L'Allemagne et l'UE dénoncent l'Iran après l'exécution du dissident Sharmahd
Cette photo d'archive prise le 6 février 2022 montre Jamshid Sharmahd (devant à gauche), alors accusé par le gouvernement iranien d'être un chef du "groupe terroriste Tondar" basé aux États-Unis et à l'origine d'un attentat meurtrier en Iran en 2008, alors qu'il assiste à la première audience de son procès à Téhéran, la capitale du pays. ©Koosha MAHSHID FALAHI / MIZAN NEWS AGENCY / AFP

L'Allemagne et l'UE ont annoncé mardi envisager des "mesures" de rétorsion contre Téhéran après l'exécution en Iran du dissident iranien naturalisé allemand Jamshid Sharmahd.

Âgé de 69 ans, il a été exécuté lundi matin, selon l'organe de presse du pouvoir judiciaire iranien, après avoir passé plusieurs années en captivité pour son implication présumée dans un attentat contre une mosquée à Chiraz (sud) en avril 2008.

Cette attaque avait fait 14 morts et quelque 300 blessés.

Sa famille a toujours clamé son innocence et affirmé qu'il avait été arrêté par les autorités iraniennes en août 2020 tandis qu'il transitait par les Émirats arabes unis.

Le chancelier Olaf Scholz a qualifié cette exécution de "scandale" et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell l'a condamnée "avec la plus grande fermeté".

L'Union européenne envisage des "mesures en réponse" contre Téhéran, a ajouté Josep Borrell. Le ministère allemand des Affaires étrangères a dit "se réserver la possibilité de mesures supplémentaires".

Mardi à Bruxelles, une porte-parole de la Commission européenne n'a pas précisé le type de mesures qui pourraient être adoptées, rappelant qu'elles devraient d'abord être "discutées avec tous les Etats membres" de l'UE.

Le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi a dénoncé mardi l'"hypocrisie" de son homologue de l'Union européenne (UE) Josep Borrell, "L'Europe n'est que synonyme d'hypocrisie", a écrit sur le réseau social X, bloqué en Iran, M. Araghchi, accusant l'UE de ne pas avoir empêché "la tuerie de plus de 50.000 Palestiniens à Gaza".

À Berlin, le ministère allemand des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué le chargé d'affaires iranien pour lui adresser sa "vive protestation".

Dans le même temps, l'ambassadeur allemand à Téhéran a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, et "protesté avec la plus grande fermeté contre l'assassinat de Jamshid Sharmahd".

M. Araghchi a dénoncé les critiques de Berlin sur X. "Aucun terroriste ne bénéficie de l'impunité en Iran. Même s'il est soutenu par l'Allemagne (...) Arrêtez de soutenir les tueurs d'enfants", a-t-il dit, s'adressant à son homologue allemande, Annalena Baerbock.

Cette dernière a rappelé en Allemagne son ambassadeur à Téhéran pour "des consultations".

L’Iran a par la suite convoqué l’ambassadeur allemand, "L'ambassadeur d'Allemagne à Téhéran a été convoqué pour protester contre la position interventionniste de certains responsables allemands", a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué, sans préciser la date de cette convocation, alors que Berlin a affirmé avoir rappelé le diplomate pour consultations.

Berlin a fait savoir à plusieurs reprises que "l'exécution d'un ressortissant allemand aurait de graves conséquences".

"Régime inhumain"

Lundi, Mme Baerbock avait condamné le "régime inhumain" iranien après l'exécution du dissident.

"Le meurtre de Jamshid Sharmahd montre une fois de plus quel type de régime inhumain règne à Téhéran : un régime qui utilise la mort contre sa jeunesse, sa propre population et les ressortissants étrangers", a-t-elle déclaré

Berlin a fait savoir à plusieurs reprises que "l'exécution d'un ressortissant allemand aurait de graves conséquences", a souligné la ministre.

"Cela souligne le fait que personne n'est en sécurité sous le nouveau gouvernement", a-t-elle déclaré, faisant référence à celui du président Massoud Pezeshkian, qui a pris ses fonctions en juillet.

Mariam Claren, la fille d'un autre Irano-Allemand détenu en Iran, a écrit sur X que "ce meurtre d'État aurait pu être évité si le gouvernement allemand l'avait vraiment voulu".

Mais selon Anna Baerbock, l'Allemagne a travaillé "sans relâche" pour éviter l'exécution de Jamshid Sharmahd, envoyant notamment des diplomates à plusieurs reprises pour suivre ce ce dossier.

Amnesty a qualifié cette exécution de "cruelle et inhumaine".

Une autre ONG, le Centre européen pour les droits humains et constitutionnels, a jugé "choquante" cette exécution. "C'est une nouvelle illustration de la faiblesse de ce gouvernement, qui n'autorise pas la justice puisque Jamshid Sharmahd n'a pas eu un procès juste et une défense indépendante", a commenté Wolfgang Kaleck, le secrétaire général de l'ONG.

Téhéran a dénoncé les critiques de l'Allemagne après l'exécution en Iran du dissident iranien naturalisé allemand Jamshid Sharmahd, après plus de quatre ans d'emprisonnement.

"Aucun terroriste ne bénéficie de l'impunité en Iran. Même s'il est soutenu par l'Allemagne", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi sur le réseau social X, s'adressant à son homologue allemande Annalena Baerbock.

Né à Téhéran, Jamshid Sharmahd avait émigré en Allemagne dans les années 1980 et vécu à partir de 2003 aux Etats-Unis. Il s'était en particulier illustré par des déclarations hostiles à la République islamique sur des chaînes de télévision satellitaires en persan.

Ces dernières années, l'Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants, a fait exécuter plusieurs binationaux, comme en mai 2023 le dissident irano-suédois Habib Chaab, condamné à mort pour "terrorisme".

L'an dernier toujours, Téhéran avait provoqué une vague d'indignation internationale avec l'exécution de l'Irano-britannique Alireza Akbari, un ancien responsable de la Défense reconnu coupable d'espionnage.

Avec AFP

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