
Six soldats de l’armée libanaise ont été tués dans l’explosion d’un dépôt de munitions appartenant au Hezbollah, dans la vallée de Zebqine, dans la région de Tyr, au sud du Litani. Quatre de ces soldats faisaient partie de la 5ᵉ brigade d’infanterie et deux du régiment du génie.
La mort de ces soldats survient au moment où une campagne s’intensifie contre l’armée et contre les responsables libanais, au premier rang desquels le président de la République Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, en raison de la décision gouvernementale de contraindre le Hezbollah à remettre ses armes. Les déclarations du député Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire «Fidélité à la Résistance», et de Haj Mahmoud Qomati, sont allées jusqu’à proclamer le «djihad sacré» contre le pouvoir exécutif au Liban, contre son armée et contre toutes les composantes libanaises favorables au monopole exclusif des armes par l’État.
Dans ce contexte, certains n’ont pas manqué de faire le lien entre ces tensions et l’explosion, et de se demander: est-ce une coïncidence que cet incident meurtrier survienne alors que la campagne contre l’armée bat son plein?
L’armée a indiqué que ses unités intervenaient dans un dépôt d’armes situé dans la vallée de Zebqine lorsque l’explosion s’est produite, et que l’enquête se poursuivrait pour déterminer les faits. Dans son communiqué, la troupe n’a pas précisé à qui appartenait ce dépôt, bien que la zone soit sous contrôle du Hezbollah et qu’elle n’ait pas été approchée par les forces israéliennes lors des opérations terrestres de la dernière guerre.
Selon les informations disponibles, l’existence de ce dépôt avait été signalée à l’armée par la commission de surveillance du cessez-le-feu. L’armée s’y était rendue avec un groupe de la 5ᵉ brigade d’infanterie et un autre du régiment du génie, sans accompagnement de la Finul. Fait notable: quatre soldats de la 5ᵉ brigade et deux du génie ont trouvé la mort. Les règles militaires stipulent pourtant que les soldats du génie doivent pénétrer les premiers dans un dépôt pour évaluer et neutraliser les risques, avant que les fantassins ne les rejoignent. D’où la question: l’explosion a-t-elle eu lieu à l’intérieur ou à l’extérieur du dépôt? Était-elle accidentelle ou préméditée?
Des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux, notamment dans l’entourage du Hezbollah, selon lesquelles ses membres auraient piégé le dépôt afin de le faire exploser contre les Israéliens, et que l’armée libanaise y serait entrée à son insu.
L’armée a réaffirmé qu’elle poursuivrait ses investigations, d’autant que la décision du gouvernement de confisquer toutes les armes d’ici la fin de l’année obligera les forces armées à intensifier les opérations et perquisitions dans les dépôts et infrastructures du Hezbollah à travers le pays, augmentant ainsi le risque d’incidents similaires.
Pour rappel, en juin 2007, un engin explosif avait déjà visé une patrouille de la Finul près de Khiam, dans le sud du Liban, tuant six soldats espagnols. À l’époque, il avait été avancé que cette attaque avait été commise parce que l’unité espagnole appliquait effectivement la résolution 1701, visant à faire du sud du Litani une zone exempte d’armes.
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