L'Australie n'enverra aucun représentant de son gouvernement aux Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022, rejoignant le "boycott diplomatique" déclaré lundi par les Etats-Unis, a annoncé mercredi le Premier ministre Scott Morrison.
"L'Australie ne reviendra pas sur la position ferme qu'elle a adoptée pour défendre ses intérêts, et il n'est évidemment pas surprenant que nous n'envoyions pas d'officiels australiens à ces Jeux", a-t-il déclaré.
Cette décision, qui n'empêche pas les athlètes de participer aux Jeux, intervient au lendemain de l'annonce par les Etats-Unis de leur "boycott diplomatique" au nom de la défense des droits humains, plus particulièrement la situation au Xinjiang que Washington considère comme un génocide de la minorité ouïghoure. Pékin a immédiatement rétorqué que "les Etats-Unis paieront le prix de leur mauvais coup".
Des groupes de défense des droits de l'Homme ont salué la décision de Canberra.
Sophie Richardson, directrice de Human Rights Watch en Chine, l'a qualifiée d'"étape cruciale vers la remise en cause des crimes contre l'humanité commis par le gouvernement chinois à l'encontre des Ouïghours et des autres communautés turques".
Selon les militants, au moins un million de Ouïghours et d'autres minorités turcophones, principalement musulmanes, sont incarcérés dans des camps au Xinjiang. La Chine est accusée d'y stériliser de force les femmes et d'imposer un travail forcé.
Pékin affirme que les camps sont en fait des centres de formation professionnelle destinés à éloigner leurs pensionnaires de la radicalisation.
Les relations entre l'Australie et la Chine se sont fortement dégradées ces dernières années. La Chine a pris une série de sanctions sur des produits australiens dans le cadre d'un conflit politique qui a plongé les relations bilatérales dans leur plus grave crise depuis Tiananmen (1989).
La Chine a notamment été irritée par les décisions australiennes concernant l'ingérence étrangère, l'interdiction d'octroyer des contrats 5G à Huawei, et la demande d'une enquête indépendante sur les origines de la pandémie de coronavirus.
La décision de l'Australie d'équiper sa marine de sous-marins à propulsion nucléaire dans le cadre d'un nouveau pacte de défense avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, largement considéré comme une tentative de contrer l'influence chinoise dans la région du Pacifique, a également suscité l'ire de Pékin.
De plus, au moins deux Australiens sont actuellement détenus en Chine: le journaliste Cheng Lei depuis plus d'un an, et l'universitaire Yang Jun, en procès pour espionnage.
M. Morrison a assuré que Canberra "a toujours été ouvert" aux discussions avec Pékin, mais que ses tentatives ont été rejetées par le géant économique. "Le gouvernement chinois n'a jamais accepté que nous nous rencontrions pour discuter de ces questions", a-t-il avancé.
"La déclaration de l'Australie selon laquelle elle n'enverra pas d'officiels aux Jeux olympiques va à l'encontre de son attente publiquement exprimée d'améliorer les relations entre la Chine et l'Australie", a de son côté déclaré un porte-parole de l'ambassade de Chine à Canberra dans un communiqué.
"L'Australie est une grande nation sportive et je fais une distinction très nette entre les questions sportives et politiques. Ce sont des problèmes entre deux gouvernements. Et j'aimerais que ces questions soient résolues", a avancé pour sa part Scott Morrison.
Le Comité olympique australien (AOC) a déclaré qu'il respectait la décision du gouvernement, ajoutant qu'elle n'aurait pas d'impact sur les préparatifs de l'équipe australienne.
"L'AOC est très attentif à ce que les membres de l'équipe puissent se rendre en Chine en toute sécurité, étant donné la complexité de l'environnement liée au coronavirus", a souligné son directeur général Matt Carroll. "Amener les athlètes à Pékin en toute sécurité, les faire concourir en toute sécurité et les ramener en toute sécurité à la maison reste notre plus grand défi".
Environ 40 athlètes australiens devraient participer aux Jeux de Pékin, qui s'ouvriront le 4 février.
AFP
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