Puccini, star de l'opéra à l'ère des médias
Un visiteur assiste à la présentation médiatique de l'exposition “Puccini, l'opéra rencontre les nouveaux médias” au Museo Teatrale alla Scala de Milan, le 23 octobre 2024. © Gabriel Bouys / AFP

À la Scala de Milan, une exposition retrace l'ascension fulgurante de Giacomo Puccini, propulsé au rang d'icône mondiale par les médias naissants du XXe siècle.

Giacomo Puccini, le génie de l’opéra italien, fait l’objet d’une exposition fascinante à la Scala de Milan, révélant l’influence des médias naissants du XXe siècle, comme le disque et le cinéma, sur la diffusion mondiale de ses œuvres. Intitulée Puccini – Opera Meets New Media, l’exposition revisite l’émergence de la “marque” Puccini et explore comment l’essor du gramophone et de l’enregistrement sonore a permis de faire entrer l’opéra dans les foyers.

Image de marque

Selon Gabriele Dotto, curateur de l’exposition, les innovations techniques ont redéfini la culture musicale. “En quelques années, les ventes de disques ont quadruplé”, contribuant à démocratiser l’accès à l’opéra, a-t-il affirmé. En offrant la possibilité d’écouter les grands chanteurs comme Enrico Caruso chez soi, le gramophone a joué un rôle crucial dans la diffusion d’un répertoire jusque-là réservé aux salles prestigieuses. Puccini et son éditeur, Ricordi, ont su capitaliser sur ce tournant pour transformer le compositeur en une figure internationale, misant sur des campagnes de marketing inédites pour l’époque, avec affiches et cartes postales, amorçant ainsi le concept d'une image de marque.

Pour Dominique Meyer, ancien directeur de la Scala, l’exposition dévoile un Puccini méconnu, sensible aux nouvelles stratégies de communication. “Dans cette exposition, on découvre des aspects de la personnalité de Puccini qu'on ne connaissait pas, comme son intérêt pour le marketing”, observe-t-il, en précisant que ses œuvres ont connu des débuts difficiles. En effet, la plupart de ses premières furent des échecs retentissants, dénigrés par la critique. Néanmoins, il est devenu très vite une superstar, car “le public a pris le dessus”, ajoute M. Meyer.

Source vivante d’histoire

L’exposition commémore également le centenaire de la disparition de Puccini et met en avant des documents uniques, issus des archives historiques de Ricordi, désormais propriété de Bertelsmann. Pour Pierluigi Ledda, directeur de l’Archivio Storico Ricordi, ces archives ne sont pas de simples reliques, mais une source vivante d’histoire musicale. Parmi les trésors exposés, on découvre les esquisses du duo final inachevé de Turandot et des notes manuscrites d’une complexité captivante, de quoi intriguer les passionnés d’opéra.

Parmi les objets phares de l’exposition, une somptueuse tunique en velours bleu, ornée de broderies dorées, attire l’attention. Il s’agit du costume porté par la légendaire soprano Birgit Nilsson lors d’une représentation de Turandot à la Scala en 1958-1959. Ce symbole de l’opéra illustre la minutie et la démesure des productions de Puccini, dont l’univers captivait les foules.

Art et innovation

Dans une salle obscure, les airs emblématiques de Tosca, La Bohème et Manon Lescaut résonnent, issus des premiers enregistrements de l’époque, offrant une immersion auditive dans le répertoire du maître italien. Des photographies en noir et blanc retracent ses voyages à Buenos Aires et New York, où il popularisait ses œuvres auprès de publics fascinés.

Le cinéma muet complète cette exploration multimédia, évoquant notamment l’adaptation de Madame Butterfly avec Mary Pickford. Pour rendre hommage à l’homme et à l’artiste, l’exposition utilise même l’intelligence artificielle, créant un portrait 3D de Puccini et recréant des décors d’époque.

L’exposition se tient jusqu’au 12 janvier au musée de la Scala, après une première présentation au printemps dans les locaux de Bertelsmann à Berlin. À travers ce parcours immersif, la Scala offre un éclairage inédit sur la manière dont Puccini a su, bien avant l’ère moderne, conjuguer art et innovation pour conquérir un public mondial.

Avec AFP

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