Frida Kahlo, au-delà des apparences, exposition qui se donne à voir jusqu'en mars 2023 au palais Galliera à Paris, a pour ambition de tisser des liens entre les objets personnels de l'artiste et son art.
Le palais Galliera, musée de la mode, présente jusqu'en mars 2023 l’exposition Frida Kahlo, au-delà des apparences. Femme exceptionnelle ayant marqué son siècle non seulement par son art mais aussi par sa façon d’être et de penser, laisse derrière elle des peintures criantes de couleurs et de formes, d’autoportraits uniques, mais aussi une révolution du genre, de l’être, des idées. Plus de 200 objets personnels de Frida sont exposés au public, révélant ainsi, à travers sa personnalité, ses choix vestimentaires, son art.
L’une des artistes les plus renommées du XXe siècle, Frida Kahlo est une femme qui a aboli toutes les frontières; des couleurs, des formes, de la douleur, des relations, ses propres frontières, et donc les frontières personnelles. «Je ne suis pas malade. Je suis brisée. Mais je me sens heureuse de continuer à vivre, tant qu’il me sera possible de peindre», affirme-t-elle.
Ainsi, peinture, passion et liberté ponctuèrent ses 47 ans, en plus de son sérieux accident à la colonne vertébrale et sa relation tumultueuse avec son homme, Diego Riviera. «Tu n'as pas compris ce que je suis. Je suis l'amour. Je suis le plaisir. Je suis l'essence. Je suis une idiote. Je suis tenace. Je suis. Je suis tout simplement.» Des mots qui restent ancrés, signés Frida.
Frida Kahlo, au-delà des apparences a pour ambition de tisser des liens entre les objets personnels de l'artiste et son art. «Nous voulons nous éloigner de l'exotisme qui l'entoure, et que les gens puissent voir qu'elle est bien plus qu'une simple commodité ou image», affirme la commissaire de l'exposition, Circe Henestrosa. Cette exposition est inédite à Paris, où l'artiste s'est rendue en 1939 à la suite de l'invitation de son ami André Breton. Mais elle a déjà voyagé à Londres, San Francisco, New York et à chaque fois, la commissaire l'adapte en fonction de la ville.
Il y a ses célèbres corsets en plâtre peint, ses tenues de Tehuana, ses médicaments, ses cosmétiques, mais aussi des créations Givenchy ou Erdem inspirées par elle: jamais une exposition à Paris n'a fait revivre autant l'univers de Frida Kahlo. Que reste-t-il encore à découvrir sur cette artiste superstar, à l'image souvent surexploitée? Pour la capitale de la mode, sont présentées des créations signées Alexander McQueen, Jean-Paul Gaultier ou encore Valentino, directement inspirées du style Frida.
On retrouve une robe avec une cape rappelant le resplandor, cette coiffe d'inspiration religieuse portée par les femmes de Tehuantepec dans l'État mexicain d'Oaxaca; ainsi que des jupes, tuniques, combinaisons ornées de fleurs, tulles et strass, et même des corsets en métal. Mais le clou de l'exposition reste les effets personnels, que le public pourra voir pour la première fois. Avec d'innombrables photos, télégrammes et lettres, ils avaient été exposés pour la première il y a dix ans à la Casa Azul, sa maison natale, où pendant cinquante ansm son mari, le peintre Diego Rivera, les avaient gardés dans une malle.
Une jambe prothétique avec une botte ornée de broderies chinoises, portée après l'amputation de sa jambe droite; un corset orthopédique qui ressemble fortement à celui dans son tableau La Colonne brisée, des corsets peints, dont l'un portant la faucille et le marteau, rappelant ses convictions communistes, des colliers précolombiens, mais aussi des médicaments, témoins de ses souffrances physiques après sa polio et un grave accident de bus.
