Scholz promet à l'Allemagne un «nouveau départ»

Un "nouveau départ": le social-démocrate Olaf Scholz a ouvert une nouvelle ère en Allemagne et en Europe en succédant mercredi à la chancelière Angela Merkel, qui s'est effacée sans effusion après 16 ans de pouvoir.



Au terme d'une journée au déroulé très codifié, la dirigeante conservatrice, qui a presque égalé, à neuf jours près, le record de longévité de son mentor, Helmut Kohl (1982-1998), a passé le relais à son ancien ministre, devenu le nouvel homme fort de la première puissance économique européenne.Avant de quitter la chancellerie, imperturbable malgré les applaudissements d'employés, Mme Merkel a appelé son successeur à "travailler pour le bien" de l'Allemagne. M. Scholz lui a en retour rendu hommage pour "tout ce (qu'elle) a fait pour notre pays" et promis un "nouveau départ".

Celle qui est surnommée "l'éternelle chancelière" va désormais aborder après 31 ans de carrière politique une nouvelle tranche de sa vie, encore entourée de mystère.

"Je voulais voir Mme Merkel pour la dernière fois (...) Elle représente la stabilité pour le monde entier, y compris l'Europe et l'Allemagne", a expliqué à l'AFP une des personnes rassemblées devant la chancellerie, Enrique Velazco, 30 ans.

M. Scholz, élu par une confortable majorité des 736 députés du Bundestag, a lui pris possession de son nouveau bureau et va pouvoir affronter les premières difficultés de son mandat de quatre ans.

Dans la matinée, l'homme de 63 ans avait prêté serment au Bundestag en lisant l'article 56 de la Loi fondamentale selon lequel il promet notamment "de consacrer" ses "forces au bien du peuple allemand".

Marginalisé dans son propre parti il y a encore deux ans, M. Scholz est désormais à la tête d'un attelage inédit formé avec les Verts et les Libéraux du FDP.

Olaf Scholz prendra à sa suite les rênes d'un gouvernement composé pour la première fois d'autant d'hommes que de femmes, dont certaines occupent des postes clés comme les Affaires étrangères ou l'Intérieur.

Plusieurs fois ministre, ancien maire de Hambourg, M. Scholz a reçu une myriade d'hommages des dirigeants du monde entier.

Le président français Emmanuel Macron a promis à Olaf Scholz d'écrire "la suite ensemble". La présidente de la Commission européenne, l'Allemande Ursula von der Leyen, entend travailler avec lui "pour une Europe forte".

Olaf Scholz les rencontrera tous les deux vendredi à l'occasion de son premier déplacement à l'étranger.


Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est dit "impatient" de travailler avec M. Scholz, dont le pays est un "fidèle allié" de Londres.

Le Kremlin a souhaité quant à lui "une relation constructive" avec le nouveau chancelier, après des années de tensions entre Moscou et Berlin, attisées par l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny et des affaires d'espionnage imputées à la Russie.

La partie n'est pas gagnée avec Moscou: lors de sa première interview en tant que chancelier, M. Scholz a menacé la Russie, en cas d'invasion de l'Ukraine, de "conséquences" sur le controversé gazoduc Nord stream 2 reliant les deux pays.

Très critique envers ce projet énergétique, le président américain Joe Biden a affirmé vouloir développer les "relations fortes" entre Washington et Berlin pour "faire des progrès sur les défis mondiaux actuels".

Mais c'est sur la scène intérieure que M. Scholz et son équipe vont devoir affronter leurs premiers obstacles, avec en particulier une situation sanitaire critique.

"Ne laissons pas la pandémie nous diviser durablement", a lancé le président allemand Frank-Walter Steinmeier, dans un contexte de mobilisation, notamment de l'extrême droite, contre l'obligation vaccinale, censée entrer en vigueur en février ou mars.

Le nouveau chancelier va aussi devoir composer avec une situation économique défavorable, plombée par une croissance plus faible qu'annoncé et le retour de l'inflation.

M. Scholz a une pléthore d'autres chantiers à mener, qui ne recueillent pas forcément l'assentiment des Allemands, comme le cannabis en vente libre, l'achat de drones armés par la Bundeswehr ou encore le droit de vote à 16 ans.

AFP

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