Les élections brésiliennes prévues le dimanche 2 octobre seront le théâtre d'un duel entre l’actuel chef de l'État Jair Bolsonaro et l’ancien président Luiz Inacio "Lula" da Silva, dans un pays fortement marqué par la crise économique.
Les élections brésiliennes auront lieu ce dimanche 2 octobre ainsi que, en cas de second tour, le 30 octobre. Deux candidats majeurs s’opposent : l’actuel président Jair Bolsonaro, qui brigue un second mandat, et l’ancien président Lula, désormais blanchi de ses affaires de corruption. L’économie sera au centre de ces élections, alors que le Brésil souffre d’une sévère crise économique, aggravée par la pandémie du Covid-19. En tout, douze candidats s’affronteront pour les élections brésiliennes, mais l’attention reste largement portée sur le duel entre Bolsonaro et Lula.
L’ancien président Lula a dirigé le Brésil de 2003 à 2011. Il avait été emprisonné pour des affaires de corruption peu avant les élections de 2018, une décision de justice qui avait surpris par sa rapidité. Ses condamnations ont été annulées en 2021, lui permettant de retrouver ses droits politiques. Lula compte sur l’aura de ses deux précédents mandats, marqués par une certaine croissance économique et une stabilité, pour promouvoir sa candidature.
Côté politique, il s’appuie sur des idées déjà gagnantes lors de ses précédentes candidatures: un programme très social basé sur la lutte contre la faim, la préservation de l’environnement, la lutte contre la déforestation en Amazonie et une amélioration de l’image du Brésil à l’international. Rien de nouveau donc, mais Lula souhaite utiliser sa grande popularité et ses mandats durant les années dorées du Brésil pour remporter les prochaines élections.
Cependant, son parti politique, le Parti des travailleurs, a perdu son ancrage local malgré une forte popularité au niveau national. Le nombre de municipalités détenues par le parti a radicalement diminué entre 2012 et 2020, passant de 644 à 183. Seul l’aura des leaders nationaux comme Lula permet ainsi au parti de conserver une assise nationale. Pour s’assurer une victoire contre l’actuel président, Lula s'est par conséquent rapproché des autres partis démocratiques pour former une sorte de coalition anti-Bolsonaro.
Après un premier mandat de quatre ans, l’actuel président brésilien Jair Bolsonaro souhaite effectuer un second mandat à la tête du pays. À la peine dans les sondages et largement critiqué pour sa gestion de la pandémie du Covid-19, ainsi que pour ses déclarations fracassantes, l’actuel président tente cependant de redorer son blason pour séduire le public. Il espère retrouver une force électorale grâce à la mise en place d’aides sociales approuvées par le Parlement brésilien. Pour ce faire, il a amendé la Constitution afin d'autoriser l'augmentation des dépenses publiques durant la période électorale.
Le Brésil est le second pays le plus endeuillé au monde par la pandémie du Covid-19, avec près de 700.000 morts. L’environnement est par ailleurs le talon d'Achille du mandat Bolsonaro. Un mandat marqué par des déforestations, des feux de forêt et des extractions illégales de ressources en Amazonie. Néanmoins, avec l’accalmie de la pandémie, le taux de popularité de l'actuel président remonte progressivement et se rapproche de celui de son adversaire. Bolsonaro souhaite en outre récupérer le soutien des Évangéliques, qui avaient particulièrement contribué à son élection en 2018.
Violents incendies en Amazonie (AFP)
Après une gestion catastrophique de la pandémie et une crise économique, le Brésil sombre de plus en plus dans la pauvreté. Les prix des denrées alimentaires sont de plus en plus élevés, l’inflation galopante et la crise économique affectent des millions de Brésiliens, alors que plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire.
Ainsi, depuis 2020, le Brésil est de retour sur la « carte de la faim » établi par l’ONU, qu’il avait quitté en 2014. À la différence des élections de 2018, dont la priorité des votants était la lutte contre la corruption, l’économie est au centre des priorités dans ces nouvelles élections.
Les sondages donnent le candidat Lula largement vainqueur des élections. Cependant, l’écart se resserre et les nouvelles aides sociales décidées par Bolsonaro pourraient changer la donne. Le départ de la campagne présidentielle a été lancé le 16 août et les deux candidats ont tenu à marquer cette date d’une manière particulière.
Ainsi, le président Bolsonaro a choisi de commencer sa campagne dans la ville de Juiz de Fora, où il avait été poignardé par un déséquilibré. Dans son discours aux accents messianiques, il a promis de poursuivre son combat dans ses domaines de prédilection, tels que la lutte contre l’inflation, l’avortement et la drogue, brandissant la menace « communiste » en cas de sa défaite électorale. De son côté, l’ancien président Lula a inauguré sa campagne électorale dans une usine automobile près de São Paulo, où il était tourneur fraiseur, rappelant ainsi ses origines modestes.
