Tout est dans le titre. Mais tout n’est pas dans le titre aussi. Si les thèmes de cette Biennale tournent autour de la fragilité et de la vulnérabilité des êtres, des fondements et du monde, le Liban, dans toutes ses blessures, ses faiblesses, ses créativités et ses forces aussi est très présent.
Le fil est là. Il n’est pas aussi ténu que les fils de soie, même s’il est aussi délicat. À leur manière, résonnant avec le thème de cette Biennale qui s’articule sur trois explorations à travers 12 lieux mythiques de la ville de Lyon, 202 artistes venus de 40 pays, conviés par les commissaires de l’exposition, Sam Bardawil et Till Fellrath, ont choisi de montrer toute la force qu’on pourrait tirer de se savoir si vulnérables… dans nos êtres mêmes ou nos mondes propres, où qu’ils se situent.
Les trois voyages que nous sommes invités à entreprendre nous transporteront bien au-delà de la découverte visuelle. Nous irons dans l’Histoire bien sûr, pierre de résonance de la création artistique mais aussi dans ce que chaque œuvre aura pris et gardé de cette époque qui, comme le disent les commissaires de l’exposition, foisonne «des craintes liées aux changements climatiques, aux destructions consécutives, aux guerres, aux bouleversements engendrés par les maladies et les pandémies, ou aux situations de précarité des personnes marginalisées dans notre société. La fragilité est également formellement et conceptuellement au cœur de la création artistique et constitue le fil conducteur de toutes les expos et des artistes participants. Cette Biennale propose un manifeste collectif qui affirme la fragilité comme intrinsèquement liée à une forme de résistance qui nous permet de réimaginer notre avenir. »
Ouvrons grands les yeux et le cœur, dilatons nos pensées, allons à la recherche de nos forces et nos faiblesses et à la découverte de ces divers modes et mondes de pensée et arpentons le parcours extraordinaire en trois temps que cette Biennale nous invite à explorer et à vivre.
Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet s’inspire de l’histoire d’une fileuse de soie de Lyon qui, ayant pris part à la révolte des canuts en 1834, a été envoyée en prison, en est sortie quelques années plus tard, a été recrutée par un homme de main du grand marchand Nicolas Portalis et a entrepris en 1839/40 un voyage périlleux à bord de l’Héliopolis depuis Marseille jusqu’aux usines de soie du Mont-Liban, à Btater spécifiquement. Après avoir témoigné dans une lettre à sa sœur de la précarité de ses conditions de vie, elle disparait sans laisser de traces.
L’exposition lui redonne vie et surtout la réincarne en plusieurs personnages connus ou méconnus qui traverseront les siècles, les difficultés, les problématiques de chaque époque et, à leur manière, se rebelleront contre l’ordre établi d’une fatalité rouleau compresseur.
« Brouillant les frontières entre réalité et fiction, entre documentation et narration, l’exposition est divisée en 7 sections qui racontent chacune l’histoire d’un individu imaginé comme une manifestation différente de Louise Brunet. » Avec plus de 70 contributeurs entre artistes, éditeurs et collectionneurs.
Fil d’Ariane rebelle du reste du voyage que l’on entreprend dans cette Biennale, Louise va découvrir Beyrouth en 1840. Une ville où il existe déjà un lien historique avec Lyon reposant sur le commerce de la soie au 19ᵉ siècle. En mettant un pied sur le débarcadère du port de Beyrouth, nous entrons de plain-pied donc dans la suite du parcours. Une période riche en événements qui vont modeler l’avenir de la région, dessiner les contours d’une ville qui traversera les soubresauts de l’Histoire et bouillonnera de cette énergie créatrice et foisonnante de tensions et d’idéologies qui aboutiront à cette brève suspension du temps que l’on nommera l’âge d’or, temps où tout était possible et où Beyrouth semblait se réinventer sans cesse, dans une créativité qui n’avait pas de limites.
