La commission parlementaire des Finances et du Budget a transmis au Parlement sans l’avoir approuvé le projet de budget 2022. Elle y a apporté certains ajustements en annulant 27 articles, amendant 37 et suspendant 14. La plupart des articles suspendus concernent l’imposition de taxes et d’impôts. Cela ne change en rien au fond du problème. Le débat budgétaire est simplement une perte de temps.
Par définition, les chiffres d’un budget annuel sont des chiffres prévisionnels portant sur les dépenses et les ressources. Le texte est aussi censé refléter la politique et la vision financières et économiques du gouvernement. Mais comment effectuer des prévisions alors que la valeur de la monnaie nationale est en chute libre et le taux de change du billet vert, sur lequel est indexé la livre, varie sensiblement d’un secteur économique à l’autre?
Comment faire des pronostics pour l’année en cours même si elle touche à sa fin? L’État continue à dépenser sur base de la règle du douzième provisoire, en violation flagrante de la Constitution. D’ailleurs, cette règle n’en est plus une, car le gouvernement a dépassé de loin les limites des dépenses autorisées par celle-ci. Sinon comment aurait-il pu octroyer des aides «colossales, mais inefficientes», en livres évidemment, à tous les fonctionnaires de l’administration publique, y compris l'armée et les services de sécurité, pour ne citer qu’un seul exemple. Quant à la politique et à la vision officielles en matière de redressement économique ou de rationalisation de la politique financière, il vaut mieux ne pas les commenter...
Cinq heures de discussions
Par où commencer pour régler la crise qui entame bientôt sa quatrième année? Pendant cinq heures, un groupe d'experts du Fonds monétaire international a rencontré le ministre sortant des Finances, Youssef Al-Khalil, le vice-Premier ministre sortant, Saadé Chami, et le directeur p.i. du ministère des Finances publiques, George Al-Maarawi. Ce long entretien a porté sur les moyens possibles à mettre en œuvre pour améliorer les revenus du Trésor, ainsi que sur les politiques fiscales susceptibles de s’adapter aux multiples taux de change, en attendant la possibilité de les unifier. L’objectif ultime, pour le moment, est de permettre à l’État de jouer son rôle, en assurant à la population les services de base, sociaux et de santé, pour une vie décente. Cinq heures de pourparlers, mais sans aucun acquis pour le moment. Le carrousel de l’establishment politique, ses atermoiements incompréhensibles, sa langue de bois, ses règlements de comptes n’augurent toujours rien de bon.
Des années sans budget
Le Liban a été gouverné sans budget pendant douze années consécutives, de 2006 à 2017.
La gestion des affaires publiques a été faite sur base de la règle du douzième provisoire. Quant à la clôture des comptes, elle n’a pas été effectuée depuis 1993, une entorse à la loi qui a porté un énorme préjudice aux finances de l’État. Quant aux budgets de 2006, 2007, 2009 et 2010, la Chambre n’a pas accepté de recevoir les projets de budgets qui lui ont été transmis dans les délais pour des raisons de politiques politiciennes, faisant fi de l’intérêt suprême de l’État. Depuis 1993, la Cour des comptes s'est apparemment préoccupée du contrôle préalable des dépenses sans aucun intérêt pour le contrôle ultérieur de celles-ci.
Gouverner sans budget est devenu au fil des ans la règle et non l’exception au Liban. Une aberration dans un pays qui se respecte, mais que les forces politiques trouvaient normale. Le chef du CPL, Gebran Bassil, avait même trouvé le moyen de s'en vanter sur le ton de la plaisanterie alors qu'il représentait le Liban, en sa qualité de ministre des Affaires étrangères, au Forum économique mondial de Davos en janvier 2019, huit mois avant que les premiers signes de l’effondrement économique et financier ne commencent à se manifester sérieusement. «Nous devrions peut-être apprendre à la Grande-Bretagne et aux États-Unis à gérer le pays sans budget car le Liban s'adapte à chaque situation difficile», avait-il lancé en souriant à la journaliste de CNN, Becky Anderson, en marge du Forum, la laissant sans voix. Elle l’interrogeait sur la situation économique au Liban «au bord de la ruine» et sur l’absence de gouvernement à l’époque. «Je ne pense pas que notre économie soit tellement mauvaise. Il s’agit d’une petite économie et le peuple libanais a un esprit d’initiative et est plein de ressources», avait-il commenté. On connaît la suite…
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’à partir de jeudi, les députés passeront au crible le projet de budget mort-né à des fins politiciennes et populistes. Mais il serait plus utile pour le pays de faire passer au plus vite ce budget en dépit de toutes des lacunes, de faire une croix sur le passé, de trouver les moyens d’éponger une partie de la dette avec les moyens de bord, selon l’ancien ministre Camille Abou Sleiman. L’avocat et ancien ministre a estimé, dans une déclaration à la presse, que le sauvetage du Liban est encore possible. Mais il faut passer à l’action.
