Une personnalité chiite au Liban, entretenant des contacts permanents avec des responsables irakiens, affirme que le conflit en cours en Irak qui oppose les deux courants chiites, dont l’un est fidèle à l’Iran alors que l’autre est relativement indépendant vis-à-vis de Téhéran, pourrait être perçu comme politique. Tandis que le fond du problème n’est autre qu’une lutte visant à soumettre l’instance religieuse irakienne de Najaf à celle de Qom, en Iran.
Cette personnalité, qui se trouvait à Bagdad lors des affrontements qui ont opposé les partisans du dignitaire chiite Moqtada al-Sadr à ceux du «cadre de la coordination» (alliance qui regroupe les factions pro-iraniennes), a évoqué lors de son entretien avec Ici Beyrouth le phénomène frappant que représentent les slogans hostiles à l’influence iranienne, tels que «l’Iran dehors, l’Irak libre». Ce phénomène est d’autant plus manifeste dans les quartiers à prédominance chiite et s'étend de la capitale irakienne et sa banlieue jusqu’au sud de l’Irak. Et si l’on venait à comparer la situation entre l’Irak et le Liban, force est de constater que le Hezbollah a réussi à interdire tout slogan opposé à l’Iran, fût-il à ses dépens. Selon la source en question, ce contraste entre les deux pays est dû au fait que la présence iranienne au Liban, depuis 1982 à ce jour, a toujours été couverte par le Hezbollah.
Toutefois, la géographie fait que la situation diffère en Irak, puisque l'Irak et l'Iran sont deux pays voisins, délimités par des centaines de kilomètres de frontières communes qui créent des chevauchements à tous les niveaux.
D’ailleurs, cette source indique que des familles chiites en Irak commémorent jusqu’à présent le décès de certains de leurs membres tués pendant la guerre Iran-Irak dans les années 80, lorsque Saddam Hussein avait envahi l'Iran qui était alors gouverné par le fondateur de la république islamique, l'imam Khomeini.
Moqtada al-Sadr fait d’ailleurs partie des personnalités irakiennes avec lesquelles la source libanaise susmentionnée conserve des relations, sachant que Sadr est l’un des dirigeants les plus éminents d’Irak, et son courant politique l’un des plus influents. Selon les informations avancées par cette source, Sadr, qui maintient de bonnes relations avec l'Iran, aurait informé qui de droit qu'il refusait que Téhéran traite avec lui de la même manière qu’elle le fait avec ses opposants au sein de la communauté chiite, à savoir l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. En d’autres termes, Sadr estime que si Téhéran désire communiquer au niveau politique avec les chiites d’Irak, elle devrait le faire avec lui, et non le traiter comme une faction politique chiite lambda en Irak. Cependant, Téhéran, qui ne voit pas les choses du même œil, n’a pas usé de son influence pour répondre aux exigences de Sadr concernant notamment les élections anticipées.
Cela dit, non seulement Téhéran a fait la sourde oreille au mouvement politique de Sadr, mais elle a eu recours de surcroît à sa carte de pression religieuse en incitant le grand ayatollah Kazem Husseini Haeri, qui réside dans la ville sainte de Qom en Iran, à renoncer à sa fonction de dignitaire religieux en prétextant la maladie et son âge avancé, et à demander de faire allégeance au guide suprême de la révolution iranienne, Ali Khamenei, selon le communiqué officiel publié à Téhéran. À noter que Haeri est considéré comme proche du courant sadriste. Cela n’a pas pour autant empêché sa volte-face qui a profité à la plus haute instance religieuse iranienne, sachant que cette dernière se trouve aux antipodes de l’Irak sur les plans politique (représenté par Sadr) et religieux (représenté par l’ayatollah Ali Sistani, basé dans la ville de Najaf en Irak). En effet, Ali Sistani n’est autre que la principale autorité religieuse chiite reconnue depuis l'Inde et le Pakistan en passant par l'Irak, le Liban et d'autres contrées qui suivent le chiisme duodécimain prédominant dans le monde.
La personnalité chiite libanaise explique le revirement de Haeri par le fait que ce dernier réside à Qom, en Iran, où l'influence du régime iranien prévaut depuis la victoire de la révolution de Khomeini en 1979. Cette influence était inexistante du temps du Shah Mohammad Reza Pahlavi, au regard de l’indépendance de Qom vis-à-vis du système politique. Preuve en est que Qom a été le fer de lance dans le renversement du régime du Shah.
