin des années 1980 et au début des années 1990. (…) Nombre de nos rapports indiquent que le produit de la cocaïne acheminée en Europe et au Moyen-Orient finit par atterrir dans les coffres de groupes islamiques radicaux comme le Hezbollah et le Hamas.»
Un défi permanent
Les témoignages, essentiellement d’origine américaine et en provenance de la DEA, ne manquent pas. Ronald E. Brooks, directeur du Regional Intelligence Center pour la Californie du Nord, affirmait, le 12 octobre 2011, devant la commission du Congrès sur la sécurité intérieure qu’une «enquête menée en 2002 par le service de lutte contre les narcotiques sur une organisation basée au Canada a révélé que des ventes de pseudo-éphédrine à des producteurs mexicains de méthamphétamine se sont révélées être une source de financement pour le Hezbollah». À cette occasion, 30 tonnes de pseudo-éphédrine ont été saisies et 370 personnes ont été arrêtées dans douze villes, nombre d’entre elles étant originaires du Moyen-Orient.
Le 9 mai 2006, Karen Pomerantz Tandy, alors chef de la DEA, déclarait à la 24e Conférence de lutte contre la drogue à Montréal que «le trafic de cocaïne demeure un défi permanent». «Nous savons que la zone de la triple frontière est une base pour les trafiquants du Moyen-Orient qui acheminent la cocaïne en Europe et au Moyen-Orient. Plus dérangeant encore, une part de leurs profits termine dans les caisses d’organisations terroristes comme le Hamas ou le Hezbollah». Le 30 mars 2006, Michael Braun, chef des opérations de la DEA, témoignant devant la commission du Congrès sur les relations internationales, réaffirmait les liens entre les trafiquants moyen-orientaux et le Hezbollah. Il précisait qu’«un investissement minimal de 6.000 dollars pour l’achat d’un kilo de cocaïne en Amérique latine génère un revenu de 30.000 dollars en Espagne et jusqu’à 110.000 dollars en Hongrie et en Israël, pour atteindre 150.000 dollars en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à Oman.»
D’autres exemples viennent étayer les thèses américaines. Le 22 juin 2005, la BBC révèle que la police équatorienne a démantelé «un réseau international de trafic de drogue qui finançait le Hezbollah». À la tête de ce réseau, on trouvait un certain Rady Zeaïter restaurateur d’origine libanaise.
En janvier 2010, le Der Spiegel révèle que la police allemande avait arrêté plusieurs ressortissants allemands d’origine libanaise accusés d’avoir transféré des millions d’euros issus du trafic de drogue à leur famille. «La police allemande pense qu’elle a affaire à des militants du Hezbollah qui utilisent le trafic de drogue pour financer leurs activités», souligne le magazine allemand.
L'affaire de la «Lebanese Canadian Bank»
L’affaire de la Lebanese Canadian Bank (LCB) illustre au mieux l’importance du trafic de drogue et du blanchiment de l’argent de la drogue dans les techniques de financement du Hezbollah. La LCB, établissement financier basé à Beyrouth, était depuis 2007 au centre des préoccupations de la DEA, qui tentait d’établir son rôle dans le blanchiment.
Soucieux de transparence, une partie de la communauté financière libanaise a fait appel aux services d’un consultant américain John Ashcroft, ancien ministre de la Justice du gouvernement Bush et spécialiste des lois antiterroristes connues sous le nom de Patriot Act, qu’il a contribué à faire adopter.
Comme l’écrit le New York Times, qui le 13 décembre 2011 révélait l’affaire, «identifier des comptes suspects n’est pas affaire de subjectivité». «Les banques se fondent sur des standards internationaux et des outils informatiques spécifiques. (…) Concernant les actifs de la LCB, les contrôleurs ont passé au peigne fin l’ensemble des transactions sur l’année écoulée. Mais pour ne pas être submergés par des millions d’opérations, ils ont mis l’accent sur les comptes des clients connus pour leurs liens avec le Hezbollah. Ils ont également cherché des comportements bancaires particuliers: dépôts à répétition de sommes importantes en liquide, transferts importants, mais tronçonnés en transactions plus petites, transferts entre entreprises ayant des activités tellement disparates que seul le camouflage pouvait servir de justification ou bien encore mouvements disproportionnés – des dizaines de millions de dollars d’un seul coup – sans rapport avec le business model ou le potentiel commercial du bénéficiaire.»
