Ils nous ont accordé une interview à deux voix. Ils collaboraient déjà ensemble depuis vingt ans ou depuis «un peu moins qu’une éternité». Mais pour la première fois, Hagop Derghougassian met en scène Josyane Boulos. «La fille qui aimait Julio» est seule sur scène et joue une panoplie de personnages: Julio Iglesias, le guide à Pompéi, son père, la dame de la banque, le gynécologue, le vendeur tunisien…
Josyane Boulos s’est lancée dans le théâtre dans la quarantaine et, depuis, elle n’a plus lâché. Actuellement directrice du théâtre Monnot, elle redevient incessamment et passionnément actrice, et nous joue sa propre vie avec générosité et humour.
Comment est née l'idée de cette pièce?
En février, j’étais en train d’écrire une autre pièce dans laquelle nous étions supposés jouer, Hagop et moi, et que j’espère un jour terminer. Alors que j’écrivais, l’inspiration m’est venue pour une tout autre pièce. Jamais de ma vie je n’aurais pensé pouvoir écrire un «seule-en-scène» parce que je me considérais incapable d’écrire un texte sans dialogue, mais le premier jet d’une trentaine de pages est sorti. J’en suis à ma onzième version du texte actuellement et c’est cette version-là que l’on joue. C’est une histoire qui relate des épisodes de ma vie parallèlement à l’Histoire du Liban. Tout débute avec ma rencontre avec Julio Iglesias en 1980, parce que c’est cette rencontre-là m’a prouvé que quand je veux je peux. Parfois quand on s’arme de courage, on peut arriver très loin dans la vie. En fait, le courage de continuer, de rester debout, constitue le sujet de la pièce.
En combien de temps avez-vous écrit la pièce?
Dix jours pour ce qui est du premier jet. Je me suis étonnée moi-même. Jamais je n’ai écrit aussi vite, mais l’inspiration me venait. Au fur et à mesure de relectures, au fur et à mesure du jeu, j’ai ajouté ou effacé, réécrit et amélioré certains passages. Aussi, après avoir débuté les représentations, j’ai écouté les conseils de professionnels amis et réécrit quelques passages de la pièce. On en est à la structure finale maintenant. Si des phrases me viennent en journée, je les ajoute le soir!
Qu’est-ce qui vous est venu en premier? L’idée de monter une pièce ou le texte?
Les deux, simultanément. Pour le titre, l’idée trottait dans ma tête depuis longtemps. Je me disais que si un jour j'écris mon autobiographie, le titre ne saura être autre que «La fille qui aimait Julio», parce que cette histoire est vraiment sympathique et sort de l’ordinaire. Elle reflète qui je suis.
Qu’en est-il de la scénographie?
C’est Roula, mon assistante, architecte d’intérieur, qui s’en est chargée. Je savais que le lieu serait ma chambre, que je fêterais le jour de mes 60 ans. Je m’apprêterais donc à sortir avec mes amis. Tout en me maquillant, je raconte ma vie au public. La scénographie a été travaillée avec Roula Melki et Charbel Abi Nader qui ont trouvé ce qui me ressemblait le plus. Ils sont arrivés à trouver la parfaite ambiance que je recherchais ainsi que les couleurs que je voulais. De plus, le metteur en scène m’a aussi laissé prendre une douche à la lumière de l’eau et de l’électricité au Liban!
Retenez-vous rapidement votre texte?
Je retiens assez rapidement, ce qui n’était pas le cas à l’école; j’ai mes propres moyens mnémotechniques et puis je répète mon texte tout le temps, en marchant, en conduisant… mon texte devient mon souffle. Quand je joue un autre personnage, toute ma vie devient celle de quelqu’un d’autre dans mon quotidien et j'ai du mal à redevenir Josyane.
Avez-vous toujours le trac?
Toujours! Je ne me calme que vers la fin du projet, lorsque j'ai le sentiment que tout est bon… Dix jours avant la pièce, je me remets toujours en question… Et puis avant de rentrer sur scène, je tourne en rond comme une toupie.
Être seule en scène et jouer avec les autres, c'est quoi la différence pour vous?
La solitude dans les coulisses. Pendant au moins une demi-heure, je suis seule. Sur scène, on joue avec le public, on oublie qu'on est seul… mais dans les coulisses, c’est la solitude de l’acteur.