«On ne montre rien que Frida Kahlo n'a pas voulu montrer elle-même», explique la commissaire qui dit avoir voulu s'«éloigner du discours des années 80 qui insistait plus sur la victimisation de Kahlo et de son corps». «Elle a bien sûr beaucoup souffert physiquement, mais on voit à travers cette exposition comment elle utilisait la peinture comme un moyen de convalescence et de production créative», ajoute-t-elle. «Elle se peignait comme elle s'habillait, elle se faisait photographier comme elle se peignait», poursuit Circe Henestrosa. «Les corsets peints, c'est un acte de rébellion, elle les a convertis en une seconde peau... et pourquoi porter une prothèse laide? Elle allait en faire une botte esthétique, c'est tellement moderne.»
De nombreuses tenues, notamment ses célèbres jupes brodées traditionnelles et ses huipils, tuniques sans manches, sont exposées, aux côtés d'une poignée de tableaux, dont Le Cadre, première acquisition d'une œuvre d'un artiste mexicain par l'État français, en 1939. Cette année-là, il y a près d’un siècle, Frida, invitée par André Breton à Paris, remporte un succès d’estime.
Actuellement, son autoportrait en aluminium, dans un cadre de 28,5 × 20,7 cm en bois peint, est exposé au centre Pompidou. «Je peins des autoportraits parce que je me sens si souvent seule, parce que je suis la personne que je connais le mieux», déclare-t-elle un jour.
Frida Kahlo (1907-1954) se serait-elle «appropriée» les tenues originaires de l'isthme de Tehuantepec, où elle n'a pourtant jamais mis les pieds? «Non, c'est son propre héritage, du côté maternel», explique la commissaire en référence à la mère de Frida, une métisse d'origine espagnole et indigène de Oaxaca, proche de l'isthme. Non seulement elle en était fière, mais elle «a choisi les robes de Tehuana qui viennent d'une société matriarcale dans l'isthme, pour évoquer une femme forte [...], alors que la mode au Mexique dans les années 30, c'était Paris», ajoute encore Mme Henestrosa.
Féministe, cultivant son côté androgyne, «elle perdure, car elle a pu briser beaucoup de tabous à travers son corps; évoquant handicap, convictions politiques et son identité non binaire bien avant les débats d'aujourd'hui», dit-elle.
Marie-Christine Tayah
Avec AFP
Le palais Galliera, musée de la mode, présente jusqu'en mars 2023 l’exposition Frida Kahlo, au-delà des apparences. Femme exceptionnelle ayant marqué son siècle non seulement par son art mais aussi par sa façon d’être et de penser, laisse derrière elle des peintures criantes de couleurs et de formes, d’autoportraits uniques, mais aussi une révolution du genre, de l’être, des idées. Plus de 200 objets personnels de Frida sont exposés au public, révélant ainsi, à travers sa personnalité, ses choix vestimentaires, son art.
L’une des artistes les plus renommées du XXe siècle, Frida Kahlo est une femme qui a aboli toutes les frontières; des couleurs, des formes, de la douleur, des relations, ses propres frontières, et donc les frontières personnelles. «Je ne suis pas malade. Je suis brisée. Mais je me sens heureuse de continuer à vivre, tant qu’il me sera possible de peindre», affirme-t-elle.
Ainsi, peinture, passion et liberté ponctuèrent ses 47 ans, en plus de son sérieux accident à la colonne vertébrale et sa relation tumultueuse avec son homme, Diego Riviera. «Tu n'as pas compris ce que je suis. Je suis l'amour. Je suis le plaisir. Je suis l'essence. Je suis une idiote. Je suis tenace. Je suis. Je suis tout simplement.» Des mots qui restent ancrés, signés Frida.
Frida Kahlo, au-delà des apparences a pour ambition de tisser des liens entre les objets personnels de l'artiste et son art. «Nous voulons nous éloigner de l'exotisme qui l'entoure, et que les gens puissent voir qu'elle est bien plus qu'une simple commodité ou image», affirme la commissaire de l'exposition, Circe Henestrosa. Cette exposition est inédite à Paris, où l'artiste s'est rendue en 1939 à la suite de l'invitation de son ami André Breton. Mais elle a déjà voyagé à Londres, San Francisco, New York et à chaque fois, la commissaire l'adapte en fonction de la ville.
