Les derniers artisans écossais préservent la cornemuse faite main
Ruari Black, l'un des derniers fabricants traditionnels de cornemuses. ©Andy Buchanana/AFP

Dans un atelier d'Édimbourg, Ruari Black est l'un des derniers artisans à fabriquer des cornemuses à la main, préservant un savoir-faire rare. Malgré la concurrence industrielle, il perpétue cette tradition avec passion, attirant des clients du monde entier.

Dans son atelier au cœur du quartier historique d'Édimbourg, Ruari Black est l'un des derniers artisans à fabriquer des cornemuses entièrement à la main, entretenant un savoir-faire emblématique de l'Écosse, aujourd'hui en voie de disparition. Près du Royal Mile, l'avenue qui relie le palais de Holyrood au château d'Édimbourg, l'atelier Kilberry Bagpipes passe presque inaperçu, avec une enseigne un peu vieillotte et une vitrine grillagée. "Nous sommes l'un des derniers fabricants artisanaux, sans aucun doute à Édimbourg, la capitale de l'Écosse, mais probablement dans le monde entier", affirme Ruari Black en façonnant un tuyau avec son tour.

Indissociable de la culture celte et des Highlands écossais, la cornemuse, connue pour ses sonorités puissantes et envoûtantes, était utilisée jusqu'au XXe siècle pour soutenir le moral des soldats écossais sur les champs de bataille, jusqu'aux plages du Débarquement en Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais aujourd'hui, cet instrument à vent, composé de plusieurs tuyaux (les bourdons) et d'un sac contenant l'air soufflé par l'instrumentiste, est principalement fabriqué de manière industrielle. D'autres variantes existent également dans de nombreuses régions, comme au Maghreb, dans les Balkans ou ailleurs en Europe.

Chez Kilberry, atelier fondé en 1990 par deux joueurs de cornemuse, dont Dave Wardell, toujours présent aujourd'hui, le carnet de commandes est si plein qu'un client doit attendre environ deux ans pour recevoir son instrument. La fabrication d'une cornemuse prend environ une semaine, explique Ruari Black. Après avoir percé et façonné les tuyaux, l'artisan les équipe de montures et de bagues, procède aux finitions, et assemble les différents composants sur la poche.

Une fois terminées, les cornemuses produisent "notre son distinctif", affirme Ruari Black, qui a rejoint Kilberry en 2019 pour y faire son apprentissage. "Nous nous efforçons d'obtenir une cohérence sonore pour chaque instrument, tout en gardant un caractère unique en termes d'apparence et de toucher", ajoute-t-il. Ce savoir-faire attire des clients du monde entier, prêts à débourser entre 1.200 et 6.000 livres (1.430 à 7.200 euros) pour une cornemuse traditionnelle des Highlands. "Ils veulent ce son que nous nous efforçons de créer", insiste Ruari Black. Qu'il s'agisse de musiciens chevronnés ou de débutants s'offrant leur premier "chanter" d'entraînement, ils recherchent ce timbre unique.

Selon Ruari Black, il est facile de distinguer une cornemuse faite à la main d'un modèle industriel, ce dernier manquant du fini caractéristique d'un instrument façonné à la main, sans parler des motifs décoratifs que l'artisan grave lui-même. Certains instruments produits en série se démarquent également par l'utilisation d'ivoire synthétique pour les montures, au lieu d'ivoire véritable, souligne-t-il. Les artisans, eux aussi, tentent de renoncer à ce matériau rare et controversé, en explorant des alternatives comme les bois d'élan. "Les élans perdent naturellement leurs bois, ce qui en fait une option durable", explique Ruari Black.

Malgré ces ajustements, pour lui, rien ne remplacera jamais une cornemuse faite à la main. "Continuer à les fabriquer ainsi est important pour moi, c'est comme cela que ça a toujours été fait", affirme-t-il. Bien qu'il regrette d'être "l'un des derniers à perpétuer un savoir-faire en voie de disparition", il se dit "heureux de continuer cette tradition".

Avec AFP

 

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