Pourquoi avoir choisi Hagop comme metteur en scène?
Parce qu’il est un très bon ami et que j’ai déjà vu ses mises en scènes pour des seul-en-scène, ce qui est beaucoup plus délicat comme travail. Travailler avec une seule personne et imaginer une activité continue sur scène. Il me fait bouger tout au long de la pièce! Il m’a aussi beaucoup appris sur la respiration en sortant le texte. J’ai suivi ses conseils de jeu aveuglément.
Hagop, quelle a été votre première impression après avoir lu le texte de Josyane?
C'est un texte très amusant; il a remué en moi la nostalgie du Liban des années 80-70. J’ai donné mon accord sans aucune hésitation.
Sur quel point fort de Josyane vous êtes-vous appuyé pour la mise en scène? Ou bien c’est elle qui vous a suivi dans votre vision?
J’ai donné deux ou trois directions d’acteur, à part les déplacements; bien respirer, surtout s’amuser sur scène pour casser le quatrième mur, marquer les différents personnages, observer leur temps et leurs S (silences). Par ailleurs, j’ai moi-même suivi Josyane dans son énergie.
Vous êtes à la fois metteur en scène et concepteur de lumière. Est-ce facile de jongler entre les deux?
C’est difficile, quand on est concepteur lumière, de jouer seulement le rôle de metteur en scène. J’avais en tête une certaine vision pour la lumière que j’ai partagée avec Mohammad Farhat, puis je lui ai demandé de créer son concept comme il le voulait, mais j’ai exigé que certains éléments du décor y figurent.
Un message de vous deux aux amoureux du théâtre?
«Faites du théâtre, dit Josyane! L’important est de réaliser ses envies.» «Vouloir c’est pouvoir, renchérit Hagop. Si tu veux vivre, fais du théâtre.»
Leur passion est tellement contagieuse qu’on y va de ce pas!
Quelles sont les pièces en cours au théâtre Monnot?
Au théâtre Monnot, en ce moment, La Fille qui aimait Julio, mais aussi la semaine des petites pièces, afin d’encourager les jeunes diplômés de l’Université libanaise qui jouent deux comédies amusantes: «Pour un même décor, deux pièces, un ticket.» On se donne rendez-vous?
Josyane Boulos s’est lancée dans le théâtre dans la quarantaine et, depuis, elle n’a plus lâché. Actuellement directrice du théâtre Monnot, elle redevient incessamment et passionnément actrice, et nous joue sa propre vie avec générosité et humour.
Comment est née l'idée de cette pièce?
En février, j’étais en train d’écrire une autre pièce dans laquelle nous étions supposés jouer, Hagop et moi, et que j’espère un jour terminer. Alors que j’écrivais, l’inspiration m’est venue pour une tout autre pièce. Jamais de ma vie je n’aurais pensé pouvoir écrire un «seule-en-scène» parce que je me considérais incapable d’écrire un texte sans dialogue, mais le premier jet d’une trentaine de pages est sorti. J’en suis à ma onzième version du texte actuellement et c’est cette version-là que l’on joue. C’est une histoire qui relate des épisodes de ma vie parallèlement à l’Histoire du Liban. Tout débute avec ma rencontre avec Julio Iglesias en 1980, parce que c’est cette rencontre-là m’a prouvé que quand je veux je peux. Parfois quand on s’arme de courage, on peut arriver très loin dans la vie. En fait, le courage de continuer, de rester debout, constitue le sujet de la pièce.
En combien de temps avez-vous écrit la pièce?
Dix jours pour ce qui est du premier jet. Je me suis étonnée moi-même. Jamais je n’ai écrit aussi vite, mais l’inspiration me venait. Au fur et à mesure de relectures, au fur et à mesure du jeu, j’ai ajouté ou effacé, réécrit et amélioré certains passages. Aussi, après avoir débuté les représentations, j’ai écouté les conseils de professionnels amis et réécrit quelques passages de la pièce. On en est à la structure finale maintenant. Si des phrases me viennent en journée, je les ajoute le soir!
Qu’est-ce qui vous est venu en premier? L’idée de monter une pièce ou le texte?
