Opération commando à Batroun: quelles sont les capacités israéliennes?
Un hélicoptère CH-53 Yas'ur de l'armée de l'air israélienne survole la zone frontalière avec le Sud-Liban dans le nord d'Israël, le 22 février 2024. ©Jalaa MAREY / AFP

Tôt dans la matinée du vendredi 1er novembre, une unité des forces spéciales israéliennes a mené une opération à Batroun. Leur cible: un certain Imad Fadel Amhaz, 30 ans, élève à l'Institut des sciences maritimes et technologiques (Marsati). Tandis que les autorités n’ont pas encore fait la lumière sur cet incident, les premières informations disponibles font état d’une opération menée depuis la mer, avec des embarcations rapides.

En seulement une poignée de minutes, une vingtaine de soldats capturent leur cible et se retirent dans la foulée. Selon des informations obtenues par Axios auprès d’un responsable israélien, c’est l’unité Shayetet 13 qui en aurait été le fer de lance.

Shayetet 13

Derrière ce nom se cache l'une des unités les plus renommées parmi les forces spéciales israéliennes. Créé en 1949, ce groupe de commandos navals est spécialisé dans les opérations de contre-terrorisme, le sabotage et la collecte de renseignements. 

Les missions du Shayetet 13 incluent l’infiltration de zones hostiles, la neutralisation de cibles sensibles et la récupération d’otages, souvent en territoire ennemi. Fortement entraînés, ses membres sont capables d’opérer dans divers environnements – mer, terre et air – en maîtrisant les techniques de plongée, de parachutage et de combat rapproché.

Leur filiation à l’arme maritime fait donc d’eux les candidats idéaux pour ce type d’opération. Néanmoins, ces commandos n’auraient pu s’infiltrer aussi loin en territoire libanais de manière indépendante. Ce qui, inévitablement, pose la question suivante: comment la marine israélienne a-t-elle pu procéder?

La Finul pointée du doigt

En effet, les eaux territoriales du pays du Cèdre sont non seulement sous surveillance de sa marine, mais aussi celle de la force opérationnelle maritime de la Finul (UNIFIL Maritime Task Force en anglais). Celle-ci est équipée de moyens lui permettant d’en assurer la surveillance en continu, avec notamment plusieurs navires de moyen tonnage.

Plusieurs médias proches du Hezbollah ont, dans un premier temps, accusé la Finul d’avoir aidé les Israéliens à mener cette opération. Plus précisément, c’est la marine allemande, dont une corvette opère dans les eaux libanaises, qui est pointée du doigt. Une cible d’autant plus facile au vu du soutien qu’apporte Berlin à Israël dans le contexte actuel.

Une information néanmoins rapidement démentie par la Finul. “À aucun moment la Finul n'a été impliquée dans un quelconque enlèvement ou autre violation de la loi libanaise”, a déclaré sa porte-parole adjointe Kandice Ardiel. 

L’option aérienne, gage de rapidité

Dans ce cadre, les commandos israéliens n’ont que peu d’options pour accomplir efficacement leur mission. La méthode la plus rapide consisterait ainsi en une opération impliquant des hélicoptères lourds, capables d’emporter des embarcations semi-rigides.

L’armée israélienne est théoriquement en possession de telles capacités. En effet, celle-ci possède au moins 26 appareils CH-53 Yas'ur (Petrel), fabriqués par la firme américaine Sikorsky Aircraft Corporation, 

Doté de trois moteurs et d'un rotor à sept pales, un seul de ces engins est capable de transporter jusqu'à 16 tonnes de matériel ou 55 soldats, même dans des conditions difficiles. Ses missions vont du transport de troupes et de matériel – comme des embarcations – à l’évacuation médicale, le ravitaillement en vol et le soutien logistique. Autant de caractéristiques qui en feraient le candidat idéal pour une opération telle que celle qui s’est déroulée à Batroun. 

L’option sous-marine, discrétion assurée

L’utilisation d’hélicoptères possède néanmoins un inconvénient, puisque ceux-ci peuvent être repérés par les radars. Afin d’éviter cet écueil, une autre option s’impose: l’utilisation de sous-marins.

La flotte sous-marine israélienne se compose de six sous-marins de la classe Dolphin, fournis par l'Allemagne, et adaptés aux besoins stratégiques d'Israël. En plus de leurs capacités de frappe, ces navires sont équipés pour déployer discrètement des commandos navals en mission de renseignement, de sabotage ou de reconnaissance, en particulier dans des zones hostiles.

Les sous-marins israéliens peuvent notamment être équipés d’un “dry deck shelter”. Ce module, attaché sur le dos du sous-marin, permet à ce dernier d’emporter du matériel dédié aux forces spéciales. Il est tout à fait possible d’y installer des embarcations semi-rigides.

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