Beyrouth et les Golden sixties. La gorge se noue dans cet espace du Musée d’art contemporain de la ville de Lyon. Beyrouth est là, en grand, en très grand. Les énormes photos noir et blanc, les vidéos d’archives vont nous entraîner dans l’insouciance des jours, le faste des nuits, mais aussi les antagonismes et les tensions, les armes et les milices avec, en superposition, le jaillissement de la scène artistique comme un volcan que rien ne peut calmer. Peintres et sculpteurs, galeries et espaces artistiques, 230 œuvres réalisées par 34 artistes et plus de 300 documents d’archives provenant de 40 prêteurs du monde entier.
Beyrouth se dévoile, surprend, charme et inspire. «Une ville à elle seule un manifeste de la fragilité.» L’émotion est bien là. Car qui regarde ce foisonnement intarissable de cette créativité heureuse sait que Beyrouth après a pris le statut de ville assiégée, meurtrie, essayant depuis longtemps de ne pas se faire oublier.
Et depuis Beyrouth, fil d’Ariane complexe mais évident, la Biennale s’ouvre sur le reste du monde. Un monde d’une promesse infinie examine les complexités de la fragilité et de la résistance à travers une profusion d’œuvres d’artistes et de créateurs couvrant trois millénaires. Aller à la recherche de leurs œuvres, de la manière dont ils auront choisi d’exprimer leurs vulnérabilités, mais aussi leurs forces de résistance face à la fragilité d’un monde en bascule, c’est explorer plus de 12 lieux mythiques de la ville, musées, gares, usines désaffectées, parcs et espaces publics, et chercher partout «ces invitations à la contemplation et ces appels à l’action. Le moment est venu peut-être plus que jamais de chercher les réponses à nos problèmes en collaboration avec notre communauté artistique mondiale. Ces deux positions apparemment irréconciliables partent d’une bonne intention. Pourtant c’est au cœur de cette contradiction manifeste que se trouve peut-être l’unique vérité universellement ressentie de notre monde divisé: notre fragilité. Et c’est exactement ici que commence la promesse d’un monde véritablement transformé.»
Il faut du temps pour vivre cette Biennale. Il faut du temps aussi pour absorber les émotions diverses rencontrées lors des découvertes, des parcours et des expériences. D’autres mots vont suivre dans un article à venir pour raconter l’extraordinaire créativité des nombreux Libanais présents. Mais déjà savoir que de Beyrouth au reste du monde, cette fragilité nous touche tous, tous liés par ce fil d’Ariane qui nous conduira de notre précarité à un monde réimaginé.
Le fil est là. Il n’est pas aussi ténu que les fils de soie, même s’il est aussi délicat. À leur manière, résonnant avec le thème de cette Biennale qui s’articule sur trois explorations à travers 12 lieux mythiques de la ville de Lyon, 202 artistes venus de 40 pays, conviés par les commissaires de l’exposition, Sam Bardawil et Till Fellrath, ont choisi de montrer toute la force qu’on pourrait tirer de se savoir si vulnérables… dans nos êtres mêmes ou nos mondes propres, où qu’ils se situent.
Les trois voyages que nous sommes invités à entreprendre nous transporteront bien au-delà de la découverte visuelle. Nous irons dans l’Histoire bien sûr, pierre de résonance de la création artistique mais aussi dans ce que chaque œuvre aura pris et gardé de cette époque qui, comme le disent les commissaires de l’exposition, foisonne «des craintes liées aux changements climatiques, aux destructions consécutives, aux guerres, aux bouleversements engendrés par les maladies et les pandémies, ou aux situations de précarité des personnes marginalisées dans notre société. La fragilité est également formellement et conceptuellement au cœur de la création artistique et constitue le fil conducteur de toutes les expos et des artistes participants. Cette Biennale propose un manifeste collectif qui affirme la fragilité comme intrinsèquement liée à une forme de résistance qui nous permet de réimaginer notre avenir. »
Ouvrons grands les yeux et le cœur, dilatons nos pensées, allons à la recherche de nos forces et nos faiblesses et à la découverte de ces divers modes et mondes de pensée et arpentons le parcours extraordinaire en trois temps que cette Biennale nous invite à explorer et à vivre.
Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet s’inspire de l’histoire d’une fileuse de soie de Lyon qui, ayant pris part à la révolte des canuts en 1834, a été envoyée en prison, en est sortie quelques années plus tard, a été recrutée par un homme de main du grand marchand Nicolas Portalis et a entrepris en 1839/40 un voyage périlleux à bord de l’Héliopolis depuis Marseille jusqu’aux usines de soie du Mont-Liban, à Btater spécifiquement. Après avoir témoigné dans une lettre à sa sœur de la précarité de ses conditions de vie, elle disparait sans laisser de traces.
