Un sondage donne des ailes au camp Harris, un autre réconforte l'équipe Trump : à deux jours du scrutin, jamais l'issue d'un duel présidentiel aux États-Unis n'avait été aussi imprévisible.
Le monde entier attend de savoir si l'Amérique va ouvrir pour la première fois les portes de la Maison-Blanche à une femme, la vice-présidente démocrate Kamala Harris. Ou si elle va y renvoyer l'ancien président républicain Donald Trump, à l'issue d'une campagne mouvementée au possible.
Plus de 76 millions d'Américains ont déjà voté, de manière anticipée ou par correspondance. Mardi, lorsque les bureaux de vote de la première puissance mondiale fermeront, et que le décompte commencera, c'est une période d'attente fébrile qui commencera, marquée par la crainte de contestations violentes, surtout si le résultat est très serré.
Selon le dernier sondage New York Times/Siena, cela en prend le chemin.
L'enquête d'opinion, concentrée sur sept Etats cruciaux, donne certes Kamala Harris en tête dans une majorité d'entre eux (dans le Nevada, en Caroline du Nord, en Géorgie, dans le Wisconsin), et à parfaite égalité avec Donald Trump dans deux autres (Pennsylvanie et Michigan), quand son rival la devance en Arizona.
Mais ce sondage très suivi pointe qu'elle a perdu du terrain dans l'État le plus disputé : la Pennsylvanie, ce vaste territoire du nord-est qui compte 19 grands électeurs sur les 270 minimum que doit atteindre l'un des deux candidats pour l'emporter.
Écart infime
Dans tous les cas, l'écart est infime.
La candidate démocrate, qui fait campagne au centre et qui compte sur la défense du droit à l'avortement pour mobiliser en masse les femmes, fait face à un adversaire au message au contraire toujours plus extrême.
Samedi, une enquête d'opinion locale a fait la joie du camp démocrate, en montrant que Kamala Harris devançait désormais Donald Trump en Iowa, petit État du centre du pays où le milliardaire de 78 ans paraissait assuré d'une confortable victoire.
À l'approche du jour J, les deux rivaux, qui ont dépensé des dizaines de milliers de dollars, essaient d'occuper le terrain et de saturer l'espace médiatique.
Samedi, Kamala Harris a fait une apparition surprise à New York dans l'émission humoristique "Saturday Night Live", se prêtant à un exercice d'auto-dérision avec la comédienne Maya Rudolph.
La vice-présidente, ancienne procureure de Californie née il y a 60 ans d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, est entrée soudainement en campagne en juillet après le retrait fracassant de Joe Biden, 81 ans.
"Fasciste", "bête"
Dimanche, elle retourne dans le Michigan, État pivot industriel au bord des Grands lacs, où il lui faut convaincre un électorat de cols-bleus.
Elle devrait encore appeler à "tourner la page d'une décennie avec Donald Trump", milliardaire new-yorkais de l'immobilier, élu président à la surprise générale en 2016, et qui a bouleversé la démocratie américaine ainsi que les relations internationales.
Kamala Harris le dépeint en "fasciste" à l'esprit "vengeur".
L'infatigable tribun populiste, sur lequel les condamnations judiciaires et inculpations semblent glisser, sorti indemne de deux tentatives d'assassinat, est lui passé aux insultes ouvertes : il parle de "Kamala, au faible QI" et la dit "bête comme ses pieds".
Il se présente en homme providentiel pour des États-Unis menacés d'une "Dépression du genre de 1929" et "envahis" par des millions d'immigrés clandestins "meurtriers".
Le mode de scrutin aux États-Unis, pays fédéral, est complexe. La présidence est adjugée au suffrage universel indirect : les Américains votent pour un collège de 538 grands électeurs, répartis entre les 50 États, sans que le total des voix à l'échelle nationale ne soit décisif.
Une grande majorité de ces États sont déjà considérés comme acquis soit à Kamala Harris, soit à Donald Trump. Voilà pourquoi les efforts des candidats et le suspense se concentrent sur les sept "swing states".
Donald Trump, qui retourne dimanche en Pennsylvanie, en Caroline du Nord et en Géorgie, multiplie déjà les allégations de "triches".
En Virginie, Brandon Dent, un chauffeur-livreur de 22 ans, pense que son champion "va l'emporter haut la main" mais craint que des "fraudes" n'inversent le résultat.
L'ancien président n'a jamais reconnu sa défaite de novembre 2020. Il est poursuivi au pénal pour son rôle dans l'assaut de ses partisans contre le Capitole, siège du Congrès à Washington, le 6 janvier 2021.
Avec AFP
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