Le Parlement israélien a voté lundi à une écrasante majorité en faveur d'un projet de loi interdisant les activités de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) en Israël, malgré les objections des États-Unis et de l'ONU.
Le texte a été approuvé par 92 des 120 membres de la Knesset (10 contre) alors qu'Israël, depuis longtemps très critique à l'égard de l'agence onusienne, a accusé certains employés de l'UNRWA d'avoir participé à l'attaque du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, y compris les États-Unis, avait mis en garde Israël le 10 octobre contre le vote d'une loi qui interdirait l'UNRWA, au lendemain d'un avertissement similaire lancé par le chef des Nations unies Antonio Guterres.
Ce projet de loi, voté en première lecture en juillet, veut interdire “les activités de l'UNRWA sur le territoire israélien”, y compris à Jérusalem-Est, secteur de la ville sainte occupé et annexé par Israël depuis 1967.
En présentant le texte lundi, le député Yuli Edelstein a affirmé qu'il existait “un lien profond entre l'organisation terroriste (Hamas) et l'UNRWA, et Israël ne peut pas l'accepter”.
“Scandaleux”
L'UNRWA a dénoncé lundi le vote “scandaleux” par le Parlement israélien, malgré les objections des États-Unis et de l'ONU.
“Il est scandaleux qu'un pays membre des Nations unies cherche à démanteler une agence de l'ONU qui s'avère être le principal acteur des opérations humanitaires à Gaza”, a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'UNRWA, Juliette Touma.
“Si elle est adoptée et mise en œuvre, c'est un désastre, notamment en raison de l'impact qu'elle aura probablement sur les opérations humanitaires à Gaza et dans plusieurs parties de la Cisjordanie”, a-t-elle dit.
“L'UNRWA est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d'abris, de nourriture et de soins de santé de base”, a ajouté la porte-parole.
Réactions internationales
La Jordanie a condamné mardi la décision du Parlement israélien d'interdire les activités en Israël et à Jérusalem-Est de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dénonçant une tentative d'"assassinat politique" de cette agence.
"L'adoption de ces lois fait partie d'une campagne systématique contre l'agence et constitue une poursuite des efforts acharnés d'Israël pour l'assassiner politiquement, tout en intensifiant sa guerre agressive contre le peuple palestinien", a dénoncé le porte-parole du ministère jordanien des Affaires étrangères. "Ces mesures et pratiques israéliennes sont illégales et invalides", a-t-il ajouté.
L'Autorité palestinienne “rejette et condamne” le vote par le Parlement israélien, a-t-elle annoncé lundi dans un communiqué.
“Nous ne permettrons pas cela”, a affirmé le porte-parole de la présidence de l'Autorité, Nabil Abou Roudeina, estimant que “le vote écrasant par la soi-disant Knesset est une indication de la transformation d'Israël en Etat fasciste.
Les États-Unis, alliés numéro un d’Israël, se sont déclarés lundi “très préoccupés” par le projet de loi.
“Nous avons clairement fait savoir au gouvernement israélien que nous étions profondément préoccupés par cette proposition de loi (..) et nous exhortons le gouvernement israélien à ne pas l'approuver”, a déclaré à la presse le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, réitérant le rôle “crucial” joué par l'agence onusienne dans la distribution de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.
De même, le chef de la diplomatie britannique David Lammy a exprimé lundi son “profond regret” à ce propos.
“C'est un sujet de profond regret que le Parlement israélien envisage de mettre fin aux opérations de l'UNRWA”, a déclaré David Lammy devant le Parlement britannique. “Les allégations contre le personnel de l'UNRWA ont fait l'objet d'une enquête approfondie et ne justifient pas la rupture des liens avec l'UNRWA”, a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre irlandais Simon Harris a quant à lui appelé mardi l'Union européenne à "revoir ses relations commerciales" avec Israël après le vote qu'il a qualifié de "honteux" d'une loi interdisant dans ce pays les activités de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens.
Le dirigeant s'exprimait à l'occasion d'une visite à Dublin du futur président du Conseil européen, le Portugais Antonio Costa, qui doit prendre ses fonctions d'ici la fin de l'année.
"La mesure la plus importante que l'Union européenne pourrait prendre maintenant est de revoir les relations commerciales au niveau de l'UE. Ce qu'Israël et la Knesset ont fait la nuit dernière est méprisable, déshonorant et honteux", a déclaré Simon Harris.
"L'Irlande, l'Espagne, la Belgique, la Slovénie et d'autres demandent davantage d'action au niveau de l'UE, je pense que ce serait très efficace et je continuerai à défendre ce point de vue", a encore déclaré Simon Harris.
"Il n'y a pas d'alternative à l'Unrwa. Ce n'est pas seulement moi qui le dit. C'est le secrétaire général des Nations unies, c'est le président des Etats-Unis par la voix du département d'Etat, l'Unrwa est nécessaire", a-t-il martelé.
Avec AFP
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