Appel interreligieux à l’ONU: Sauvez le Liban
Les assises interreligieuses de Bkerké. ©Ici Beyrouth

Les communautés religieuses libanaises ont demandé à l’unanimité, mercredi, au Conseil de sécurité, de se pencher sur la situation au Liban et de le sauver des griffes d’Israël, en imposant un cessez-le-feu immédiat. Elles l’ont fait au terme d’assises générales communautaires tenues à Bkerké, sur appel du patriarche maronite, et en présence du nonce apostolique, représentant du Saint-Siège.

Devant un parterre d'une trentaine de personnalités religieuses réunies dans la grande salle de travail du siège patriarcal maronite, ont pris tour à tour la parole, en début de session, le patriarche maronite, Béchara Raï, le mufti de la République, Abdel Latif Derian, le vice-président du Conseil supérieur chiite, Ali el-Khatib, le cheikh Akl druze, Sami Abil-Mouna, le patriarche grec-orthodoxe Youhanna X Yazigi et le chef de la communauté alaouite, Ali Kaddour. 

Ces discours parallèles se sont recoupés sur quelques points fondamentaux: urgence d’un cessez-le-feu, nécessité absolue d’élire un président, centralité de l’État, respect de l’accord de Taëf. 

La seule dissonance à cette unanimité est venue de cheikh Ali el-Khatib qui, sous l’œil du mufti jaafarite Ahmad Kabalan, présent aux assises, a lu un texte dans lequel il a salué la résistance qui, a-t-il affirmé, s’est substituée à l’État lorsque ce dernier  “a failli à ses responsabilités”. Toutefois, cheikh Ali el-Khatib a réclamé, un peu plus loin, “l’État de la citoyenneté, loin de tout clientélisme communautaire”. Il a enfin réclamé l’élection d’un président “consensuel”.

Dans son mot introductif, le cheikh Akl druze a cité le pape Jean-Paul II. “Que devient le Liban-message”, s'est-il exclamé, en allusion à une célèbre phrase dans laquelle le pape Jean-Paul II avait décrit le Liban comme “un modèle de pluralisme pour l’Orient et l’Occident”. Cette phrase qui comprend le concept-clé de pluralisme et qui figurait dans le brouillon préparatoire du communiqué final, a été malheureusement omise dans le communiqué final.

Communiqué final

Le sommet s’est conclu par un communiqué invitant le Conseil de sécurité de l’Onu à se réunir “sans délai pour mettre fin au massacre et au désastre humanitaires perpétrés au Liban par Israël”.

Le communiqué invite ensuite les Libanais “à ne pas entrer dans des débats stériles”. “Ce n’est pas le moment d’exiger ou de réaliser des gains (politiques)”, mais celui “de la solidarité et de l’unité”. “L'unité du peuple libanais reste l'arme la plus puissante pour défendre le Liban”, insiste le texte.

Les assises islamo-chrétiennes réclament ensuite “l’élection immédiate” d’un nouveau président de la République “dans le respect des dispositions de la Constitution et avec la plus grande compréhension et le plus grand consensus possible”.

Au sein de la classe politique hostile au Hezbollah, on estime que le mot “président consensuel” est synonyme de “président faible” soumis à des préconditions, et qui n’exigerait pas l’application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité prévoyant le désarmement de toutes les milices, y compris du groupe pro-iranien.

Justement, le quatrième point du communiqué, omettant la résolution 1559, demande l’application de la résolution 1701 de l’ONU, prévoyant le déploiement de l’armée libanaise au sud du Litani, après son renforcement. Il réclame, à ce sujet, une coopération plénière de l’Exécutif et du Législatif.

Tout en remerciant les communautés qui ont accueilli des déplacés, le communiqué met ensuite “l'accent sur le respect de la propriété individuelle et rejette toute forme d’empiétements sur les biens”.

Enfin, les assises interreligieuses ont remercié “les pays arabes et étrangers (…) pour leur soutien politique et leur aide matérielle, médicale et alimentaire” et réclamé leur assistance pour reconstruire ce qui continue d’être détruit systématiquement par l’armée israélienne.

Le communiqué s’est conclu par un appel à la paix, en rappelant que la cause palestinienne est “la cause centrale de tout le monde arabe”.

Commentaires
  • Aucun commentaire