Partant, vers où l’Irak se dirige-t-il désormais? Si l'Irak tient encore debout, c’est en grande partie grâce à son énorme richesse pétrolière, selon le New York Times. Une manne qui ne profite pas à la plupart des Irakiens qui doivent faire face à des coupures d’électricité au quotidien, sans compter l'état de délabrement de leurs écoles et leur manque de soins médicaux, voire d'eau salubre.
Le mois dernier, le ministre des Finances, Ali Allaoui, a démissionné en avertissant que le pays avait atteint des niveaux de corruption effrayants, lesquels épuisent les ressources de l'Irak et constituent une menace existentielle pour le pays. Dans sa lettre de démission adressée au Premier ministre, Moustapha Kazimi, Allaoui fait état des nombreux réseaux secrets de hauts fonctionnaires, d’hommes d’affaires et de politiciens corrompus qui travaillent dans l’ombre pour contrôler des secteurs entiers de l’économie et soustraire des milliards de dollars au trésor public. Et d'ajouter: «Ces gigantesques corruption et tromperie tentaculaires ont atteint tous les secteurs de l’économie et les institutions du pays; il faut impérativement y mettre un terme; il y va de la survie du pays».
À ce sujet, l’historien irakien Saad Iskandar affirme que «l'Irak est désormais considéré un État en faillite, tant sur les plans intérieur qu’extérieur, ainsi qu’au niveau politique et sécuritaire. Le gouvernement irakien est incapable d’imposer son autorité sur son territoire et sur sa population. L'instabilité de l'Irak remonte à la période antérieure au renversement de Saddam Hussein. Tout a débuté lorsque le pays a perdu le contrôle d’une partie de ses frontières et de son territoire lors de la guerre Iran-Irak. Néanmoins, le seul moyen pour que le pays puisse survivre consiste à changer les dirigeants via un renouveau générationnel.»
Quant à l’interlocuteur chiite libanais qui s’est entretenu avec Ici Beyrouth, il considère qu’à la lumière des bouleversements profonds qui ont secoué l’Irak durant les deux dernières décennies, le pays est devenu une arène de lutte visant à définir l'identité de sa majorité chiite. Il s’agit à présent de savoir si l’Iran l’emportera en faisant de Qom la référence de cette majorité chiite, ou si la balance penchera au profit du courant représenté par Moqtada al-Sadr et, par conséquent, du maintien de Najaf comme référence. Pour l’interlocuteur, il ne fait aucun doute que Najaf sortira victorieuse de ce bras de fer.
Cette personnalité, qui se trouvait à Bagdad lors des affrontements qui ont opposé les partisans du dignitaire chiite Moqtada al-Sadr à ceux du «cadre de la coordination» (alliance qui regroupe les factions pro-iraniennes), a évoqué lors de son entretien avec Ici Beyrouth le phénomène frappant que représentent les slogans hostiles à l’influence iranienne, tels que «l’Iran dehors, l’Irak libre». Ce phénomène est d’autant plus manifeste dans les quartiers à prédominance chiite et s'étend de la capitale irakienne et sa banlieue jusqu’au sud de l’Irak. Et si l’on venait à comparer la situation entre l’Irak et le Liban, force est de constater que le Hezbollah a réussi à interdire tout slogan opposé à l’Iran, fût-il à ses dépens. Selon la source en question, ce contraste entre les deux pays est dû au fait que la présence iranienne au Liban, depuis 1982 à ce jour, a toujours été couverte par le Hezbollah.
Toutefois, la géographie fait que la situation diffère en Irak, puisque l'Irak et l'Iran sont deux pays voisins, délimités par des centaines de kilomètres de frontières communes qui créent des chevauchements à tous les niveaux.
D’ailleurs, cette source indique que des familles chiites en Irak commémorent jusqu’à présent le décès de certains de leurs membres tués pendant la guerre Iran-Irak dans les années 80, lorsque Saddam Hussein avait envahi l'Iran qui était alors gouverné par le fondateur de la république islamique, l'imam Khomeini.
Moqtada al-Sadr fait d’ailleurs partie des personnalités irakiennes avec lesquelles la source libanaise susmentionnée conserve des relations, sachant que Sadr est l’un des dirigeants les plus éminents d’Irak, et son courant politique l’un des plus influents. Selon les informations avancées par cette source, Sadr, qui maintient de bonnes relations avec l'Iran, aurait informé qui de droit qu'il refusait que Téhéran traite avec lui de la même manière qu’elle le fait avec ses opposants au sein de la communauté chiite, à savoir l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki. En d’autres termes, Sadr estime que si Téhéran désire communiquer au niveau politique avec les chiites d’Irak, elle devrait le faire avec lui, et non le traiter comme une faction politique chiite lambda en Irak. Cependant, Téhéran, qui ne voit pas les choses du même œil, n’a pas usé de son influence pour répondre aux exigences de Sadr concernant notamment les élections anticipées.
