Les dirigeants de neuf pays européens riverains de la Méditerranée se sont réunis vendredi à Chypre pour discuter des guerres au Moyen-Orient, dont ils craignent qu'elles n'alimentent les migrations et ne menacent leur propre sécurité.
Les dirigeants du "Med9", qui regroupe les pays méditerranéens de l'Union européenne (UE), se sont réunis vendredi à Chypre pour discuter, en présence du roi Abdallah II de Jordanie, de la crise au Moyen-Orient, face à laquelle la diplomatie apparaît pour l'instant impuissante.
"À seulement quelques encablures de Chypre nous avons une guerre, nous avons une situation compliquée", a déclaré le président chypriote Nikos Christodoulides en ouvrant ce sommet dans sa ville natale de Paphos, dans le sud-ouest de l'île, berceau d'Aphrodite dans la mythologie grecque.
Il a remercié le souverain jordanien pour sa présence à ce déjeuner des chefs d'État ou de gouvernement des neuf pays (France, Italie, Espagne, Grèce, Chypre, Malte, Slovénie et Croatie, ainsi que le Portugal représenté par son ministre des Affaires étrangères), et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Au menu, le "renforcement" de la "relation stratégique" entre Amman et l'UE, avant d'aborder plus directement la crise régionale.
La réunion intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Beyrouth, les plus meurtrières sur la capitale libanaise depuis trois semaines de guerre entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah, et après des tirs israéliens sur des positions des Casques bleus de l'ONU dans le sud du Liban qui ont provoqué un tollé diplomatique.
Ce format méditerranéen, entre pays "particulièrement sensibles à l'instabilité créée par les crises régionales", est "adapté" pour discuter de la quête d'une "désescalade", a relevé la présidence française.
Mais la situation est complexe. Malgré les appels au cessez-le-feu sur les deux fronts, "ce que nous constatons, c'est un accroissement des tensions, accroissement également des opérations militaires israéliennes au Liban, comme des tirs de roquettes vers le territoire israélien que nous condamnons".
Dossier migratoire à l'agenda
Et "nos leviers sont limités" pour faire taire les armes, reconnaît-on à Paris, pour qui les dirigeants devaient donc tenter de "construire davantage de convergences européennes".
Juste avant d'arriver à Paphos, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a appelé vendredi "l'ensemble de la communauté internationale" à "cesser d'exporter des armes au gouvernement israélien" pour ne pas alimenter l'escalade. Des propos qui font écho à ceux, similaires, tenus la semaine dernière par le président français Emmanuel Macron, également présent à Chypre.
Les dirigeants devaient aussi évoquer un renforcement de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, avec la Jordanie, déjà impliquée dans des opérations en ce sens avec la France.
L'île hôte étant par ailleurs "un des hubs potentiels" en cas d'éventuelle évacuation des ressortissants des pays européens au Liban, "des échanges" sur cette question seront possibles, d'après la délégation française.
"Ce sera aussi l'occasion de discuter de la manière dont l'UE peut se mobiliser davantage sur la Cisjordanie", territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, "et de la nécessité de renforcer l'Autorité palestinienne", relève la présidence française. L'UE discute de nouvelles sanctions contre des responsables israéliens en la matière.
Dans l'après-midi, les dirigeants devaient se retrouver entre Euro-Méditerranéens pour préparer le prochain sommet de toute l'UE, prévu les 17 et 18 octobre à Bruxelles. Notamment sur les questions migratoires, sensibles pour ces États en première ligne.
Pedro Sánchez avait plaidé mercredi pour une entrée en vigueur du pacte migratoire européen dès l'été 2025, avec un an d'avance, au moment où les îles Canaries sont sous pression.
À Paris, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille, a appelé aussi jeudi dans Le Parisien à "anticiper l'application de six mois du paquet asile immigration dès janvier 2026".
Selon des sources italiennes, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, à la tête d'une coalition entre la droite et l'extrême droite, entend mettre l'accent sur "l'intérêt stratégique partagé" du Med9 "dans la promotion d'un plus grand engagement de l'UE dans les relations avec le voisinage du Sud".
Lors du sommet de la semaine prochaine à Bruxelles, les chefs d'État et de gouvernement doivent notamment aborder le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l'UE et l'accélération des retours.
Francesco Fontemaggi, avec AFP
Commentaires