Irak: des partisans de factions pro-Iran saccagent des bureaux affiliés à la chaîne saoudienne MBC
Des Irakiens marchent sur un drapeau israélien sur la place Tahrir, dans le centre de Bagdad, lors d'une manifestation contre les bombardements israéliens dans la bande de Gaza et au Liban, le 11 octobre 2024. ©AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Des partisans de factions armées irakiennes pro-iraniennes ont saccagé des bureaux affiliés à une télévision saoudienne dans la capitale Bagdad, ont rapporté samedi deux sources de sécurité en Irak, après la diffusion d'un reportage qualifiant de "terroristes" des commandants du camp pro-Iran.

L'affaire s'inscrit dans un contexte régional explosif, marqué par des tensions opposant l'Iran et ses alliés de "l'axe de la résistance" à Israël, qui mène une guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza et contre le mouvement islamiste Hezbollah au Liban.

Depuis plus d'un an, le gouvernement irakien, nommé par une majorité de partis pro-Iran, multiplie les efforts diplomatiques pour éviter au pays les répercussions du conflit régional. Même si sur son territoire des factions armées pro-Iran brandissent leur hostilité à Israël et affichent leur solidarité au Hamas et au Hezbollah.

Tôt samedi, peu après minuit, entre 400 et 500 hommes ont attaqué les studios d'une maison de production à Bagdad qui travaille pour le groupe audiovisuel saoudien MBC. Les manifestants "ont saccagé le matériel électronique, les ordinateurs, et mis le feu à une partie du bâtiment", a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un responsable du ministère de l'Intérieur.

Il a précisé que les pompiers avaient éteint l'incendie et la police dispersé les manifestants, sans faire état d'interpellations dans l'immédiat.

L'attaque intervenait après un reportage de MBC, portant sur le "terrorisme" et évoquant des commandants du camp pro-Iran. Des extraits ont circulé sur les réseaux sociaux en Irak, provoquant la colère de certains internautes.

"Les manifestants sont arrivés aux bureaux avant l'envoi de renforts des forces anti-émeutes", a indiqué à l'AFP une deuxième source policière s'exprimant sous anonymat, reconnaissant que les locaux avaient été "incendiés" et "durement saccagés".

Le groupe audiovisuel MBC n'a pas réagi à ces développements.

Accusant la chaîne MBC d'"attaques" contre "les chefs de la Résistance", l'Autorité des médias en Irak a annoncé "prendre toutes les mesures légales nécessaires" contre elle et "stopper ses activités" en Irak, ordonnant à son organe exécutif "d'annuler la licence de fonctionnement" dont elle bénéficie.

"Insulter la Résistance"

Le reportage de l'émission hebdomadaire "MBC fi Osbou'" ("MBC en une semaine"), consultable sur la plateforme de streaming du groupe, porte sur le "terrorisme" et évoque différents groupes dans divers pays, notamment Oussama Ben Laden et d'autres leaders d'Al-Qaïda.

Mais parmi les personnalités citées figurent aussi des commandants du camp pro-iranien et de ce que l'Iran qualifie d'"axe de la résistance", qui inclut le Hamas, le Hezbollah ou encore des factions armées irakiennes.

Le reportage qualifie aussi de "nouveau visage du terrorisme" Yahya Sinouar, chef du Hamas tué mercredi par Israël dans la bande de Gaza. Mais aussi le général iranien Qassem Souleimani, assassiné en 2020 par un drone armé américain à Bagdad.

D'autres figures du camp pro-iranien sont nommées, comme l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, assassiné fin septembre par Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, ou l'ancien chef politique du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran fin juillet dans une attaque attribuée à Israël.

Si en Irak les autorités multiplient les contacts diplomatiques pour éviter d'entraîner le pays dans le conflit régional, la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de groupes armés irakiens pro-iraniens, revendique quasi-quotidiennement des attaques de drone contre Israël.

La guerre à Gaza a mis fin aux discussions pour la reconnaissance d'Israël par l'Arabie saoudite, un poids lourd du Moyen-Orient qui réclame un cessez-le-feu. Après plusieurs années de rupture, Ryad a également amorcé en 2023 un rapprochement avec l'Iran.

Le député irakien Moustafa Sanad, qui fait partie de la majorité parlementaire pro-iranienne, a accusé la chaîne MBC d'avoir "insulté les dirigeants de la résistance dans tous les pays", estimant sur X que le reportage était digne d'une chaîne israélienne.

 

Avec AFP

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