«Chaque alerte se voyait assigner une valeur allant de 1 à 10. Un compte valorisé de 1 à 2 avait des chances de survivre. Ceux notés entre 8 et 9 faisaient l’objet d’un examen plus approfondi. Finalement, près de deux cents comptes bancaires ont surgi comme étant liés à une immense opération de blanchiment d’argent de la drogue, avec le Hezbollah comme chef d’orchestre selon les officiels américains. Ce réseau complexe de transactions liait encore et encore les mêmes entreprises, puisque toutes dirigées par des hommes d’affaires chiites, la plupart connus pour être proches du Hezbollah». Le circuit de blanchiment était le suivant: des dealers libanais utilisaient l’argent issu du trafic de drogue pour acheter des milliers de voitures d’occasion aux États-Unis dans le but de les revendre en Afrique. L’argent provenant de ces ventes revenait dans les coffres de la Lebanese Canadian Bank augmentée des capitaux issus du trafic de cocaïne avec l’Europe. Une partie des profits auraient, selon les officiels américains, servi à alimenter les caisses du Hezbollah.
La campagne orchestrée contre Riad Salamé doit beaucoup à l’hostilité du Hezbollah depuis que le patron de la Banque du Liban a soutenu les efforts américains pour lutter contre le trafic de drogue dans ce pays.
La campagne orchestrée contre Riad Salamé doit beaucoup à l’hostilité du Hezbollah depuis que le patron de la BDL a soutenu les efforts américains pour lutter contre le trafic de drogue au Liban
De la propagande politique, forcément
Le 20 août 2012, les autorités américaines annonçaient la saisie de 150 millions de dollars sur les comptes d’établissements libanais accusés de blanchiment d’argent au profit du Hezbollah. «Comme nous l’avons dit l’an dernier, la Lebanese Canadian Bank a joué un rôle majeur pour faciliter le blanchiment d’argent au profit d’organisations contrôlées par le Hezbollah à travers le monde», précisait dans un communiqué l’administratrice de la DEA, Michele Leonhardt. Les autorités américaines ont calculé que 483 millions de dollars avaient ainsi été blanchis au profit partiel du Hezbollah.
Dans la foulée, les Américains ont pris en 2015, puis en 2019, des mesures contre deux banques très liées au parti chiite. La Banque du Liban ne s’est pas opposée à ces sanctions qui ont été illustrées par une circulaire. Ces choix ont rendu les relations très tendues entre Riad Salamé et la mouvance politique représentée par le Hezbollah et ses alliés chrétiens (dont l’actuel président libanais Michel Aoun). Ces forces politiques cherchent aujourd’hui à déstabiliser la Banque du Liban rendue coupable de tous les maux que traverse le Liban, afin de placer leurs affidés à la tête du système bancaire libanais.
Le Hezbollah libanais a toujours réfuté ces accusations, affirmant qu’elles ne visaient qu’à «salir» son image. Interrogé par le New York Times, le député Ali Fayad a qualifié les accusations américaines de «propagande politique». «Nous n’avons aucun lien avec la Lebanese Canadian Bank. Les États-Unis persécutent des hommes d’affaires chiites, parce que nous avons gagné la guerre contre Israël», assurait-il.
Un travailleur dans une plantation de cannabis, au village de Yammouneh, dans la région de la Bekaa (Liban)
Israël exhorte régulièrement sa population à refuser de consommer du haschisch pour ne pas alimenter les caisses du Hezbollah. À plusieurs reprises, l’État hébreu a accusé le parti pro-iranien d’être le principal producteur et distributeur du haschisch qui circule – abondamment – en Israël. Hassan Nasrallah a régulièrement écarté ces accusations, reprochant au gouvernement israélien d’exploiter sur le plan politique de banales transactions entre trafiquants libanais et mafieux israéliens. Pourtant les policiers israéliens font observer que compte tenu de la mainmise du Hezbollah sur le Liban-Sud, aucun échange transfrontalier ne peut échapper au contrôle de la formation chiite.
Le Liban est un centre traditionnel de culture et d’exportation du haschisch. Dans la plaine de la Békaa, dans l’est du Liban où le Hezbollah est omniprésent, 5.000 hectares produisent environ 300 tonnes de haschisch par an. Jonathan Spyer, chercheur au Global Research in International Affairs (GLORIA) Center, estime que le Hezbollah retire 180 millions de dollars par an de ce commerce. La production de haschisch est exportée vers l’Europe après satisfaction de la consommation locale.
