Geagea: Un retour au statu quo ante est hors de question
Le chef des FL, Samir Geagea, a plaidé pour l'application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. ©Al-Markaziya

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a assuré qu’un retour au statu quo ante est “hors de question”, une fois la guerre entre le Hezbollah et Israël terminée, appelant à l’élection d’un président de la République et à la formation d’un gouvernement, capables de réédifier l’Etat. Il a lancé dans ce contexte, un appel au président de la Chambre, Nabih Berry, l’exhortant de jouer un rôle pivot à cette fin.

«Le choix d’un président incolore, inodore et sans saveur, incapable de prendre des décisions et d’appliquer les décisions internationales qui permettent au Liban de recouvrer sa souveraineté, sera un crime pour le pays”, a martelé le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, au cours d’une interview qu’il a accordée lundi soir à la MTV.

M. Geagea s’est résolument exprimé contre le choix d’un président “consensuel ou centriste”, une formule devenue, selon lui “à la mode” mais qui ne peut en aucune façon favoriser l’édification d’un Etat, a-t-il expliqué.

Un thème sur lequel le chef des FL a insisté à plusieurs reprises dans son interview, pour expliquer qu’il serait “criminel à l’égard du Liban et des Libanais” d’appliquer, en politique, les mêmes recettes qui ont plongé l’Etat dans la décrépitude dans laquelle il se trouve et l’ont conduit vers une guerre destructrice”. “Les figures consensuelles ou centristes ne veulent pas prendre position. C’est une vraie catastrophe. Certains ont peur. D’autres ne veulent pas offenser certaines parties et une troisième catégorie a ses propres calculs”, a-t-il déploré.

Dans le même ordre d’idées, il a estimé que le profil du nouveau chef du gouvernement, tout comme la composition de l’équipe ministérielle, devraient correspondre aux mêmes critères sur base desquelles un chef de l’Etat serait élu.

Samir Geagea a situé dans le cadre de cette volonté de changement, la conférence qu’il avait organisée, samedi à Meerab, en soulignant que son seul but était de proposer une feuille de route pour un sauvetage du Liban. “Il ne s’agissait pas de mobiliser les députés ou de constituer un front”, a-t-il dit, pour expliquer l’absence de nombreuses figures de l‘opposition. Selon lui, l’objectif de ces assises était surtout de briser l’immobilisme politique qui prévaut dans le pays, alors que la guerre fait rage sur son territoire.

En réponse à une question, il a fait état de réserves exprimées par le leader druze, Walid Joumblatt, au sujet de la feuille de route FL qui lui a été soumise. “Il a considéré que nous avions placé la barre très haut et qu’il ne pouvait pas suivre”, a révélé M. Geagea.
“Cette feuille de route s’inscrit pourtant dans le prolongement de ce à quoi nous appelons depuis des années. Si la guerre finit, il n’est pas question de revenir au statu quo ante à cause duquel nous nous trouvons aujourd’hui dans cette guerre. Le Liban ne survivra pas”, a-t-il averti.

 

La réunion de Aïn el-Tiné

Samir Geagea a vigoureusement rejeté les accusations de ses détracteurs, selon lesquelles il miserait sur une victoire d’Israël pour initier un changement politique au Liban. “Cela fait des années que nous réclamons les mêmes choses”, a-t-il lancé, critiquant sans les nommer les alliés chrétiens du Hezbollah, notamment les chefs des Marada, Sleiman Frangié, et du CPL, Gebran Bassil, qui, selon lui, “s’expriment sur commande”. Il s’est déchaîné dans ce cadre contre ceux qui ont soutenu le Hezbollah à des fins liées à leurs propres intérêts, affirmant: “Nous avons vu, par contre, vers quoi leurs positions ont conduit le pays. Ils ont leurs calculs, d’où les attaques contre les FL”.

En réponse à une autre question, il a rejeté toute comparaison entre les assises de Meerab et la rencontre tripartite de Aîn el-Tiné, au cours de laquelle M. Berry, entouré du Premier ministre sortant, Najib Mikati, et du leader druze, Walid Joumblatt, ont appelé à un cessez-le-feu et à l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité.

Selon lui, il est trop tard pour réclamer la mise en œuvre de cette résolution. “si elle l’avait été il y a trois mois, (le chef du Hezbollah) Hassan Nasrallah et le commandement de cette formation, auraient été encore en vie”, a-t-il observé.

Mais pour Samir Geagea, “il n’est plus possible aujourd’hui de régler le problème à moitié et sûrement pas avec les mêmes vieilles recettes”.

Selon lui, une mise en œuvre de la 1701 doit impérativement s’accompagner d’une application de la 1559 sur le désarmement des milices libanaises et étrangères au Liban.

Dans ce contexte, il a rappelé que l’ancien chef du gouvernement assassiné, Rafic Hariri, un des artisans de la 1559, avec le président français, Jacques Chirac, avait “réalisé qu’il ne pouvait pas édifier le pays en présence d’armes illégales”.

Samir Geagea a cependant relevé qu’un désarmement du Hezbollah n’implique pas la disparition de cette formation “qui continuera d’assumer un rôle politique à l’instar des autres partis libanais”.

Parallèlement, il a plaidé en faveur d’un soutien à la communauté chiite pour qu’elle réintègre l’État. “Nous ne voulons pas que la communauté chiite soit vaincue mais nous ne voulons que tout le Liban le soit, si le Hezbollah maintient ses armes”, a-t-il dit, en insistant sur le fait que “les intérêts et la survie de cette communauté dépendent de ceux du Liban”.

D’où l’importance, selon lui, d’enclencher tout un processus qui doit commencer par l’élection d’un chef de l’État jusqu’à finir avec le dossier des armes illégales pour que l’armée puisse étendre la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire.

A ce propos, Samir Geagea a fait remarquer que “la seule période au cours de laquelle les habitants du Liban-Sud ont été en sécurité, s’est étendue de 1949 jusqu’à 1965 lorsque l’armée était déployée dans ce secteur”. “En 1965, les factions palestiniennes sont arrivées au sud du pays l’ont détruit”, a-t-il rappelé.

Aussi, s’est-il adressée à Nabih Berry, lui demandant de “couronner sa vie politique par un acte différent”. “Il faut qu’il lance un cela suffit et qu’il œuvre pour restituer à l’État libanais ses lettres de noblesse et contribuer à l’édifier”, a insisté Samir Geagea qui s’est dit favorable à l’élection du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, à la tête de l’État. Mais, a-t-il noté, à condition de connaître son programme politique.

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