Les autorités iraniennes ont exécuté lundi le dissident iranien naturalisé allemand Jamshid Sharmahd, arrêté puis emprisonné en 2020, a annoncé l'organe de presse du pouvoir judiciaire.
Jamshid Sharmahd, âgé de 69 ans, avait été l'an dernier condamné à mort par un tribunal de Téhéran pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz, dans le sud de l'Iran, qui avait fait 14 morts en avril 2008.
L'Allemagne, qui avait alors jugé cette peine “absolument inacceptable”, avait expulsé en représailles deux diplomates iraniens en poste à Berlin.
L'Iran avait pris une mesure similaire à l'encontre de deux diplomates allemands en poste à Téhéran.
L'Iran ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants.
“Après le processus judiciaire et l'approbation finale de la décision par la Cour suprême, Jamshid Sharmahd a été exécuté ce matin”, a indiqué Mizan, l'organe de presse du pouvoir judiciaire iranien.
L'Iran avait annoncé en août 2020 l'arrestation du dissident qui résidait alors aux États-Unis, lors d'une “opération complexe”, sans préciser ni où ni comment ni quand il a été arrêté.
Selon sa famille, il a été enlevé par les services de sécurité iraniens alors qu'il était en transit à Dubaï (Émirats arabes unis) et ramené de force en Iran.
Né à Téhéran, Jamshid Sharmahd a émigré en Allemagne dans les années 1980 et a vécu à partir de 2003 aux États-Unis. Il s'était notamment illustré par des déclarations hostiles à la République islamique sur des chaînes satellitaires en persan.
Jamshid Sharmahd était également accusé de diriger le groupe Tondar, qualifié d'organisation “terroriste” par l'Iran.
Le groupe Tondar (“Tonnerre”, en persan), également connu sous le nom d'Association monarchiste d'Iran, affirme vouloir renverser la République islamique.
La justice iranienne reprochait également à Jamshid Sharmahd d'avoir établi des contacts avec des “officiers du FBI et de la CIA” et d'avoir “tenté de contacter des agents du Mossad israélien”.
Réactions allemandes
La ministre allemande des Affaires étrangères a condamné lundi le “régime inhumain” de Téhéran après l'exécution de Jamshid Sharmahd.
"Le meurtre de Jamshid Sharmahd montre une fois de plus quel type de régime inhumain règne à Téhéran: un régime qui utilise la mort contre sa jeunesse, sa propre population et les ressortissants étrangers", a déclaré Annalena Baerbock, ajoutant que Berlin avait fait savoir à plusieurs reprises “que l'exécution d'un ressortissant allemand aurait de graves conséquences”.
“Cela souligne le fait que personne n'est en sécurité sous le nouveau gouvernement”, a-t-elle déclaré en référence à l'administration du président Massoud Pezeshkian, qui a pris ses fonctions en juillet.
Mme Baerbock a exprimé sa “profonde sympathie” pour la famille de Jamshid Sharmahd, “avec laquelle nous avons toujours été en contact étroit”.
Elle a déclaré que le gouvernement allemand avait fait des démarches énergiques dans le cas de Sharmahd, l'ambassade d'Allemagne à Téhéran travaillant “sans relâche” en sa faveur et des équipes de haut niveau ayant été envoyées de Berlin à plusieurs reprises.
Mme Baerbock a déclaré à propos du traitement réservé à Jamshid Sharmahd qu'il avait été “enlevé à Dubaï et transféré en Iran, puis détenu pendant des années sans avoir bénéficié d'un procès équitable et maintenant tué”.
Avec AFP
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