La DEA américaine en première ligne
Les activités du Hezbollah dans le trafic de drogue auraient, semble-t-il, pris une envergure mondiale. C’est du moins le sentiment de la Drug Enforcement Administration (DEA), l’agence américaine chargée de la lutte contre le trafic de drogue, qui avait signalé dès le début des années 2000 une présence massive de représentants du Hezbollah et de nombreux autres mouvements islamistes dans la zone de la triple frontière en Amérique latine, déjà largement concernée par la contrefaçon.
Le 3 mars 2010, Anthony Placido, secrétaire général de la DEA, déposant devant le sous-comité à la sécurité nationale de la Chambre des représentants à Washington, avait expliqué que les flux de cocaïne sortis de la zone de la triple frontière sont «relativement faibles et ne sont pas une priorité pour la DEA qui cible les dizaines de tonnes qui transitent par les corridors des Caraïbes et de l’Est-Pacifique». «Cependant, le prix de revient moins élevé de la drogue dans cette région engendre des profits important pour des mouvements comme le Hezbollah qui sont toujours en recherche de fonds.»
Anthony Placido ajoutait: «Il est important de noter que les relations entre les trafiquants de drogue et certaines organisations islamistes comme le Hezbollah ne sont pas une menace émergente. Leurs liens ont été remarqués à la fin des années 1980 et au début des années 1990. (…) Nombre de nos rapports indiquent que le produit de la cocaïne acheminée en Europe et au Moyen-Orient finit par atterrir dans les coffres de groupes islamiques radicaux comme le Hezbollah et le Hamas.»
Un défi permanent
Les témoignages, essentiellement d’origine américaine et en provenance de la DEA, ne manquent pas. Ronald E. Brooks, directeur du Regional Intelligence Center pour la Californie du Nord, affirmait, le 12 octobre 2011, devant la commission du Congrès sur la sécurité intérieure qu’une «enquête menée en 2002 par le service de lutte contre les narcotiques sur une organisation basée au Canada a révélé que des ventes de pseudo-éphédrine à des producteurs mexicains de méthamphétamine se sont révélées être une source de financement pour le Hezbollah». À cette occasion, 30 tonnes de pseudo-éphédrine ont été saisies et 370 personnes ont été arrêtées dans douze villes, nombre d’entre elles étant originaires du Moyen-Orient.
Le 9 mai 2006, Karen Pomerantz Tandy, alors chef de la DEA, déclarait à la 24e Conférence de lutte contre la drogue à Montréal que «le trafic de cocaïne demeure un défi permanent». «Nous savons que la zone de la triple frontière est une base pour les trafiquants du Moyen-Orient qui acheminent la cocaïne en Europe et au Moyen-Orient. Plus dérangeant encore, une part de leurs profits termine dans les caisses d’organisations terroristes comme le Hamas ou le Hezbollah». Le 30 mars 2006, Michael Braun, chef des opérations de la DEA, témoignant devant la commission du Congrès sur les relations internationales, réaffirmait les liens entre les trafiquants moyen-orientaux et le Hezbollah. Il précisait qu’«un investissement minimal de 6.000 dollars pour l’achat d’un kilo de cocaïne en Amérique latine génère un revenu de 30.000 dollars en Espagne et jusqu’à 110.000 dollars en Hongrie et en Israël, pour atteindre 150.000 dollars en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et à Oman.»
D’autres exemples viennent étayer les thèses américaines. Le 22 juin 2005, la BBC révèle que la police équatorienne a démantelé «un réseau international de trafic de drogue qui finançait le Hezbollah». À la tête de ce réseau, on trouvait un certain Rady Zeaïter restaurateur d’origine libanaise.
En janvier 2010, le Der Spiegel révèle que la police allemande avait arrêté plusieurs ressortissants allemands d’origine libanaise accusés d’avoir transféré des millions d’euros issus du trafic de drogue à leur famille. «La police allemande pense qu’elle a affaire à des militants du Hezbollah qui utilisent le trafic de drogue pour financer leurs activités», souligne le magazine allemand.
L'affaire de la «Lebanese Canadian Bank»
L’affaire de la Lebanese Canadian Bank (LCB) illustre au mieux l’importance du trafic de drogue et du blanchiment de l’argent de la drogue dans les techniques de financement du Hezbollah. La LCB, établissement financier basé à Beyrouth, était depuis 2007 au centre des préoccupations de la DEA, qui tentait d’établir son rôle dans le blanchiment.