Cela dit, non seulement Téhéran a fait la sourde oreille au mouvement politique de Sadr, mais elle a eu recours de surcroît à sa carte de pression religieuse en incitant le grand ayatollah Kazem Husseini Haeri, qui réside dans la ville sainte de Qom en Iran, à renoncer à sa fonction de dignitaire religieux en prétextant la maladie et son âge avancé, et à demander de faire allégeance au guide suprême de la révolution iranienne, Ali Khamenei, selon le communiqué officiel publié à Téhéran. À noter que Haeri est considéré comme proche du courant sadriste. Cela n’a pas pour autant empêché sa volte-face qui a profité à la plus haute instance religieuse iranienne, sachant que cette dernière se trouve aux antipodes de l’Irak sur les plans politique (représenté par Sadr) et religieux (représenté par l’ayatollah Ali Sistani, basé dans la ville de Najaf en Irak). En effet, Ali Sistani n’est autre que la principale autorité religieuse chiite reconnue depuis l'Inde et le Pakistan en passant par l'Irak, le Liban et d'autres contrées qui suivent le chiisme duodécimain prédominant dans le monde.
La personnalité chiite libanaise explique le revirement de Haeri par le fait que ce dernier réside à Qom, en Iran, où l'influence du régime iranien prévaut depuis la victoire de la révolution de Khomeini en 1979. Cette influence était inexistante du temps du Shah Mohammad Reza Pahlavi, au regard de l’indépendance de Qom vis-à-vis du système politique. Preuve en est que Qom a été le fer de lance dans le renversement du régime du Shah.
Partant, vers où l’Irak se dirige-t-il désormais? Si l'Irak tient encore debout, c’est en grande partie grâce à son énorme richesse pétrolière, selon le New York Times. Une manne qui ne profite pas à la plupart des Irakiens qui doivent faire face à des coupures d’électricité au quotidien, sans compter l'état de délabrement de leurs écoles et leur manque de soins médicaux, voire d'eau salubre.
Le mois dernier, le ministre des Finances, Ali Allaoui, a démissionné en avertissant que le pays avait atteint des niveaux de corruption effrayants, lesquels épuisent les ressources de l'Irak et constituent une menace existentielle pour le pays. Dans sa lettre de démission adressée au Premier ministre, Moustapha Kazimi, Allaoui fait état des nombreux réseaux secrets de hauts fonctionnaires, d’hommes d’affaires et de politiciens corrompus qui travaillent dans l’ombre pour contrôler des secteurs entiers de l’économie et soustraire des milliards de dollars au trésor public. Et d'ajouter: «Ces gigantesques corruption et tromperie tentaculaires ont atteint tous les secteurs de l’économie et les institutions du pays; il faut impérativement y mettre un terme; il y va de la survie du pays».
À ce sujet, l’historien irakien Saad Iskandar affirme que «l'Irak est désormais considéré un État en faillite, tant sur les plans intérieur qu’extérieur, ainsi qu’au niveau politique et sécuritaire. Le gouvernement irakien est incapable d’imposer son autorité sur son territoire et sur sa population. L'instabilité de l'Irak remonte à la période antérieure au renversement de Saddam Hussein. Tout a débuté lorsque le pays a perdu le contrôle d’une partie de ses frontières et de son territoire lors de la guerre Iran-Irak. Néanmoins, le seul moyen pour que le pays puisse survivre consiste à changer les dirigeants via un renouveau générationnel.»
Quant à l’interlocuteur chiite libanais qui s’est entretenu avec Ici Beyrouth, il considère qu’à la lumière des bouleversements profonds qui ont secoué l’Irak durant les deux dernières décennies, le pays est devenu une arène de lutte visant à définir l'identité de sa majorité chiite. Il s’agit à présent de savoir si l’Iran l’emportera en faisant de Qom la référence de cette majorité chiite, ou si la balance penchera au profit du courant représenté par Moqtada al-Sadr et, par conséquent, du maintien de Najaf comme référence. Pour l’interlocuteur, il ne fait aucun doute que Najaf sortira victorieuse de ce bras de fer.
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