En pleine période électorale, les affiches des deux principaux candidats monopolisent les rues du Brésil. (AFP)
Lors d’un débat télévisé, les deux candidats se sont affrontés à couteaux tirés. Face à un Bolsonaro accusant son adversaire d’être l’homme « le plus corrompu de l'histoire du Brésil », Lula a répliqué en rappelant qu'il a été condamné pour des « raisons politiques ». L’institut de sondage Datafolha a publié un nouveau bilan le 16 septembre, donnant 45% des intentions de vote à Lula contre 33% pour Bolsonaro. Un résultat stable par rapport aux dernières semaines, mais qui s’est resserré par rapport au début de la campagne.
Ainsi, malgré une avance confortable dans les sondages, Lula doit compter sur une large coalition allant de l’extrême gauche à la droite pour espérer remporter les élections. À l'heure actuelle, rien n’est encore joué.
La communauté évangélique brésilienne, qui représente environ 30% de la population et qui est en forte croissance, avait eu un poids important lors des élections de 2018. En effet, 70% des évangéliques déclaraient soutenir Jair Bolsonaro.
"L'actuel président s’était 'converti' à l’évangélisme en se faisant baptiser, dans une mise en scène spectaculaire, dans le Jourdain en 2016. C’était un acte totalement prémédité et, en 2018, il a été soutenu par toute une partie des classes moyennes qui voyaient en Lula quelqu’un qui leur avait fait perdre leur place privilégiée au sein de la société inégalitaire», explique à Ici Beyrouth Marion Aubrée, anthropologue au Centre de Recherches sur le Brésil colonial et contemporain.
En 2018, 70% des évangéliques déclaraient soutenir Jair Bolsonaro (AFP)
Quatre ans après, la donne semble avoir changé. « Il est cependant toujours appuyé par 10 à 15 % des évangéliques, mais c’est très peu », ajoute-t-elle. Fort de ce constat, le président Lula tente de conquérir leurs suffrages. Dans cette optique, il a organisé plusieurs réunions avec des pasteurs influents. «Lula a longtemps bénéficié de l’appui de l’Église catholique dans la mesure où, en tant que politicien, il est partisan de la Théologie de la Libération », souligne Marion Aubrée, rappelant que les catholiques « qui continuent d'être majoritaires, ont été choqués par plusieurs prises de positions de Bolsonaro ».
De son côté, l’actuel président souhaite récupérer l'ancien soutien massif des évangéliques. Selon un sondage datant de juin 2022 établi par l’institut de sondage Datafolha, seul 36% des évangéliques veulent renouveler leur vote pour Bolsonaro. La défection d’une partie de cet électorat s’explique par le poids de la crise économique et de l’inflation qui touche durement les populations les plus pauvres.
Les élections brésiliennes auront lieu ce dimanche 2 octobre ainsi que, en cas de second tour, le 30 octobre. Deux candidats majeurs s’opposent : l’actuel président Jair Bolsonaro, qui brigue un second mandat, et l’ancien président Lula, désormais blanchi de ses affaires de corruption. L’économie sera au centre de ces élections, alors que le Brésil souffre d’une sévère crise économique, aggravée par la pandémie du Covid-19. En tout, douze candidats s’affronteront pour les élections brésiliennes, mais l’attention reste largement portée sur le duel entre Bolsonaro et Lula.
Le retour de Lula
L’ancien président Lula a dirigé le Brésil de 2003 à 2011. Il avait été emprisonné pour des affaires de corruption peu avant les élections de 2018, une décision de justice qui avait surpris par sa rapidité. Ses condamnations ont été annulées en 2021, lui permettant de retrouver ses droits politiques. Lula compte sur l’aura de ses deux précédents mandats, marqués par une certaine croissance économique et une stabilité, pour promouvoir sa candidature.
Côté politique, il s’appuie sur des idées déjà gagnantes lors de ses précédentes candidatures: un programme très social basé sur la lutte contre la faim, la préservation de l’environnement, la lutte contre la déforestation en Amazonie et une amélioration de l’image du Brésil à l’international. Rien de nouveau donc, mais Lula souhaite utiliser sa grande popularité et ses mandats durant les années dorées du Brésil pour remporter les prochaines élections.
Cependant, son parti politique, le Parti des travailleurs, a perdu son ancrage local malgré une forte popularité au niveau national. Le nombre de municipalités détenues par le parti a radicalement diminué entre 2012 et 2020, passant de 644 à 183. Seul l’aura des leaders nationaux comme Lula permet ainsi au parti de conserver une assise nationale. Pour s’assurer une victoire contre l’actuel président, Lula s'est par conséquent rapproché des autres partis démocratiques pour former une sorte de coalition anti-Bolsonaro.
Bolsonaro candidat à sa réélection malgré un bilan mitigé
Après un premier mandat de quatre ans, l’actuel président brésilien Jair Bolsonaro souhaite effectuer un second mandat à la tête du pays. À la peine dans les sondages et largement critiqué pour sa gestion de la pandémie du Covid-19, ainsi que pour ses déclarations fracassantes, l’actuel président tente cependant de redorer son blason pour séduire le public. Il espère retrouver une force électorale grâce à la mise en place d’aides sociales approuvées par le Parlement brésilien. Pour ce faire, il a amendé la Constitution afin d'autoriser l'augmentation des dépenses publiques durant la période électorale.