Les deux, simultanément. Pour le titre, l’idée trottait dans ma tête depuis longtemps. Je me disais que si un jour j'écris mon autobiographie, le titre ne saura être autre que «La fille qui aimait Julio», parce que cette histoire est vraiment sympathique et sort de l’ordinaire. Elle reflète qui je suis.
Qu’en est-il de la scénographie?
C’est Roula, mon assistante, architecte d’intérieur, qui s’en est chargée. Je savais que le lieu serait ma chambre, que je fêterais le jour de mes 60 ans. Je m’apprêterais donc à sortir avec mes amis. Tout en me maquillant, je raconte ma vie au public. La scénographie a été travaillée avec Roula Melki et Charbel Abi Nader qui ont trouvé ce qui me ressemblait le plus. Ils sont arrivés à trouver la parfaite ambiance que je recherchais ainsi que les couleurs que je voulais. De plus, le metteur en scène m’a aussi laissé prendre une douche à la lumière de l’eau et de l’électricité au Liban!
Retenez-vous rapidement votre texte?
Je retiens assez rapidement, ce qui n’était pas le cas à l’école; j’ai mes propres moyens mnémotechniques et puis je répète mon texte tout le temps, en marchant, en conduisant… mon texte devient mon souffle. Quand je joue un autre personnage, toute ma vie devient celle de quelqu’un d’autre dans mon quotidien et j'ai du mal à redevenir Josyane.
Avez-vous toujours le trac?
Toujours! Je ne me calme que vers la fin du projet, lorsque j'ai le sentiment que tout est bon… Dix jours avant la pièce, je me remets toujours en question… Et puis avant de rentrer sur scène, je tourne en rond comme une toupie.
Être seule en scène et jouer avec les autres, c'est quoi la différence pour vous?
La solitude dans les coulisses. Pendant au moins une demi-heure, je suis seule. Sur scène, on joue avec le public, on oublie qu'on est seul… mais dans les coulisses, c’est la solitude de l’acteur.
Pourquoi avoir choisi Hagop comme metteur en scène?
Parce qu’il est un très bon ami et que j’ai déjà vu ses mises en scènes pour des seul-en-scène, ce qui est beaucoup plus délicat comme travail. Travailler avec une seule personne et imaginer une activité continue sur scène. Il me fait bouger tout au long de la pièce! Il m’a aussi beaucoup appris sur la respiration en sortant le texte. J’ai suivi ses conseils de jeu aveuglément.
Hagop, quelle a été votre première impression après avoir lu le texte de Josyane?
C'est un texte très amusant; il a remué en moi la nostalgie du Liban des années 80-70. J’ai donné mon accord sans aucune hésitation.
Sur quel point fort de Josyane vous êtes-vous appuyé pour la mise en scène? Ou bien c’est elle qui vous a suivi dans votre vision?
J’ai donné deux ou trois directions d’acteur, à part les déplacements; bien respirer, surtout s’amuser sur scène pour casser le quatrième mur, marquer les différents personnages, observer leur temps et leurs S (silences). Par ailleurs, j’ai moi-même suivi Josyane dans son énergie.
Vous êtes à la fois metteur en scène et concepteur de lumière. Est-ce facile de jongler entre les deux?
C’est difficile, quand on est concepteur lumière, de jouer seulement le rôle de metteur en scène. J’avais en tête une certaine vision pour la lumière que j’ai partagée avec Mohammad Farhat, puis je lui ai demandé de créer son concept comme il le voulait, mais j’ai exigé que certains éléments du décor y figurent.
Un message de vous deux aux amoureux du théâtre?
«Faites du théâtre, dit Josyane! L’important est de réaliser ses envies.» «Vouloir c’est pouvoir, renchérit Hagop. Si tu veux vivre, fais du théâtre.»
Leur passion est tellement contagieuse qu’on y va de ce pas!
Quelles sont les pièces en cours au théâtre Monnot?
Au théâtre Monnot, en ce moment, La Fille qui aimait Julio, mais aussi la semaine des petites pièces, afin d’encourager les jeunes diplômés de l’Université libanaise qui jouent deux comédies amusantes: «Pour un même décor, deux pièces, un ticket.» On se donne rendez-vous?
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