L’exposition lui redonne vie et surtout la réincarne en plusieurs personnages connus ou méconnus qui traverseront les siècles, les difficultés, les problématiques de chaque époque et, à leur manière, se rebelleront contre l’ordre établi d’une fatalité rouleau compresseur.
« Brouillant les frontières entre réalité et fiction, entre documentation et narration, l’exposition est divisée en 7 sections qui racontent chacune l’histoire d’un individu imaginé comme une manifestation différente de Louise Brunet. » Avec plus de 70 contributeurs entre artistes, éditeurs et collectionneurs.
Fil d’Ariane rebelle du reste du voyage que l’on entreprend dans cette Biennale, Louise va découvrir Beyrouth en 1840. Une ville où il existe déjà un lien historique avec Lyon reposant sur le commerce de la soie au 19ᵉ siècle. En mettant un pied sur le débarcadère du port de Beyrouth, nous entrons de plain-pied donc dans la suite du parcours. Une période riche en événements qui vont modeler l’avenir de la région, dessiner les contours d’une ville qui traversera les soubresauts de l’Histoire et bouillonnera de cette énergie créatrice et foisonnante de tensions et d’idéologies qui aboutiront à cette brève suspension du temps que l’on nommera l’âge d’or, temps où tout était possible et où Beyrouth semblait se réinventer sans cesse, dans une créativité qui n’avait pas de limites.
Beyrouth et les Golden sixties. La gorge se noue dans cet espace du Musée d’art contemporain de la ville de Lyon. Beyrouth est là, en grand, en très grand. Les énormes photos noir et blanc, les vidéos d’archives vont nous entraîner dans l’insouciance des jours, le faste des nuits, mais aussi les antagonismes et les tensions, les armes et les milices avec, en superposition, le jaillissement de la scène artistique comme un volcan que rien ne peut calmer. Peintres et sculpteurs, galeries et espaces artistiques, 230 œuvres réalisées par 34 artistes et plus de 300 documents d’archives provenant de 40 prêteurs du monde entier.
Beyrouth se dévoile, surprend, charme et inspire. «Une ville à elle seule un manifeste de la fragilité.» L’émotion est bien là. Car qui regarde ce foisonnement intarissable de cette créativité heureuse sait que Beyrouth après a pris le statut de ville assiégée, meurtrie, essayant depuis longtemps de ne pas se faire oublier.
Et depuis Beyrouth, fil d’Ariane complexe mais évident, la Biennale s’ouvre sur le reste du monde. Un monde d’une promesse infinie examine les complexités de la fragilité et de la résistance à travers une profusion d’œuvres d’artistes et de créateurs couvrant trois millénaires. Aller à la recherche de leurs œuvres, de la manière dont ils auront choisi d’exprimer leurs vulnérabilités, mais aussi leurs forces de résistance face à la fragilité d’un monde en bascule, c’est explorer plus de 12 lieux mythiques de la ville, musées, gares, usines désaffectées, parcs et espaces publics, et chercher partout «ces invitations à la contemplation et ces appels à l’action. Le moment est venu peut-être plus que jamais de chercher les réponses à nos problèmes en collaboration avec notre communauté artistique mondiale. Ces deux positions apparemment irréconciliables partent d’une bonne intention. Pourtant c’est au cœur de cette contradiction manifeste que se trouve peut-être l’unique vérité universellement ressentie de notre monde divisé: notre fragilité. Et c’est exactement ici que commence la promesse d’un monde véritablement transformé.»
Il faut du temps pour vivre cette Biennale. Il faut du temps aussi pour absorber les émotions diverses rencontrées lors des découvertes, des parcours et des expériences. D’autres mots vont suivre dans un article à venir pour raconter l’extraordinaire créativité des nombreux Libanais présents. Mais déjà savoir que de Beyrouth au reste du monde, cette fragilité nous touche tous, tous liés par ce fil d’Ariane qui nous conduira de notre précarité à un monde réimaginé.
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