À Téhéran, les habitants redoutent une escalade après les frappes israéliennes 
Une partie de l'horizon de la ville est photographiée à l'aube après que plusieurs explosions aient été entendues à Téhéran le 26 octobre 2024. © Photo par ATTA KENARE / AFP

Les habitants de Téhéran vaquent à leurs occupations habituelles samedi avec un sentiment d'inquiétude, après des frappes israéliennes contre des sites militaires en Iran qui font craindre une escalade entre les deux pays ennemis.

De fortes détonations, accompagnées pour certaines de traînées lumineuses, ont été entendues dans la nuit de vendredi à samedi dans la capitale iranienne.

Elles ont tiré du sommeil une partie des habitants, qui depuis le tir de quelque 200 missiles iraniens contre Israël le 1ᵉʳ octobre redoutaient des représailles de grande ampleur contre l'Iran.

Samedi matin, jour de reprise en Iran après le week-end, la vie est on ne peut plus normale à Téhéran, bouillonnante capitale de neuf millions d'habitants, située au pied des montagnes de l'Alborz.

Livreurs se faufilant dans les embouteillages, clients au café ou dans les centres commerciaux et écoliers s'amusant dans une cours de récréation: chacun est absorbé par ses activités habituelles.

Hooman, qui préfère taire son patronyme - comme toutes les personnes interrogées par l'AFP -, travaillait de nuit dans une usine lorsqu'il a entendu des explosions.

"C'était un bruit terrible et flippant", indique cet ouvrier de 42 ans, qui a d'abord cru à un attentat.

"Maintenant qu'il y a une guerre au Moyen-Orient, nous avons peur d'y être entraînés", ajoute l'homme rencontré près de l'emblématique place Azadi ("liberté"), où une tour en forme de Y inversé, construite à la gloire de l'empire perse, a été érigée en 1971.

"Dégâts limités" 

L'Iran a lancé le 1ᵉʳ octobre quelque 200 missiles sur l'État d'Israël, incluant pour la première fois plusieurs missiles hypersoniques.

Cette attaque avait été présentée par l'Iran comme des représailles à l'assassinat en juillet à Téhéran du chef du Hamas, Ismaïl Haniyé, imputé à Israël, et à celui de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre près de Beyrouth.

Israël avait juré de faire payer cette attaque.

L'Iran a rapporté samedi des "dégâts limités", après des frappes aériennes qui ont visé, selon Israël, des sites de fabrication de missiles.

Deux militaires iraniens ont péri lors de l'attaque, selon des rapports préliminaires.

Israël a mis en garde l'Iran contre toute riposte.

"S'ils attaquent (encore), c'est nous qui serons écrasés", affirme Moharam, un intérimaire de 51 ans.

Des habitants de Téhéran ignorent totalement qu'une attaque israélienne a eu lieu.

Les médias iraniens minimisent samedi son importance, insistant sur le fait que la plupart des tirs ennemis ont été interceptés.

La télévision d'État a diffusé des images en direct de Téhéran, ainsi que des provinces du Khouzestan (sud-ouest) et d'Ilam (ouest), limitrophes de l'Irak et visées par Israël, mais où la vie est samedi tout à fait normale.

"Devoir de se défendre" 

Les vols au-dessus de l'Iran, brièvement interrompus durant la nuit, ont d'ailleurs repris en matinée.

Ces représailles israéliennes surviennent dans un contexte de tensions régionales exacerbées depuis plus d'un an par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, et son débordement au Liban voisin, où l'armée israélienne affronte le Hezbollah.

Ces deux mouvements islamistes s'opposent à Israël et sont soutenus financièrement et militairement par l'Iran, qui fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère, depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Après les frappes israéliennes, l'Iran "a le droit et le devoir de se défendre", a estimé la diplomatie iranienne.

Sepideh, 30 ans, qui travaille pour une compagnie d'assurance, s'est rendu samedi au travail normalement, malgré les craintes d'escalade.

"La guerre fait peur (...) mais je ne pense pas qu'elle se produira en Iran", assure la jeune femme.

 

Majid Sourati, avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire