Costa-Gavras, un “Dernier Souffle” face à la mort
Le cinéaste franco-grec Costa-Gavras pose pour un portrait lors de la 16e édition du Festival du Film Lumière, à Lyon, le 12 octobre 2024. © Arnaud Finistre / AFP

Le cinéaste Costa-Gavras, fort de la sagesse que lui confèrent ses 91 ans, s'engage dans une méditation sur la mortalité en présentant son nouveau film “Le Dernier Souffle, lors du festival Lumière à Lyon.

À 91 ans, le cinéaste franco-grec Costa-Gavras se confronte à la notion de mort avec la sérénité d'un réalisateur chevronné, tout en préparant un nouveau film politique. Lors du festival Lumière à Lyon, il a présenté son dernier long-métrage, Le Dernier Souffle, qui sortira en janvier 2025. Adapté d'une œuvre de Régis Debray et du médecin Claude Grange, ce film explore les débats philosophiques sur la mort à travers les dialogues entre un praticien en soins palliatifs, incarné par Kad Merad, et un écrivain, joué par Denis Podalydès.

Trouble immense

Le cinéaste confie à l'AFP qu'il se prépare à la fin de sa vie avec l'espoir d'une "bonne fin", exprimant le souhait de quitter ce monde “sans douleur, sans drame, sans agonie permanente”. Costa-Gavras déplore que les moyens nécessaires pour vivre une fin paisible manquent dans notre société.

“La mort nous fait une peur terrifiante depuis que nous sommes tout petits et on ne veut pas en parler. Non, il faut en parler et se préparer”, martèle-t-il. Lors de l'avant-première, il a précisé que ce film était une manière de dialoguer avec sa propre mortalité. Podalydès, son partenaire à l'écran, a évoqué un “trouble immense” après avoir exploré ce thème si délicat, décrivant le film comme un “manège extrêmement doux”.

Cinéma humain

Né en 1933 dans le Péloponnèse, Costa-Gavras a fui la Grèce à l'âge de 20 ans, en raison des tensions politiques liées à son père. À Paris, il a été accueilli avec respect, une expérience qui lui reste profondément ancrée. “Pour la première fois, on m'a appelé monsieur”, se souvient-il, une reconnaissance qui a perduré tout au long de sa carrière.

Le 12 octobre, le réalisateur a reçu un prix spécial au festival Lumière des mains de Tim Burton, qui a salué son cinéma "humain, beau et réfléchi". Costa-Gavras a marqué le paysage cinématographique dès la fin des années 1960 avec des œuvres marquantes telles que Z, inspirée du coup d'État des colonels en Grèce, et L'Aveu, tirée des souvenirs d'Artur London sur les purges communistes en Tchécoslovaquie.

Abordant des thèmes variés allant de l'immigration (Eden à l'ouest, 2009) à la crise financière grecque (Adults in the Room, 2019), il admet que “faire un film politique est toujours difficile”, une réalité qui effraie souvent les producteurs. Toutefois, il attribue sa liberté créative à sa femme, Michèle Ray Gavras, et aux succès de ses premières œuvres.

Art engagé

Pour Costa-Gavras, chaque film est intrinsèquement politique. “Je suis engagé, mais nous le sommes tous quand nous faisons du cinéma”, insiste-t-il. Il compare le processus créatif à une discussion amicale autour d'une table, où chacun partage des histoires qui lui tiennent à cœur. “Il faut établir toujours une relation très étroite avec un acteur pour qu'il devienne le personnage qu'on veut qu'il soit”, fait-il remarquer.

Quant à son parcours, Costa-Gavras préfère ne pas se retourner trop souvent. Au contraire, il évoque déjà de nouvelles idées, conscient des défis d'un monde en constante évolution. Il y a tant à explorer dans “un monde qui a tellement changé, et qui est très provocant dans plusieurs sens”, conclut-il, tout en laissant entendre qu'il a encore beaucoup à offrir.

Avec AFP

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