Le Brésil est le second pays le plus endeuillé au monde par la pandémie du Covid-19, avec près de 700.000 morts. L’environnement est par ailleurs le talon d'Achille du mandat Bolsonaro. Un mandat marqué par des déforestations, des feux de forêt et des extractions illégales de ressources en Amazonie. Néanmoins, avec l’accalmie de la pandémie, le taux de popularité de l'actuel président remonte progressivement et se rapproche de celui de son adversaire. Bolsonaro souhaite en outre récupérer le soutien des Évangéliques, qui avaient particulièrement contribué à son élection en 2018.
Violents incendies en Amazonie (AFP)
Après une gestion catastrophique de la pandémie et une crise économique, le Brésil sombre de plus en plus dans la pauvreté. Les prix des denrées alimentaires sont de plus en plus élevés, l’inflation galopante et la crise économique affectent des millions de Brésiliens, alors que plus de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire.
Ainsi, depuis 2020, le Brésil est de retour sur la « carte de la faim » établi par l’ONU, qu’il avait quitté en 2014. À la différence des élections de 2018, dont la priorité des votants était la lutte contre la corruption, l’économie est au centre des priorités dans ces nouvelles élections.
Lula favori des sondages
Les sondages donnent le candidat Lula largement vainqueur des élections. Cependant, l’écart se resserre et les nouvelles aides sociales décidées par Bolsonaro pourraient changer la donne. Le départ de la campagne présidentielle a été lancé le 16 août et les deux candidats ont tenu à marquer cette date d’une manière particulière.
Ainsi, le président Bolsonaro a choisi de commencer sa campagne dans la ville de Juiz de Fora, où il avait été poignardé par un déséquilibré. Dans son discours aux accents messianiques, il a promis de poursuivre son combat dans ses domaines de prédilection, tels que la lutte contre l’inflation, l’avortement et la drogue, brandissant la menace « communiste » en cas de sa défaite électorale. De son côté, l’ancien président Lula a inauguré sa campagne électorale dans une usine automobile près de São Paulo, où il était tourneur fraiseur, rappelant ainsi ses origines modestes.
En pleine période électorale, les affiches des deux principaux candidats monopolisent les rues du Brésil. (AFP)
Lors d’un débat télévisé, les deux candidats se sont affrontés à couteaux tirés. Face à un Bolsonaro accusant son adversaire d’être l’homme « le plus corrompu de l'histoire du Brésil », Lula a répliqué en rappelant qu'il a été condamné pour des « raisons politiques ». L’institut de sondage Datafolha a publié un nouveau bilan le 16 septembre, donnant 45% des intentions de vote à Lula contre 33% pour Bolsonaro. Un résultat stable par rapport aux dernières semaines, mais qui s’est resserré par rapport au début de la campagne.
Ainsi, malgré une avance confortable dans les sondages, Lula doit compter sur une large coalition allant de l’extrême gauche à la droite pour espérer remporter les élections. À l'heure actuelle, rien n’est encore joué.
Importance de la communauté évangélique
La communauté évangélique brésilienne, qui représente environ 30% de la population et qui est en forte croissance, avait eu un poids important lors des élections de 2018. En effet, 70% des évangéliques déclaraient soutenir Jair Bolsonaro.
"L'actuel président s’était 'converti' à l’évangélisme en se faisant baptiser, dans une mise en scène spectaculaire, dans le Jourdain en 2016. C’était un acte totalement prémédité et, en 2018, il a été soutenu par toute une partie des classes moyennes qui voyaient en Lula quelqu’un qui leur avait fait perdre leur place privilégiée au sein de la société inégalitaire», explique à Ici Beyrouth Marion Aubrée, anthropologue au Centre de Recherches sur le Brésil colonial et contemporain.
En 2018, 70% des évangéliques déclaraient soutenir Jair Bolsonaro (AFP)
Quatre ans après, la donne semble avoir changé. « Il est cependant toujours appuyé par 10 à 15 % des évangéliques, mais c’est très peu », ajoute-t-elle. Fort de ce constat, le président Lula tente de conquérir leurs suffrages. Dans cette optique, il a organisé plusieurs réunions avec des pasteurs influents. «Lula a longtemps bénéficié de l’appui de l’Église catholique dans la mesure où, en tant que politicien, il est partisan de la Théologie de la Libération », souligne Marion Aubrée, rappelant que les catholiques « qui continuent d'être majoritaires, ont été choqués par plusieurs prises de positions de Bolsonaro ».
De son côté, l’actuel président souhaite récupérer l'ancien soutien massif des évangéliques. Selon un sondage datant de juin 2022 établi par l’institut de sondage Datafolha, seul 36% des évangéliques veulent renouveler leur vote pour Bolsonaro. La défection d’une partie de cet électorat s’explique par le poids de la crise économique et de l’inflation qui touche durement les populations les plus pauvres.
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