Et si Rafsandjani n’avait pas existé!
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En plein conflit entre l'Iran et l'Irak, l'ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani avait pris une position historique, soulignant l'importance de préserver les "acquis de la révolution" et d'éviter d'envoyer davantage de troupes iraniennes vers une mort certaine. Souvenons-nous de lui, en espérant que l'histoire se répète et incite un jour le Guide suprême, qui observe nos souffrances de loin, à mettre un terme immédiat à ce massacre.

L'Iran, qui souhaite aujourd'hui éliminer Israël par le biais de ses alliés dans la région, n'était pas en état d'hostilité permanent avec Tel Aviv. Une lecture historique pourrait apporter un éclairage intéressant.

En 1979, l'imam Khomeini est rentré à Téhéran à bord d'un avion français, après la chute du shah d'Iran. Un an plus tard, la guerre irano-irakienne éclata, marquant un tournant significatif dans les relations internationales. Malgré la rhétorique anti-occidentale de Khomeini, notamment ses critiques acerbes des États-Unis qu’il désignait comme le “Grand Satan”, cela n’a pas empêché le scandale de l’Iran Gate, ni l’exportation d’armes américaines vers Téhéran. En fin de compte, les idéaux sont souvent relégués au second plan au profit des intérêts stratégiques.

De plus, Israël a secrètement apporté son soutien à l'Iran en échange d'informations sur le réacteur nucléaire irakien Osirak, que Tel Aviv a ciblé en 1981. Lla guerre irano-irakienne a également eu des conséquences dévastatrices, telles que l'attaque des pétroliers dans le golfe Persique, la fermeture des pipelines et la chute des revenus en devises étrangères, entraînant une stagnation économique dans les deux pays. Par la suite, l'Irak a soutenu les Moudjahidines du peuple iranien, avant de les livrer à l'Iran, qui les a alors anéantis…

L'année 1982 a été marquée par un tournant majeur, avec l'ascension des Gardiens de la révolution iranienne au détriment de l'armée régulière, déjà affaiblie par les ravages de la guerre. Ce bouleversement a également précipité la chute du président Abolhassan Banisadr, suivie de l'assassinat de son successeur, Mohammad Ali Rajaei. Ali Khamenei a alors été élu président de la République, avant d’être désigné Guide suprême de la révolution après le décès de l’imam Khomeini en 1989.

La guerre a gravement éprouvé le régime iranien naissant, surtout après la perte de 240.000 Iraniens, entre blessés et tués. À cette époque, les dirigeants iraniens étaient divisés entre deux factions: la première, sous la direction du président Ali Khamenei, plaidait pour la poursuite de la guerre contre l'Irak. La seconde, menée par Akbar Hachémi Rafsandjani, président du Conseil consultatif, préconisait l'acceptation de la résolution 598 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui visait à mettre fin au conflit. L'imam Khomeini avait alors décrit cette décision comme étant équivalente au fait de "s’administrer du poison".

La position de Rafsandjani revêt une importance historique, voire exemplaire, et mérite d'être revisitée à la lumière des événements actuels. Il a fondé son point de vue sur la nécessité de préserver les "acquis de la révolution" et d'éviter d'envoyer davantage de troupes iraniennes vers un destin tragique.

À l'époque, le Guide uprême avait déclaré que mettre fin à la guerre ferait de Saddam Hussein un vainqueur. Rafsandjani a répliqué en disant: "S'il veut célébrer une victoire fictive, qu'il le fasse. Mais il finira par s'effondrer en raison de son hostilité envers les États-Unis et Israël, ainsi que de ses ambitions pétrolières dans la région. Pour notre part, nous veillerons à protéger notre pays, nos enfants et notre système pour les décennies à venir." Cette réflexion avait conduit à l’émergence des “factions iraniennes” dans la région, un phénomène qui remonte à 1982 au Liban, en réponse à l'invasion israélienne au Liban-Sud.

C'est ainsi que le Hezbollah est né, suivi d'autres groupes soutenus ou fondés par l'Iran. Ces factions ont étendu leur influence au Yémen, en Syrie, en Irak et en Palestine, recevant des fonds pour lutter au nom des “enfants du pays”. Pendant ce temps, l'influence régionale de l'Iran continue de croître, notamment en tant qu'État nucléaire.

Ce rappel historique est crucial parce qu’il met en lumière la persistance des acteurs et des dynamiques présentes dans la région. La France, soucieuse de ses intérêts stratégiques en Iran, sait pertinemment que l'élimination d'Israël n'est qu'une chimère destinée à séduire certains peuples de la région. De son côté, Israël adopte une approche stratégique à l’égard de l'Iran, qui négocie au nom du Liban tout en étant engagé dans la guerre.

Dans ce contexte, le Liban se retrouve impuissant, démuni face à la violence récurrente et aux déplacements de populations. Le pays est pris au piège d’une situation où le rêve d’un État se volatilise, tandis que les débats sur les réseaux sociaux sont parasités par le populisme et des discours creux. La majorité silencieuse doit donc faire preuve de vigilance et résister à l’influence des puissances extérieures. Rafsandjani incarne un exemple à méditer, et son approche pourrait inspirer un appel à la raison, visant à convaincre le Guide suprême iranien que ce cycle de violence doit prendre fin.

Il est important de rappeler que la menace posée par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, est aujourd’hui plus imprévisible et redoutable que celle de Saddam Hussein à l’époque. De plus, les Libanais doivent comprendre que leur avenir repose sur une solution de compromis, dans une logique de "ni vainqueur ni vaincu", au sein du monde arabe. Seule cette approche peut les préserver de devenir des pions dans les calculs géopolitiques régionaux et internationaux qui les poussent vers l’abîme.

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