Succession à la tête du Hezbollah: l’immobilisme
©Ici Beyrouth

La nomination de Naïm Qassem au poste de secrétaire général du Hezbollah n’a pas surpris les milieux politiques. Son choix s’imposait logiquement, surtout après l’assassinat de Hachem Safieddine. En tant qu’adjoint du secrétaire général, il était naturel qu’il reprenne le poste à la suite de la disparition de Hassan Nasrallah.

De plus, soucieux de projeter l’image d’un parti toujours solide et fiable, le Hezbollah ne pouvait pas rester sans leader. Ainsi, cette nomination lui permet de renforcer son image de cohésion et de solidité politique et militaire, tant auprès de sa base qu’auprès de l’opinion publique libanaise, arabe et internationale.

D’aucuns voient dans la nomination de cheikh Naïm Qassem un potentiel changement de cap, mais certains observateurs ne partagent pas cet avis. Ils décrivent Qassem comme l’un des plus intransigeants, estimant que dans les rangs du Hezbollah, il n’y a pas de place pour les modérés, mais uniquement pour des faucons dont la fermeté est nuancée.

Ces observateurs rappellent l’importance de revenir sur les prises de position de Naïm Qassem concernant l’État, l’armée, le conflit avec Israël, la création d’une République islamique ainsi que sa vision de la société libanaise.

La plupart de ces positions sont détaillées dans son ouvrage Hezbollah: méthodologie, expérience, avenir, ainsi que dans ses diverses interviews et interventions.


Il en ressort clairement que le Hezbollah ne prévoit pas de changer de stratégie dans un avenir proche, peu importe l’issue du conflit. Au même titre que le Hamas, le Hezbollah considère les pertes humaines et matérielles subies par sa base, le Liban et les Libanais comme des aléas tactiques récupérables. En revanche, il est déterminé à ne subir aucune perte stratégique qui impliquerait une concession politique ou militaire, aussi infime soit-elle.

Partant, les observateurs estiment qu’avec Naïm Qassem à sa tête, le Hezbollah continuera de renforcer la coordination stratégique entre les fronts de Gaza et du Liban, si bien qu’il ne consentira à aucune application effective de la résolution 1701 et refusera tout processus de désarmement ou toute stratégie de défense qui placerait ses armes sous le contrôle de l’État. Il faut savoir que, dans la doctrine du Hezbollah, seule l’autorité de Wilayat al-Faqih (Vicariat du jurisconsulte) prévaut et lui dicte ses actions.

Par ailleurs, le Hezbollah s’opposera également à l’élection d’un président de la République qui défendrait la mise en œuvre des résolutions internationales, de même que la formation de tout gouvernement qui n’inclurait pas, d’une manière ou d’une autre, le triptyque “armée, peuple, résistance”.

Dans ce contexte, des députés de différents partis ayant récemment rencontré des parlementaires du Hezbollah rapportent que ces derniers continuent de traiter les affaires politiques libanaises comme si de rien n’était. La question des déplacés est la seule nouveauté dans leurs préoccupations, non pas pour accélérer un cessez-le-feu et le retour des déplacés dans leurs régions, mais pour assurer leurs besoins dans les centres d’hébergement, estimant que la responsabilité de cette mission incombe principalement à l’État, qui, soit dit en passant, n’a été consulté ni de près ni de loin dans la décision de déclencher cette guerre.

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