Soucieux de transparence, une partie de la communauté financière libanaise a fait appel aux services d’un consultant américain John Ashcroft, ancien ministre de la Justice du gouvernement Bush et spécialiste des lois antiterroristes connues sous le nom de Patriot Act, qu’il a contribué à faire adopter.
Comme l’écrit le New York Times, qui le 13 décembre 2011 révélait l’affaire, «identifier des comptes suspects n’est pas affaire de subjectivité». «Les banques se fondent sur des standards internationaux et des outils informatiques spécifiques. (…) Concernant les actifs de la LCB, les contrôleurs ont passé au peigne fin l’ensemble des transactions sur l’année écoulée. Mais pour ne pas être submergés par des millions d’opérations, ils ont mis l’accent sur les comptes des clients connus pour leurs liens avec le Hezbollah. Ils ont également cherché des comportements bancaires particuliers: dépôts à répétition de sommes importantes en liquide, transferts importants, mais tronçonnés en transactions plus petites, transferts entre entreprises ayant des activités tellement disparates que seul le camouflage pouvait servir de justification ou bien encore mouvements disproportionnés – des dizaines de millions de dollars d’un seul coup – sans rapport avec le business model ou le potentiel commercial du bénéficiaire.»
«Chaque alerte se voyait assigner une valeur allant de 1 à 10. Un compte valorisé de 1 à 2 avait des chances de survivre. Ceux notés entre 8 et 9 faisaient l’objet d’un examen plus approfondi. Finalement, près de deux cents comptes bancaires ont surgi comme étant liés à une immense opération de blanchiment d’argent de la drogue, avec le Hezbollah comme chef d’orchestre selon les officiels américains. Ce réseau complexe de transactions liait encore et encore les mêmes entreprises, puisque toutes dirigées par des hommes d’affaires chiites, la plupart connus pour être proches du Hezbollah». Le circuit de blanchiment était le suivant: des dealers libanais utilisaient l’argent issu du trafic de drogue pour acheter des milliers de voitures d’occasion aux États-Unis dans le but de les revendre en Afrique. L’argent provenant de ces ventes revenait dans les coffres de la Lebanese Canadian Bank augmentée des capitaux issus du trafic de cocaïne avec l’Europe. Une partie des profits auraient, selon les officiels américains, servi à alimenter les caisses du Hezbollah.
La campagne orchestrée contre Riad Salamé doit beaucoup à l’hostilité du Hezbollah depuis que le patron de la Banque du Liban a soutenu les efforts américains pour lutter contre le trafic de drogue dans ce pays.
La campagne orchestrée contre Riad Salamé doit beaucoup à l’hostilité du Hezbollah depuis que le patron de la BDL a soutenu les efforts américains pour lutter contre le trafic de drogue au Liban
De la propagande politique, forcément
Le 20 août 2012, les autorités américaines annonçaient la saisie de 150 millions de dollars sur les comptes d’établissements libanais accusés de blanchiment d’argent au profit du Hezbollah. «Comme nous l’avons dit l’an dernier, la Lebanese Canadian Bank a joué un rôle majeur pour faciliter le blanchiment d’argent au profit d’organisations contrôlées par le Hezbollah à travers le monde», précisait dans un communiqué l’administratrice de la DEA, Michele Leonhardt. Les autorités américaines ont calculé que 483 millions de dollars avaient ainsi été blanchis au profit partiel du Hezbollah.
Dans la foulée, les Américains ont pris en 2015, puis en 2019, des mesures contre deux banques très liées au parti chiite. La Banque du Liban ne s’est pas opposée à ces sanctions qui ont été illustrées par une circulaire. Ces choix ont rendu les relations très tendues entre Riad Salamé et la mouvance politique représentée par le Hezbollah et ses alliés chrétiens (dont l’actuel président libanais Michel Aoun). Ces forces politiques cherchent aujourd’hui à déstabiliser la Banque du Liban rendue coupable de tous les maux que traverse le Liban, afin de placer leurs affidés à la tête du système bancaire libanais.
Le Hezbollah libanais a toujours réfuté ces accusations, affirmant qu’elles ne visaient qu’à «salir» son image. Interrogé par le New York Times, le député Ali Fayad a qualifié les accusations américaines de «propagande politique». «Nous n’avons aucun lien avec la Lebanese Canadian Bank. Les États-Unis persécutent des hommes d’affaires chiites, parce que nous avons gagné la guerre contre Israël», assurait-il.
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