Par définition, les chiffres d’un budget annuel sont des chiffres prévisionnels portant sur les dépenses et les ressources. Le texte est aussi censé refléter la politique et la vision financières et économiques du gouvernement. Mais comment effectuer des prévisions alors que la valeur de la monnaie nationale est en chute libre et le taux de change du billet vert, sur lequel est indexé la livre, varie sensiblement d’un secteur économique à l’autre?
Comment faire des pronostics pour l’année en cours même si elle touche à sa fin? L’État continue à dépenser sur base de la règle du douzième provisoire, en violation flagrante de la Constitution. D’ailleurs, cette règle n’en est plus une, car le gouvernement a dépassé de loin les limites des dépenses autorisées par celle-ci. Sinon comment aurait-il pu octroyer des aides «colossales, mais inefficientes», en livres évidemment, à tous les fonctionnaires de l’administration publique, y compris l'armée et les services de sécurité, pour ne citer qu’un seul exemple. Quant à la politique et à la vision officielles en matière de redressement économique ou de rationalisation de la politique financière, il vaut mieux ne pas les commenter...
Cinq heures de discussions
Par où commencer pour régler la crise qui entame bientôt sa quatrième année? Pendant cinq heures, un groupe d'experts du Fonds monétaire international a rencontré le ministre sortant des Finances, Youssef Al-Khalil, le vice-Premier ministre sortant, Saadé Chami, et le directeur p.i. du ministère des Finances publiques, George Al-Maarawi. Ce long entretien a porté sur les moyens possibles à mettre en œuvre pour améliorer les revenus du Trésor, ainsi que sur les politiques fiscales susceptibles de s’adapter aux multiples taux de change, en attendant la possibilité de les unifier. L’objectif ultime, pour le moment, est de permettre à l’État de jouer son rôle, en assurant à la population les services de base, sociaux et de santé, pour une vie décente. Cinq heures de pourparlers, mais sans aucun acquis pour le moment. Le carrousel de l’establishment politique, ses atermoiements incompréhensibles, sa langue de bois, ses règlements de comptes n’augurent toujours rien de bon.
Des années sans budget
Le Liban a été gouverné sans budget pendant douze années consécutives, de 2006 à 2017.
La gestion des affaires publiques a été faite sur base de la règle du douzième provisoire. Quant à la clôture des comptes, elle n’a pas été effectuée depuis 1993, une entorse à la loi qui a porté un énorme préjudice aux finances de l’État. Quant aux budgets de 2006, 2007, 2009 et 2010, la Chambre n’a pas accepté de recevoir les projets de budgets qui lui ont été transmis dans les délais pour des raisons de politiques politiciennes, faisant fi de l’intérêt suprême de l’État. Depuis 1993, la Cour des comptes s'est apparemment préoccupée du contrôle préalable des dépenses sans aucun intérêt pour le contrôle ultérieur de celles-ci.
Gouverner sans budget est devenu au fil des ans la règle et non l’exception au Liban. Une aberration dans un pays qui se respecte, mais que les forces politiques trouvaient normale. Le chef du CPL, Gebran Bassil, avait même trouvé le moyen de s'en vanter sur le ton de la plaisanterie alors qu'il représentait le Liban, en sa qualité de ministre des Affaires étrangères, au Forum économique mondial de Davos en janvier 2019, huit mois avant que les premiers signes de l’effondrement économique et financier ne commencent à se manifester sérieusement. «Nous devrions peut-être apprendre à la Grande-Bretagne et aux États-Unis à gérer le pays sans budget car le Liban s'adapte à chaque situation difficile», avait-il lancé en souriant à la journaliste de CNN, Becky Anderson, en marge du Forum, la laissant sans voix. Elle l’interrogeait sur la situation économique au Liban «au bord de la ruine» et sur l’absence de gouvernement à l’époque. «Je ne pense pas que notre économie soit tellement mauvaise. Il s’agit d’une petite économie et le peuple libanais a un esprit d’initiative et est plein de ressources», avait-il commenté. On connaît la suite…
Quoi qu’il en soit, il est certain qu’à partir de jeudi, les députés passeront au crible le projet de budget mort-né à des fins politiciennes et populistes. Mais il serait plus utile pour le pays de faire passer au plus vite ce budget en dépit de toutes des lacunes, de faire une croix sur le passé, de trouver les moyens d’éponger une partie de la dette avec les moyens de bord, selon l’ancien ministre Camille Abou Sleiman. L’avocat et ancien ministre a estimé, dans une déclaration à la presse, que le sauvetage du Liban est encore possible. Mais il faut passer à l’action.
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