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Les produits “fabriqués au Liban” (Made in Lebanon) font les frais des actes militaires. L’industrie libanaise est l’un des secteurs productifs ayant subi de lourdes pertes directes et se trouve, sans surprise, en grande difficulté.  

L’industrie libanaise a perdu des parts significatives de son marché intérieur, à l’exception des secteurs pharmaceutique et alimentaire, les Libanais se concentrant désormais sur les biens de première nécessité. Elle a également perdu des débouchés à l’international. Selon Ziad Bekdache, vice-président de l'Association des industriels au Liban (AIL), les commandes à l'exportation se limitent presque uniquement à celles passées avant l'ouverture du front sud par le Hezbollah. Les clients étrangers redoutent un éventuel blocus du pays, un arrêt des lignes de production ou les aléas liés au transport de marchandises en raison des actions militaires.

Transfert des locaux

Il est évident que les industries situées dans les zones visées, notamment dans la banlieue sud de Beyrouth, la Békaa et le Liban-Sud, ont interrompu leurs activités dès le premier jour du conflit. Seules quelques-unes ont réussi à transférer leur production et leur équipement vers des régions plus sûres, un processus qui s'avère complexe et coûteux, et qui reste inaccessible pour de nombreuses entreprises.

Les usines complètement fermées représentent 30% du total du secteur industriel, sachant que la majorité des usines encore en activité se trouvent dans les régions du Mont-Liban et du Metn, qui ne sont pas en zone de conflit. Dans ce contexte, on note qu’environ 400 des 1.100 usines enregistrées auprès de l’Association des industriels de la Békaa sont situées à Baalbeck, une région soumise à des attaques quotidiennes depuis le 23 septembre.

Paiement en cash à la livraison

Cela dit, les usines en activité situées hors des zones visées ne fonctionnent pas à plein régime. Celles qui opéraient 24 heures sur 24 ne travaillent plus que 12 heures et celles qui fonctionnaient 18 heures sont désormais limitées à 8 heures. La principale cause en est le déplacement massif de leur main-d’œuvre vers des zones éloignées de leur lieu de travail initial, rendant l’accès difficile. À cela s’ajoute le départ de nombreux travailleurs qui ont quitté le pays pour s’installer à l’étranger.

Interrogé par Ici Beyrouth, Ziad Bekdache a soulevé une autre difficulté à laquelle certains industriels risquent de faire face: le paiement des salaires de leurs employés dans les mois à venir. À la chute d’environ 90% des ventes industrielles – à l’exception des industries pharmaceutiques et agroalimentaires – s’ajoute un manque de liquidités.

Depuis quelques mois, le paiement en cash à la livraison, en vigueur au Liban depuis le début de la crise multidimensionnelle, a progressivement laissé place à des ventes à crédit, avec des délais de paiement de 15 à 30 jours entre acteurs économiques. Puis la guerre a éclaté et s'est intensifiée, laissant la plupart des usines ayant accordé des crédits dans l'impossibilité de récupérer leurs créances, les clients se trouvant dans des zones de conflit et en arrêt de travail.

Selon le vice-président de l’AIL, la situation actuelle des industriels au Liban diffère de celle de la guerre de juillet 2006, car Israël n’a pas directement ciblé les installations industrielles cette fois-ci. En 2006, des infrastructures industrielles importantes, comme la verrerie Maliban dans la Békaa centrale et l'usine Liban Lait à Baalbeck, avaient été lourdement détruites. Bien que les attaques actuelles n'aient pas causé des destructions similaires des usines, les industries libanaises subissent néanmoins des impacts significatifs, mais de manière différente.

 

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