Il y a ses célèbres corsets en plâtre peint, ses tenues de Tehuana, ses médicaments, ses cosmétiques, mais aussi des créations Givenchy ou Erdem inspirées par elle: jamais une exposition à Paris n'a fait revivre autant l'univers de Frida Kahlo. Que reste-t-il encore à découvrir sur cette artiste superstar, à l'image souvent surexploitée? Pour la capitale de la mode, sont présentées des créations signées Alexander McQueen, Jean-Paul Gaultier ou encore Valentino, directement inspirées du style Frida.
On retrouve une robe avec une cape rappelant le resplandor, cette coiffe d'inspiration religieuse portée par les femmes de Tehuantepec dans l'État mexicain d'Oaxaca; ainsi que des jupes, tuniques, combinaisons ornées de fleurs, tulles et strass, et même des corsets en métal. Mais le clou de l'exposition reste les effets personnels, que le public pourra voir pour la première fois. Avec d'innombrables photos, télégrammes et lettres, ils avaient été exposés pour la première il y a dix ans à la Casa Azul, sa maison natale, où pendant cinquante ansm son mari, le peintre Diego Rivera, les avaient gardés dans une malle.
Une jambe prothétique avec une botte ornée de broderies chinoises, portée après l'amputation de sa jambe droite; un corset orthopédique qui ressemble fortement à celui dans son tableau La Colonne brisée, des corsets peints, dont l'un portant la faucille et le marteau, rappelant ses convictions communistes, des colliers précolombiens, mais aussi des médicaments, témoins de ses souffrances physiques après sa polio et un grave accident de bus.
«On ne montre rien que Frida Kahlo n'a pas voulu montrer elle-même», explique la commissaire qui dit avoir voulu s'«éloigner du discours des années 80 qui insistait plus sur la victimisation de Kahlo et de son corps». «Elle a bien sûr beaucoup souffert physiquement, mais on voit à travers cette exposition comment elle utilisait la peinture comme un moyen de convalescence et de production créative», ajoute-t-elle. «Elle se peignait comme elle s'habillait, elle se faisait photographier comme elle se peignait», poursuit Circe Henestrosa. «Les corsets peints, c'est un acte de rébellion, elle les a convertis en une seconde peau... et pourquoi porter une prothèse laide? Elle allait en faire une botte esthétique, c'est tellement moderne.»
De nombreuses tenues, notamment ses célèbres jupes brodées traditionnelles et ses huipils, tuniques sans manches, sont exposées, aux côtés d'une poignée de tableaux, dont Le Cadre, première acquisition d'une œuvre d'un artiste mexicain par l'État français, en 1939. Cette année-là, il y a près d’un siècle, Frida, invitée par André Breton à Paris, remporte un succès d’estime.
Actuellement, son autoportrait en aluminium, dans un cadre de 28,5 × 20,7 cm en bois peint, est exposé au centre Pompidou. «Je peins des autoportraits parce que je me sens si souvent seule, parce que je suis la personne que je connais le mieux», déclare-t-elle un jour.
Frida Kahlo (1907-1954) se serait-elle «appropriée» les tenues originaires de l'isthme de Tehuantepec, où elle n'a pourtant jamais mis les pieds? «Non, c'est son propre héritage, du côté maternel», explique la commissaire en référence à la mère de Frida, une métisse d'origine espagnole et indigène de Oaxaca, proche de l'isthme. Non seulement elle en était fière, mais elle «a choisi les robes de Tehuana qui viennent d'une société matriarcale dans l'isthme, pour évoquer une femme forte [...], alors que la mode au Mexique dans les années 30, c'était Paris», ajoute encore Mme Henestrosa.
Féministe, cultivant son côté androgyne, «elle perdure, car elle a pu briser beaucoup de tabous à travers son corps; évoquant handicap, convictions politiques et son identité non binaire bien avant les débats d'aujourd'hui», dit-elle.
Marie-Christine Tayah
Avec AFP
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