“Échos du Cèdre”, un événement à Paris dédié au Liban
“Échos du Cèdre”: concerts, expositions et débats à Boulogne-Billancourt du 14 au 17 novembre. L'événement est orfganisé par Josiane Tamer, présidente du club Zahlé-Liban. ©Ici Beyrouth

Sous le patronage de l’ambassade du Liban en France et avec le soutien de la mairie de Boulogne-Billancourt, le club Zahlé-Liban organise un riche florilège de manifestations culturelles baptisées Échos du Cèdre, culture et espoir en Seine. Les revenus de cette initiative seront reversés aux étudiants libanais en France et aux familles libanaises en situation de précarité. L’événement aura lieu à l’espace Bernard Palissy, Boulogne-Billancourt, du 14 au 17 novembre 2024, de 12h à 20h.

Face à cette guerre atroce qui menace encore une fois l’ancien pays du miel et de l’encens, la diaspora libanaise en France se tourne vers son ancêtre, le cèdre, pour s’inspirer de sa pérennité malgré les tempêtes. Le titre de l’événement organisé par le club Zahlé-Liban en France est à prendre au sens propre: les Échos du cèdre du pays qui saigne sont une injonction à garder l’espoir et à mettre la culture en scène. Le club Zahlé-France présentera, du 14 au 17 novembre, des concerts, des ateliers, des conférences, des expositions de livres et de tableaux “sur Seine” pour rappeler l’enracinement coriace et la prochaine délivrance.

La genèse et la fonction du club Zahlé-France

La présidente du club Zahlé-France, Josiane Tamer, ingénieure en informatique de formation, raconte à Ici Beyrouth la genèse du club social, culturel et humanitaire qu’elle a fondé en 2019. Cette année-là, suite à un grand regroupement de la diaspora organisé par la mairie de Zahlé, l’idée lui vient de fonder un club pour réunir la diaspora zahliote en France. Les cataclysmes successifs des quatre années maudites commençaient à ébranler le Liban. Après la crise financière qui a appauvri la population, le club Zahlé-France s’est engagé à soutenir les étudiants libanais en France, en leur fournissant une aide mensuelle. Pour les familles zahliotes, subitement démunies, le club a veillé à leur assurer du mazout chaque hiver. Puis vint le funeste 4 août, qui détruisit Beyrouth. “Nous nous sommes mobilisés pour organiser une levée de fonds afin de réhabiliter une rue gravement touchée, en l’occurrence Rmeil, en collaboration avec les mairies de Paris. Ainsi, le projet Beyrouth dans le cœur de Zahlé fut mené avec les autres clubs Zahlé disséminés dans le monde.”

L’événement Échos du Cèdre est-il payant ?

“C’est uniquement le concert lyrique du samedi qui est payant. Les portes ouvertes pendant les quatre jours ne le sont pas. Elles ont pour objectif de relever le moral de la diaspora. Parce qu’il faut l’avouer, la diaspora libanaise craint le pire pour les parents, proches et amis, vivant actuellement dans un Liban en feu et en sang. Inquiète, elle demande des nouvelles du petit pays saignant et attend, entend les échos des messages du cèdre libanais. On peut détruire des immeubles, mais personne ne détruira notre patrimoine immatériel, nos talents, notre culture, nos valeurs.”

Comment s’est tissée la relation avec la mairie de Boulogne-Billancourt, qui rappelle l’amitié franco-libanaise?

“Nous avons construit une relation de confiance avec le maire et l’équipe de la mairie grâce au voisinage. Moi-même, j’habite près d’eux, ainsi que plusieurs membres du club. La mairie de Boulogne et ses membres, ces amoureux du Liban, ne nous ont jamais abandonnés. Ils ont été à nos côtés pour assurer les collectes d’aide. Pour le marché de Noël, ce sont eux qui nous aident à obtenir le chalet caritatif. Pour Échos du Cèdre, ils nous offrent gracieusement le merveilleux théâtre pendant quatre jours, avec la mobilisation des agents de la mairie.”

Une programmation très riche et variée

Parmi les temps forts, signalons l’exposition Des femmes et des couleurs, suivie d’une conférence, le jour de l’inauguration, avec les deux peintres contemporaines, Sara Chalabi el-Khalil et Raya Matta, modérée par la commissaire Randa Sadaka. Le débat portera sur l’évolution et l’influence des femmes dans la création artistique libanaise. Sarah Chalabi el-Khalil présentera la perspective de l'artiste pionnière Leila Beydoun Chalabi, sa mère. Elle évoquera ses pratiques et la manière dont la peintre conçoit la diffusion de ses œuvres dans un contexte en constante expansion. Les plateformes émergentes, la place des galeries, des institutions et des initiatives indépendantes dans la promotion de l'art moderne seront autant de points abordés. Raya Matta développera sa perspective d'artiste contemporaine, la diffusion de ses œuvres dans un contexte globalisé et sa réflexion sur la relation entre création et commercialisation.

Une collecte se fera lors de la vente des tableaux pour renflouer la caisse des étudiants expatriés. Parmi les peintres, Alexandra Moghabghab a également réalisé des œuvres pour l’événement. Elle a mis en scène des plantes carnivores, qui poussent dans les profondeurs de la mer et repoussent tout ce qui entrave le chemin pour émerger en surface. “Cela rappelle notre destin de Libanais, attachés à la terre natale, obligés de se battre sans cesse pour émerger de nouveau”, martèle Josiane Tamer.

Le 15 novembre, Zeina Saleh Kayali entretiendra le public de la diversité de la musique libanaise, tantôt orientale, tantôt occidentale, lors d’une conférence intitulée Autour des compositeurs libanais. La soirée se poursuivra avec le récital du compositeur Élie Maalouf et la signature de l'ouvrage de référence Figures musicales du Liban au féminin.

Le 16 novembre, un concert Plaisirs d’amour, désirs de paix est prévu au programme. La première partie de ce concert solidaire mettra en avant le talent de la soprano Joumana Amiouni et du pianiste Félix Ramos, de l’Opéra national de Paris. Le trio musical composé de Ghassan et Philippe Tarabay ainsi que de Paul Marchiset se produira lors de la deuxième partie.

Le dimanche 17 novembre, une conférence intitulée We left home… but what is home, suivie d’un débat (en français) avec l’artiste Sara Badr Schmidt sur l'exil et l’appartenance, est attendue. La séance sera suivie de la projection du film Héritages du réalisateur Philippe Aractingi, avec Diane Aractingi, son épouse, sur les thèmes de l’exil et de la mémoire collective. Cette dernière campe le rôle de la femme libanaise qui veut rester en France, alors que son mari souhaite retourner au Liban. Le débat sera modéré par Natacha Dagher.

Et Josiane Tamer de conclure: “L’événement est une invitation à écouter cet écho: celui d’un arbre qui, malgré la distance, murmure à sa diaspora les secrets de la résilience. Enraciné profondément dans la terre natale, il puise sa force dans ses racines, tout en gardant la tête tournée vers le ciel, grâce à sa foi inébranlable.”

 

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